Bresse Le bocage : la chasse au… petit bois

Le réseau Bocages de Bourgogne a organisé à Saint-Usuge une journée intitulée : « Le bocage bressan, un patrimoine qui a de l’avenir… ». Touchons du bois.
Le Journal de Saône et Loire - 26 oct. 2014 à 04:00 | mis à jour le 29 oct. 2014 à 19:15 - Temps de lecture :
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En Bresse, le lamier à scie est préconisé pour entretenir les haies conduites en haies hautes.  Photo Thierry Peyrton
En Bresse, le lamier à scie est préconisé pour entretenir les haies conduites en haies hautes. Photo Thierry Peyrton

Ça chauffe dans le bocage ». Tel pourrait être synthétisée la journée consacrée au bocage bressan organisée à Saint-Usuge où les agricultures se sont engagés dans une démarche de valorisation des haies, une démarche où les chasseurs ont été associés, démontrant ainsi » qu’ils sont très impliqués dans l’aménagement des territoires agricoles. » « Le bocage est une problématique traitée par la Fédération départementale des chasseurs (FDC 71) depuis plusieurs décennies maintenant. Les études mises en œuvre pour mieux connaître les haies, les espèces qui les fréquentent, les techniques d’entretien favorables et dernièrement la valorisation du bois montrent l’intérêt des chasseurs pour préserver ce patrimoine », explique-t-on à la Fédération qui a été un des partenaires de la journée de Saint-Usuge. « Le bocage fournit des biens pour le bon fonctionnement des équilibres naturels et économiques. Ces biens vont de l’épuration et de la régulation du débit des eaux, au réservoir d’espèces de faune et de flore, aux corridors écologiques en passant par le développement de l’activité touristique et de filières agricoles de qualité comme l’AOC Bœuf de Charolles ou celle de la volaille de Bresse. La plantation, l’entretien et la restauration des haies figurent dans le viseur des chasseurs. « Depuis dix ans, les Fédérations des chasseurs bourguignonnes travaillent en appui du plan bocage du conseil régional. Plus de 350 km de haies ont ainsi été plantés en Bourgogne. Une part importante des dossiers de plantations de haies soumis au conseil régional l’est par les quatre Fédérations départementales accompagnant ainsi techniquement les sociétés de chasse mais également de nombreuses collectivités, des particuliers ou des exploitants agricoles. Le bocage a été traité sous la forme d’une étude qui a déterminé la ressource en bois disponible, fourni les données technico-économiques aux exploitants pour valoriser au mieux leur bocage tout en prenant en compte l’environnement et en particulier la biodiversité. La synthèse de l’étude est disponible sur le site de la FDC 71) », indique Thierry Peyrton, chargé de mission à la Fédération des chasseurs, agriculture, aménagement du territoire, environnement. La Fédération a contribué aux plantations réalisées en Saône-et-Loire en coordonnant différents projets avec des associations, des collectivités, des exploitants et des particuliers pour la plantation de plus de 6 400 m linéaires de haies. « La haie, située à l’interface de plusieurs milieux, est un lieu d’échange, de passage et de refuge privilégié pour la faune. Les haies sont connectives entre elles, ce qui permet aux espèces de circuler. L’enjeu est de replacer la haie au cœur de l’espace agricole, comme un aménagement multifonctionnel riche en bénéfices. »

Une sentinelle


 La réhabilitation des milieux est l’une des actions menée avec différents partenaires du monde rural, par la Fédération départementale des chasseurs. « Notre action vise à intégrer la prise en compte de la biodiversité dans les pratiques professionnelles agricoles ou sylvicoles par exemple. Oui à la modernité mais en respectant l’environnement »,  relève Thierry Peyrton. « Le rôle éducatif de ces territoires est l’occasion de montrer la participation des chasseurs à la sauvegarde des milieux.  L’action menée sur ces territoires confirme le rôle de « sentinelle » du chasseur dans le maintien des habitats de la faune sauvage. »

