A partir de données inédites sur plus de 67 000 noms d'écoles, de collèges et de lycées, Le Monde analyse le « palmarès » des noms d'établissements scolaires. Une autre façon de raconter l'histoire de France depuis 200 ans.
Si la marque laissée dans l'histoire se lisait sur les frontons des écoles, Jules Ferry serait la vedette des manuels des écoliers, devant le général de Gaulle et Napoléon. L'inventeur de l'instruction primaire obligatoire, président du Conseil à deux reprises entre 1880 et 1885, est de loin le dirigeant français le plus célébré, et ce, devant tous les autres chefs d'Etat et de gouvernement.
Signe que l'hommage républicain n'attend pas le nombre des années (au pouvoir), Pierre Mendès France se classe en deuxième position, avec 83 établissements à son nom, alors qu'il ne dirigea le gouvernement que sept mois et 18 jours, sous la chaotique IVe République.
à peine sept rois
Bien que logique, la surreprésentation de la IIIe République par rapport aux autres régimes de l'histoire de France est remarquable, avec 29 personnalités personnalités honorées dans 1 108 établissements, parmi lesquelles Léon Gambetta (nom de 77 établissements scolaires), l'un des artisans de l'enracinement de la République après la Commune, ou Edouard Herriot (75 établissements), figure du Cartel des gauches dans les années 1920.
A l'inverse, l'école française se montre timide avec son histoire prérépublicaine, puisque qu'elle ne rend hommage qu'à sept de ses rois, au premier rang desquels Charlemagne (28 établissements), auquel on attribue – en partie à tort – l'invention de l'école primaire. La période révolutionnaire est également sous-représentée, avec 37 établissements Robespierre, 21 Lakanal et 12 Danton.
Elle est un peu plus généreuse avec les présidents de la Ve République, qui comptent parmi les personnalités politiques les plus honorées : 52 établissements pour le général de Gaulle, 39 pour François Mitterrand et 35 pour Georges Pompidou. Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, toujours vivants, n'ont pas encore reçu cet honneur.
Dotés de moins de pouvoir, les présidents des régimes précédents sont beaucoup moins célébrés : 10 établissements pour Adolphe Thiers (IIe République), 12 pour Raymond Poincaré (IIIe) ou encore 13 pour René Coty (IVe), dont la femme Germaine, première dame très populaire morte pendant le mandat de son mari, dispose de plus d'établissements à son nom (16) que lui.
Seuls trois présidents français ont été oubliés : Louis-Napoléon Bonaparte (président de la IIe République de 1848 à 1852), Paul Deschanel (au pouvoir sept mois avant sa mort, en 1920) et son successeur Alexandre Millerand (1920-1924).
Notre carte interactive des noms d'établissements
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