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Paris accélère le rythme de ses frappes en Irak

Lors du raid mené dans la nuit de jeudi à vendredi, deux chasseurs Rafale ont été engagés aux côtés d'avions de combat américains, néerlandais et danois. HO/AFP

Pour le chef d'état-major des armées, davantage d'avions pourraient être engagés «si nécessaire».

«La machine de la coalition est en route», a déclaré vendredi le chef d'état-major des armées (Cema), le général Pierre de Villiers, pour répondre aux interrogations sur le rythme et les résultats de la guerre menée en Irak contre Daech, l'«État islamique». Interviewé sur Europe 1, le patron des armées s'est voulu concret. Il a d'emblée annoncé que les avions français avaient participé, la nuit précédente, à un raid de masse, détruisant douze bâtiments «dans lesquels Daech produisait des pièges, des bombes et des armes pour attaquer les forces irakiennes».

Menée à l'ouest de Kirkouk, dans le nord du pays, cette septième frappe française depuis le 19 septembre était aussi la première à s'inscrire dans une opération aérienne combinée: deux chasseurs Rafale ont été engagés aux côtés d'avions de combat américains, néerlandais et danois, soit 15 appareils au total. D'autres avions ont également mené un bombardement dans les environs de Bagdad. Lors d'un raid auquel les avions français ont participé, «de l'ordre de soixante-dix bombes ont été larguées», a indiqué le général de Villiers. Les avions français ont, pour la première fois en Irak, tiré des bombes AASM guidées au laser qui, grâce à leur centrale inertielle, se dirigent automatiquement vers leur cible.

Une probable action au sol

«Nous avons tiré 12 bombes et nous avons fait but», à chaque fois, a précisé le Cema. «Je crois pouvoir dire qu'on leur a fait mal, cette nuit, a-t-il ajouté, jugeant l'opération «réussie». Pour accompagner cette «machine de la coalition» qui monte en puissance, «nous avons les moyens d'en faire davantage», a dit Pierre de Villiers. Neuf avions Rafale sont présents sur la base d'al-Dhafra, près d'Abu Dhabi. «Nous pouvons en mettre plus si nécessaire», a-t-il annoncé. Depuis Bruxelles, où se tenait un sommet européen, François Hollande a annoncé vendredi que «le rythme de nos opérations va s'accélérer». «Nous avons fait tous les repérages. (…) Nous pouvons agir pour frapper durement les djihadistes», a ajouté le chef de l'État.

Interrogé sur l'envoi de troupes au sol, Pierre de Villiers a écarté cette éventualité dans son interview à Europe 1, rappelant que ce rôle sera dévolu aux «forces locales», qui devront donc être formées et «monter en puissance». «C'est la question», a souligné le général, exprimant une préoccupation pour les mois à venir. Des forces spéciales supplémentaires seront-elles nécessaires? «Il faudra de toute façon une action au sol pour accompagner les bombardements et regagner le terrain progressivement», a-t-il relevé.

« Nous avons tiré 12 bombes et nous avons fait but (à chaque fois). Je crois pouvoir dire qu'on leur a fait mal, cette nuit »

Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées

«C'est un conflit qui va être probablement long», a estimé le Cema. Il a aussi rappelé un des soucis majeurs du commandement militaire: la gestion concomitante du «temps long de la montée en puissance de la formation des forces locales et (du) temps court de nos sociétés, qui exigent des résultats rapides». Le cap est tracé: «Nous continuerons à bombarder Daech: c'est la meilleure solution pour (l')éradiquer.» Et le chef opérationnel des armées françaises de se déclarer optimiste: «Nous gagnerons», a-t-il assuré. D'ailleurs, «la coalition finira par attraper al-Baghdadi (le «calife» de Daech, NDLR) ; j'en suis persuadé, nous l'aurons», a même ajouté le général de Villiers. Paris écarte pour l'instant l'idée de frappes aériennes en Syrie, où agissent notamment les États-Unis contre l'État islamique. La France serait-elle à la remorque des Américains? «Ça ne se passe pas comme cela», réagit le général. «Une coalition, enchaîne-t-il, c'est un chef et ensuite des gens dans l'équipe! Nous sommes dans l'équipe en Irak, nous sommes les chefs dans la bande sahélo-saharienne. Les Américains y sont de remarquables équipiers.»

Pour vanter les résultats obtenus en Afrique contre le terrorisme, le Cema a évoqué l'attaque d'In-Amenas, dans le Sud algérien (37 otages tués), en janvier 2013. «Sur les huit chefs, nous en avons neutralisé sept. Nous aurons le dernier. Si on ne va pas les détruire sur place, un jour ils viendront nuire chez nous», a dit le général de Villiers en rappelant une nouvelle fois la nécessité de préserver totalement le budget de la Défense: «Sinon, je ne pourrai pas remplir ma mission: veiller à la sécurité des Français.»

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23 commentaires
  • Edmond

    le

    Whaw!
    Et l'aviation syrienne a procédé pendant les dernieres 36 heures à quelque 200 frappes alors que d'habitude il ne mènent que 10-20 raids... La France devrait peut-être prendre exemple sur les Syriens...

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