Les haies et talus

 Les haies et talus des bocages forment un enclos, dans lequel les cultures peuvent prospérer. Ces talus typiques de la Bresse (douves en patois bressan) sont le fait de l’homme qui a relevée la terre au cours des deux à trois siècles dernier afin de faciliter l’écoulement de l’eau toujours présente dans cette région. Composés de terre, de matière organique sont le fait de l’homme, plus rarement de la nature, les talus sont souvent couverts d’arbustes et d’arbres. Les haies, se composent de pruneliers, d’aubépine pour les épineux mais aussi d’arbres tels que le frêne, le charme, le saule, l’aulne ou le chêne. La notion de bocage comprend aussi les prairies et cultures fourragères ou céréalières entourées de linéaires arborés, de talus et de fossés. Ce sont dans les bocages que les chaines alimentaires les plus sophistiquées se sont élaborées. Cet espace permet à la faune sauvage de se reproduire, se nourrir et se protéger. Les oiseaux (buses, éperviers, hiboux, pigeons) et les mammifères (hérissons, taupes, musaraignes, lièvres, lapins), comme les reptiles, apprécient les haies et les talus. Les amphibiens apprécient les fossés associés aux haies et se reproduisent dans les mares souvent encore bien présentes dans les bocages.<

Des plaquettes bocagères

La Saône-et-Loire possède une ressource en petit bois issu surtout de l’exploitation des haies. Une étude a été réalisée en Bresse sur la valorisation du bois produit par les haies. Les premiers résultats montrent qu’il existe un fort potentiel de bois exploitable dans les haies sur encore de nombreuses exploitations agricoles. </p><p>La transformation du bois en copeaux permet de développer différents débouchés : l’alimentation des chaudières bois, le paillage pour les jeunes plantations, le déchiquetage qui transforme le bois en plaquettes bocagères pour alimenter les chaudières permettent de valoriser le petit bois issu de l’entretien des haies. 35 à 40 m3  par an de plaquettes suffisent pour produire le chauffage et l’eau chaude d’une maison d’habitation. Pour être utilisées comme combustible, les plaquettes doivent être séchées au minimum de 4 à 6 mois.  En Bresse, 100 m de haies hautes suffisent pour produire entre 30 à 40 m<sup>3</sup> de plaquettes bocagères. 1 m<sup>3</sup> de plaquette apporte autant d’énergie qu’environ 80 l de fioul. 

Le lamier à scies, un outil, pas une solution

L’entretien des haies est trop souvent défini ou compris comme la simple taille latérale. Or la pérennité des bocages passe par un véritable entretien. « Aussi, nécessite-t-il, selon Thierry Peyrton, une exploitation du bois, des tailles de formations et des remplacements d’arbres morts. Aussi nécessite-t-il tailles et exploitations du bois régulières dans le temps où alors la haie se transforme en un alignement d’arbres nettement moins favorable à la biodiversité et aussi moins productif en bois. Le lamier est couramment utilisé dans le cas de chantiers de «recalibrage» de haies, lorsque les branches d’une haie non exploitée depuis 15 ans gagnent 2 à 4 mètres sur un champ. Cet outil peut scier des branches de 10 cm de diamètre. 

Pour entretenir les haies en Bresse

L’utilisation exclusive du lamier sur les haies va totalement transformer la structure de celles-ci. Il va compromettre fortement toute forme de valorisation du bois.En Bresse, le lamier à scie est préconisé pour entretenir les haies conduites en haies hautes avec un passage tous les 4 à 8 ans suivant leur exposition et l’occupation des parcelles en élevage ou en culture. L’épareuse de haie ou broyeur sera utilisé pour un entretien annuel mais son action déchiquette les branches et est très défavorable à la croissance des végétaux. Cet outil sera donc réservé aux haies entretenues en haies basses ou pour un entretien léger et intermédiaire des haies hautes. Sur le site de la Fédération des chasseurs figure la plaquette destinée aux collectivités. La plaquettei traite de ces différents outils.

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