États-Unis - Mort de Michael Brown : la ville de Ferguson assise sur un baril de poudre

La ville américaine de Ferguson a connu mardi soir une deuxième nuit agitée en réaction à la non-inculpation du policier ayant abattu Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans désarmé.

Source AFP

Moins nombreux que la veille, une centaine de manifestants bruyants se sont rassemblés en début de soirée près du commissariat de police de Ferguson, faisant face à environ 50 policiers antiémeute.
Moins nombreux que la veille, une centaine de manifestants bruyants se sont rassemblés en début de soirée près du commissariat de police de Ferguson, faisant face à environ 50 policiers antiémeute. © AFP

Temps de lecture : 4 min

La petite ville américaine de Ferguson a connu mardi soir une deuxième nuit agitée en réaction à la non-inculpation du policier ayant abattu un jeune Noir, tandis que des manifestations spontanées de protestation ont éclaté à travers les États-Unis. "Je suis ici dehors pour soutenir Michael Brown et sa famille et pour voir la justice être rendue !" a lancé Michael Jackson, 48 ans, un habitant des environs de Ferguson où le jeune Noir de 18 ans, désarmé, a été abattu par un policier blanc, Darren Wilson, le 9 août dans cette petite ville du Missouri (Centre). Letisha Brooks, 17 ans, dont le lycée était fermé mardi en raison des émeutes de la veille, a quant à elle souligné être dans la rue "pour voir Darren Wilson pourrir en prison".

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Moins nombreux que la veille, une centaine de manifestants bruyants s'étaient rassemblés en début de soirée près du commissariat de police de Ferguson. Ils faisaient face à environ 50 policiers antiémeute, renforcés à l'intérieur du périmètre de sécurité du poste de police par des gardes nationaux équipés de matraques et de boucliers. Aucune violence n'était apparemment à déplorer en dépit de la présence de quelques agitateurs masqués en marge de la foule. Les magasins qui avaient été pillés et incendiés lundi étaient mardi soir clairement barricadés et les rues nettoyées des débris. Le président américain Barack Obama a condamné les violences à Ferguson, qui était quadrillée mardi soir par trois fois plus de militaires que la veille.

"Des actes criminels" (B. Obama)

"Brûler des bâtiments, mettre le feu à des voitures, détruire des biens, mettre des gens en danger : il n'y a aucune excuse pour cela, ce sont des actes criminels", a déclaré Barack Obama lors d'un discours à Chicago (Illinois, Nord). "Il existe des moyens constructifs d'exprimer ses frustrations", a poursuivi le président, reconnaissant qu'il existait, au sein de nombreuses communautés, le sentiment tenace que "les lois ne sont pas toujours appliquées de la même manière et de façon équitable". Après trois mois de délibérations, un grand jury a conclu que le policier Darren Wilson avait agi en état de légitime défense en tirant douze coups en direction de Michael Brown, qui l'avait d'abord frappé au visage avant de prendre la fuite.

L'avocat de la victime a déploré que "dans toute l'Amérique, à New York, à Los Angeles, en Californie, à Cleveland, les jeunes garçons de couleur sont tués par les policiers". À Cleveland (Ohio, Nord), des manifestants ont défilé mardi soir pour protester contre la mort d'un garçon noir de 12 ans, tué le week-end dernier par un policier alors qu'il manipulait une arme factice. À New York, plusieurs manifestants réclamant justice pour Michael Brown ont été interpellés mardi soir, a indiqué la police sans donner de chiffre exact. Deux personnes avaient déjà été arrêtées lundi soir. Un groupe de manifestants s'était donné notamment rendez-vous à Union Square avant de commencer à marcher dans les rues en changeant sans cesse de direction pour échapper au contrôle de la police. "La prison pour les policiers meurtriers !", "Nous demandons justice pour Ferguson", pouvait-on lire sur leurs pancartes. Des centaines de manifestants sont également descendus dans les rues de Los Angeles, Boston et Philadelphie ainsi qu'à Nashville dans le sud du pays.

