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Turquie: le parti kurde  pourrait voter contre une intervention en Syrie

Les réfugiés kurdes dans le Sud de la Turquie préféreraient mener eux-mêmes le combat contre Daesh, et se méfient de l'armée.

Les réfugiés kurdes dans le Sud de la Turquie préféreraient mener eux-mêmes le combat contre Daesh, et se méfient de l'armée. - Bulent Kilic - AFP

Le parlement turc vote, ce jeudi, pour savoir si l'armée va intervenir contre Daesh en Syrie. Mais les parlementaires de l'opposition kurde pourraient s'opposer à la proposition.

Les Kurdes réfugiés en Turquie peuvent voir à l'œil nu leurs proches, restés en Syrie, combattre les jihadistes du groupe Etat Islamique (Daesh). Dans la ville frontalière de Kobané, notamment, les forces kurdes soutenues par la coalition semblent perdre du terrain.

Pourtant, les Kurdes ne voient pas forcément d'un bon œil le soutien annoncé par la Turquie. Alors que le parlement turc va voter ce jeudi pour décider de rejoindre ou non la coalition, les parlementaires kurdes, qui sont tous dans l'opposition, pourraient même voter contre.

La position ambiguë de la Turquie

Les forces de la coalition demandent depuis longtemps au président turc, Tayep Erdogan, de clarifier sa position vis-à-vis de Daesh. La Turquie a longtemps refusé d'intervenir en Syrie, pour ne pas mettre en danger la vie de 46 de ses ressortissants retenus en otage par le groupe jihadiste.

En revanche, l'armée turque empêche les militants kurdes de rejoindre la Syrie pour soutenir les kurdes syriens. Des représentants kurdes ont accusé l'Etat turc de les immobiliser, alors qu'ils laissaient passer des jihadistes européens, venus soutenir Daesh.

La lutte contre le "terrorisme" pourrait viser les Kurdes

Le PKK, le principal parti kurde en Turquie, est toujours considéré comme une organisation terroriste. Or, la proposition du président Erdogan est d'établir une zone tampon de 20 kilomètres en Syrie, pour lutter contre le "terrorisme"… Sans préciser s'il s'agit uniquement de Daesh ou si les militants kurdes pourraient être concernés.

Les responsables kurdes préféreraient donc de loin que les militaires turcs commencent par ouvrir leurs frontières, et laissent les forces armées du PKK rejoindre les Peshmergas qui combattent dans le Nord de la Syrie. Le chef historique du PKK en a même fait une condition à la paix en Turquie, ce jeudi: "Si la tentative de massacre [de Daesh à Kobané] réussit, elle aura pour conséquence de mettre un terme au processus" de paix, a menacé Abdullah Öcalan.

Joseph Sotinel avec AFP