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Valls déclare la guerre aux «passéistes» du PS

Le premier ministre, Manuel Valls, et le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, mercredi, sur le banc des ministres à l'Assemblée nationale, pendant la séance de questions au gouvernement. ERIC FEFERBERG/AFP

VIDÉO - Attaqué par Benoît Hamon et les frondeurs, le premier ministre veut «bâtir une maison commune» des progressistes.

Manuel Valls vient-il d'allumer la mèche d'une grave crise dans la majorité? Sans aucun doute. Moins de sept mois après avoir été nommé à Matignon, le chef de la majorité se livre, dans un entretien à L'Obs, à un réquisitoire contre cette partie de la gauche qu'il juge archaïque et qui gêne depuis des mois son action à la tête du gouvernement. C'est, à n'en pas douter, une véritable déclaration de guerre.

Pour Valls, «il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par les trente glorieuses». À ses yeux, «la seule question qui vaille, c'est comment orienter la modernité pour accélérer l'émancipation des individus». Valls plaide pour une gauche «pragmatique, réformiste et républicaine», veillant à ne pas employer l'adjectif «socialiste».

En disant cela, il règle bien sûr ses comptes. Avec les écologistes qui ont refusé de siéger au gouvernement lorsqu'il a été nommé à Matignon. Avec les ministres remerciés fin août, qui sont devenus autant d'opposants au gouvernement. Avec les députés frondeurs, qui se sont abstenus pour 39 d'entre eux mardi sur le vote du volet recettes du budget 2015. Manuel Valls répond aussi à Martine Aubry, qui a vivement critiqué dimanche les choix du gouvernement en matière de politique économique. Il met à nouveau sur la table la question du changement de nom du Parti socialiste. «Pourquoi pas», dit-il au sujet de cette proposition qui lui avait valu d'être menacé d'exclusion en 2011 par l'ex-première secrétaire du parti, Martine Aubry. Pour son successeur, Jean-Christophe Cambadélis, c'est non. Il préfère qu'on garde «le beau nom» de Parti socialiste.

Entre les contorsions que voudrait lui imposer cette gauche «passéiste» et la rupture idéologique qui permettrait au pays d'avancer, le chef de la majorité a choisi la deuxième option. «Valls, dit un ministre, est un castagneur. Il n'a pas peur. Il ne fuit pas.» Un autre le met en garde: «Attention! Pour gouverner, il faut être capable de rassembler.»

Toujours convaincu que la gauche peut mourir, Valls semble désormais soucieux d'élargir sa majorité

Valls a-t-il réellement le choix? Au fil des mois, il a vu grossir les rangs de ses opposants. Au printemps, il tentait encore de convaincre les éternels récalcitrants de l'aile gauche du PS du bien-fondé des choix de politique économique du gouvernement. Matignon plaçait alors tous ses espoirs dans cette majorité, appelant de ses vœux à une relation «fusionnelle» avec elle. Au début de l'été 2014, Valls semblait avoir déjà renoncé à faire entendre raison aux opposants, dont le nombre commençait d'ailleurs à gonfler. Depuis Vauvert où il réunissait ses soutiens début juillet, à quelques jours du vote du texte modifiant le budget de la sécurité sociale, le premier ministre balayait les nombreuses questions sur le nombre probable d'abstentionnistes. «Ce n'est pas mon problème!», répondait-il alors.

Depuis, les relations n'ont cessé de se tendre entre Valls et une partie de sa majorité. La «clarification», qui devait s'opérer avec les départs du gouvernement d'Arnaud Montebourg, de Benoît Hamon et d'Aurélie Filippetti, n'a pas fonctionné. Pire, ces ex sont devenus les porte-voix des opposants comme en témoignent les propos tenus mercredi matin par Benoît Hamon. Toujours convaincu que la gauche peut mourir, comme il l'avait affirmé fin août lors des universités d'été du PS, Valls semble désormais soucieux d'élargir sa majorité, quitte à faire des appels du pied à une partie de la droite, au camp progressiste qu'il juge «divisé, morcelé, sur la défensive». Dans L'Obs, il revient sur «l'erreur de ne pas tendre la main à François Bayrou» en 2012. Il plaide également pour «un nouveau compromis entre toutes les forces progressistes du pays». «L'idée, dit-il, pourrait être de bâtir une maison commune dans laquelle chacun se retrouve.» Il ajoute: «Une maison commune, une fédération, ou une seule formation, tout est ouvert, mais en tout cas, c'est le chemin à suivre.». Tenant ses propos, le premier ministre jette clairement les bases d'une union nationale autour du redressement du pays. Bayrou a rejeté net cette proposition mercredi soir: «Je ne participe et ne participerai à aucune manœuvre d'appareil», a dit le président du MoDem. «Il n'y aura, a-t-il ajouté, de reconstruction du paysage politique que lorsqu'on se retrouvera devant les Français.» C'est une fin de non-recevoir.

Valls déclare la guerre aux «passéistes» du PS

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75 commentaires
  • anne.chaunier

    le

    M Valls n'est pas un homme de gauche : nous
    le savions déjà avant qu'il ne le dise. Il
    s'est intégré de façon opportuniste à ce
    qui restait d'un vieux parti en train de renier
    ses fondations depuis .....quasi une trentaine
    d'années! Ceux qui voulaient gouverner en s'y référant étaient dans l'imposture. C'est
    exactement la situation du Président actuel
    et de ceux, dont MV, qui l'ont suivi. Pourquoi
    cette disparition ? Parce que les valeurs
    dites "socialistes" sont radicalement incompatibles
    avec l'économie neo-libérale qui domine
    l'Europe occidentale. Jusqu'à notre possibilité de penser une "autre" politique, une alternative, est empéchée au nom d'une
    raison proche d'une idéologie d'état : rien
    n'apparait plus possible hors du respect des
    cadres financiers mis en place. M VALLS sort
    du mensonge mais nous n'en sommes pas plus heureux ! Il nous dévoile que nous sommes en vérité sous l'emprise d'un parti
    unique, celui de la Finance.....

  • winchboat

    le

    Nouveaux noms du Parti.
    Parti Sauve qui peut, Parti S.o.S, Parti Saccagé, Parti Scratché...

  • Crab d Uc

    le

    Mon "pauvre" monsieur, vos passéistes sont indéboulonnables, et même indécrottables, donc n'espérez rien de ce coté..!

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