S'exprimant pour la première fois depuis le drame, Darren Wilson a assuré sur la chaîne ABC mardi avoir "bonne conscience" et qu'il aurait agi de la même manière avec un jeune Blanc. Il a expliqué avoir eu peur d'être tué par Michael Brown, croyant que le jeune était en train de lui dérober son arme pour lui tirer dessus : "Il a foncé sur moi, il allait me tuer." La décision annoncée lundi de ne pas poursuivre le policier a enflammé les rues de Ferguson, où de nombreux commerces ont été pillés et incendiés dans la nuit.

Protection

Mais mardi soir, dans cette petite banlieue de Saint-Louis qui compte 21 000 habitants, 2 200 militaires de la garde nationale étaient déployés devant les maisons, les commerces et une centaine de lieux clés, a annoncé le gouverneur du Missouri, Jay Nixon. "Les vies et les biens doivent être protégés. Cette communauté mérite la paix", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse, précisant que les militaires prêteraient main-forte aux policiers et "seraient prêts à agir rapidement" pour éviter de "répéter le désastre d'hier soir".

Plus tôt dans l'après-midi, le chef de la police de Saint-Louis avait lui aussi promis "une présence policière très importante" et "une intervention bien plus rapide" que lundi soir. Le leader des droits civiques Al Sharpton a multiplié mardi les appels au calme. "Ce ne sont pas les cendres des bâtiments en feu de Ferguson qui doivent entretenir la mémoire de Michael Brown". À ses côtés, l'avocat de la famille du jeune Noir Benjamin Crump a critiqué "un système (judiciaire) cassé", dénonçant les "relations de proximité" entre le procureur - dont le père policier a été tué par un Noir - et la police de Saint-Louis. Il a pointé des contradictions dans le témoignage du policier, déplorant que ce dernier n'ait subi aucun contre-interrogatoire. Le policier, qui est toujours en congé administratif, n'est cependant pas à l'abri de toute poursuite. Le ministre de la Justice Eric Holder a rappelé que deux enquêtes fédérales étaient en cours et promis des conclusions rapides "pour rétablir la confiance" entre la police et la communauté noire.

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Commentaires (24)

  • Roger11

    Avant de vouloir donner des leçons de démocratie à d'autres pays, essayons déjà d'avoir un Président de la république noir ! Nous verrons ensuite...
    Et si Obama a tant de mal à "mettre de l'ordre" dans les problèmes raciaux aux États Unis, c'est probablement parce qu'il ont des racines anciennes qui les rendent bien plus complexes que vous pouvez l'imaginer, vu de chez nous, avec nos esprits étriqués...

  • UKRAINIENNE

    Désolée je ne comprends pas comment peut-on justifier ce policier qui a commis un crime. Il doit avoir d'autre moyens pour neutraliser un danger c'est le boulot des flics. Mettre toute la responsabilité sur un enfant mort n'importe quelle taille il avait c'était un enfant dans son développement psychologique. Tous c'est cas prouvent seulement que les USA n'est pas un pays de droit de l'homme et de démocratie. Et Obama n'a que mettre de l'ordre dans son pays aux lieu de semer la guerre ailleurs sous prétexte de l'instauration de la démocratie.

  • Roger11

    L'article parle d'un tragique accident qui s'est déroulé en août dernier, où un policier, frappé par un "jeune" de 18 ans, 1m 93 (ou 95 selon les versions) et 130 kg, a cru bon de tirer après sommations. Affreux mais c'est l'Amérique, où contrairement à la France, on respecte la police.
    Cette tragédie n'a RIEN A VOIR avec le jeune de 12 ans (mais de taille adulte) qui menaçait les passants tout récemment avec un revolver certes factice mais tellement ressemblant que lorsqu'il a porté la main à sa ceinture au lieu de les lever comme demandé par les policiers, ceux-ci ont tiré !
    Le seul point commun entre ces deux affaires, c'est qu'elles se passent en Amérique, où contrairement à la France, on respecte la police. On aime ou pas...
    Perso mon fils (pourtant très blanc) a eu la peur de sa vie quand il s'est fait apostropher par un flic(au Nevada) alors qu'il était allé nous chercher des jetons et qu'à quelques jours près il n'avait pas l'âge de jouer au casino. On aime ou pas, mais ce jour-là il a appris à respecter la loi...