D'un côté, une faible demande mondiale, en partie liée à la crise; de l'autre, une production toujours soutenue... Le prix du pétrole est au plus bas depuis trois mois et les automobilistes peuvent aujourd'hui le ressentir à la pompe. Une situation qui pourrait durer quelques années. Retrouvez notre sélection des stations-services les moins chères en Bretagne.
La carte présente les stations services les moins chères de chaque département en fonction du carburant utilisé (Gazole, SP95 ou SP98). Pour chaque département, les dix pompes les moins coûteuses ont été sélectionnées pour chaque carburant, selon les données de prix-carburants.gouv. Le Gazole est représenté en jaune, le SP95 en vert et le SP98 en rouge.
Jean-Luc Wingert est ingénieur conseil, spécialisé dans les domaines de l'énergie et du développement durable, auteur de « La vie après le pétrole ». Il nous détaille le contexte aboutissant à un prix du pétrole au plus bas depuis quelques semaines.
Comment expliquez-vous cette baisse du prix du baril ?
L'explication principale tient à la conjoncture, particulière. L'Europe, notamment, vit une dépression économique majeure. Dans ce contexte, la demande de pétrole est plutôt faible alors que dans le même temps, l'offre est plutôt abondante. À cela s'ajoute le fait que les États-Unis n'ont jamais produit autant de pétrole de schiste.
Cette baisse sera-t-elle durable ?
C'est difficile à dire d'autant que l'on n'a pas de recul sur le pétrole de schiste. Compliqué de faire des prévisions, la période est incertaine. Ce que l'on peut dire, c'est que l'on a du mal à imaginer une reprise économique forte à court terme qui boosterait la demande de manière très significative. Donc, même si je pense que cette baisse du prix de pétrole n'est que temporaire, elle pourrait quand même durer quelques années.
Quels sont les intérêts des pays de l'Opep ? Une trop forte baisse peut-elle les amener à réagir ?
C'est vrai que cette baisse commence à gêner un certain nombre d'acteurs. Des pays pétroliers commencent à dire qu'un baril à 80 dollars, ça devient problématique. Les grandes compagnies ont par ailleurs un grand nombre de projets très chers. Pour elles, un prix trop bas, ce n'est pas bon.
Mais cela pourrait-il suffire à faire remonter les prix ?
Non, d'autant que les compagnies n'ont pas beaucoup de moyens de pression. Pour les pays producteurs, c'est également compliqué parce que ces pays ont intérêt à ce qu'il n'y ait pas trop de vagues sur les prix. Ils ont conscience que l'économie mondiale est fragile. Augmenter les prix brutalement en réduisant la production ne pourrait qu'aggraver le mal. Les pays de l'Opep sont par ailleurs très divisés. L'Arabie Saoudite n'est pas encore pour une réduction de la production.
À long terme, comment voyez-vous évoluer les choses ?
Notre vision de l'avenir est biaisée parce que c'est toujours une projection du court terme. À vrai dire, le tableau général n'a pas véritablement changé même si la crise de 2008 s'est traduite par une inflexion de la demande et donc de la production. La baisse de la production reste inéluctable, il y a simplement un décalage dans le temps par rapport à ce que l'on prévoyait il y a quelques années. On est toujours dans cette perspective de pic de production.
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