Proche-Orient : Paris à la manoeuvre

Le chef de la diplomatie Laurent Fabius souhaite rapidement organiser une conférence à Paris pour renouer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens.

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Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius souhaite organiser une conférence sur la Palestine à Paris pour relancer le processus de paix. © VILLARD/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Laurent Fabius a l'intention de prendre le taureau par les cornes. Il devrait annoncer, dans les tout prochains jours, sa volonté d'organiser à Paris une conférence sur la Palestine. Objectif : tenter de relancer un dialogue gelé entre les Palestiniens et les Israéliens depuis le printemps dernier et l'échec des dernières négociations sous l'égide des États-Unis.

La diplomatie française estime qu'il y a urgence, en particulier depuis la montée de la violence, ces dernières semaines, à Jérusalem. Au fil des jours, sous la double menace des juifs ultraorthodoxes et des activistes palestiniens, le conflit nationaliste qui oppose Palestiniens et Israéliens qui se battent pour une même terre tourne au conflit confessionnel. Judaïsme contre islam. Rien de tel pour attiser encore plus les antagonismes, si c'était encore possible.

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L'invitation de Laurent Fabius va être lancée aux Palestiniens et aux Israéliens, au "club des cinq" - les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, en plus de la France) - et aux pays arabes de la région. La Jordanie (gardienne des lieux saints de Jérusalem), l'Égypte et l'Arabie saoudite sont intéressées au premier chef par la question palestinienne.

Personne n'oublie la proposition saoudienne de 2002 lors du Sommet arabe de Beyrouth. Le roi Fahd tendait alors la main aux Israéliens et leur proposait de reconnaître un État palestinien indépendant en contrepartie de la reconnaissance d'Israël par l'ensemble des pays arabes. Tel-Aviv avait décliné la proposition saoudienne.

Politique suicidaire

Douze ans après, la situation a empiré. L'État hébreu est isolé, enfermé dans sa tour d'ivoire, alors qu'une partie du Moyen-Orient est en guerre (Irak, Syrie, Yémen), que le Liban est menacé par la guerre civile syrienne, l'Arabie saoudite plus fragile que jamais, et l'Égypte, l'objet d'une guérilla djihadiste au Sinaï, tandis que le pouvoir militaire écrase par la violence toute opposition islamiste et démocratique laïque.

Débloquer la situation en Palestine devient urgent. Ce serait un pas dans la bonne direction, sans parler d'apporter un peu de justice dans les relations internationales en permettant aux Palestiniens d'avoir leur État.

L'Union européenne mais aussi une partie des responsables américains, dont Barack Obama, supportent de plus en plus mal l'intransigeance israélienne. À Jérusalem, l'actuel gouvernement de droite et d'extrême droite ne s'embarrasse plus de tournures diplomatiques pour refuser la création d'un État palestinien.

Cette politique, suicidaire pour l'État hébreu, est aujourd'hui dénoncée par certains responsables israéliens. Ancien ambassadeur à Paris, Eli Barnavi, qui a retrouvé sa liberté de parole, affiche aujourd'hui son soutien public à la création d'une Palestine indépendante. C'est la seule issue pour la survie du sionisme, écrivait récemment Shabtaï Shavit, un ancien patron du Mossad, dans une tribune publiée dans la presse israélienne.

Débat houleux

Au sein des sociétés civiles européenne et américaine, la fermeté israélienne est de moins en moins bien acceptée. Cent trente-cinq pays ont reconnu l'État palestinien. L'idée gagne du terrain en Europe. La Suède a sauté le pas le 30 octobre dernier. Six autres ex-pays de l'Est l'avaient fait en 1988 à la suite de l'URSS.

Le 14 octobre dernier, le Parlement britannique a voté en faveur de la reconnaissance de l'État palestinien. L'Assemblée nationale française devrait se prononcer sur la question le 2 décembre. Le débat risque d'être houleux tant cette question est devenue idéologique. Il semble que les partisans de la reconnaissance d'une Palestine indépendante auront la majorité à l'Assemblée, mais probablement pas au Sénat, plus conservateur.

Concrètement, pas plus à Paris qu'à Londres, un vote du Parlement n'a de valeur obligatoire pour les gouvernements. Mais il a une forte valeur symbolique pour les Palestiniens. Quant à François Hollande, le plus pro-israélien des présidents français depuis un demi-siècle, il ne semble pas encore avoir fait son choix.

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Commentaires (42)

  • agri

    Sur le site ultra sioniste JSS NEWS, un commentateur vient d'appuyer la thèse de Schlomo Sand en affirmant que les juifs séfarades d'Afrique du Nord sont descendants, non pas de la diaspora juive, mais de berbères convertis au judaïsme, du temps de l'empire romain
    Il soutient qu'aux 1ers siècles de notre ère, il y avait une forte rivalité entre le judaïsme et le christianisme pour convertir les berbères.

    Si les sionistes d'extrème droite, qui contrôlent le site JSS news n'ont pas censuré ce commentaire, c'est qu'il doit être incontestable.

  • mainon

    Shlomo Sand n'a justement rien a voir avec la littérature juive mais avec la littérature altermondialiste ! Son livre de fictions a été la risée des historiens justement spécialistes de la région ! Lui est spécialiste de l'histoire contemporaine de la France et l'histoire de ce peuple juif, qu'il a tenté de falsifier, est justement connue et reconnue et relatée a travers les siècles ! A contrario, l'histoire n'a jamais fait mention d'un peuple inventé palestinien en 67, ni d'une quelconque Cisjordanie, mot recemment inventé pour remplacer celui de la Judée Samarie, territoire juif bien connu des historiens, comme l'histoire de Jerusalem bien connue aussi pour être la capitale d'Israel ; !

  • agri

    Une fois de plus, on ne peut que conseiller à mainon, de lire la littérature juive.
    Je vous conseille :
    Comment le peuple juif fut inventé, de Schlomo Sand
    History of Modern Palestine : One Land, Two Peoples, de Ilan Pappé.

    après vous pourrez revenir nous parler du proche orient, au lieu de nous abreuver de votre désinformation

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