L'enquête sur l'accident qui a coûté la vie au PDG de Total, Christophe de Margerie, se poursuit en Russie. Selon le comité d'enquête, structure chargée des investigations criminelles, l'engin de déneigement qui a percuté le jet n'avait pas été considéré, dans un premier temps, comme une « menace » par les pilotes, qui avaient reçu l'autorisation de décoller.
Devant la presse, ils ont reconstitué, après examen des boîtes noires, les quelques secondes de l'accident :
- Dix secondes après cette autorisation, « les instruments de contrôle ont détecté le mouvement d'un chasse-neige sur le bas-côté gauche de la piste vers le carrefour », a précisé, jeudi 23 octobre, le représentant des experts russes, Alexeï Morozov. Aucun dialogue n'a cependant été enregistré à ce moment-là entre l'équipage, qui avait également remarqué « une machine qui travers[ait] la route », et la tour de contrôle.
- Quatorze secondes plus tard, l'avion a percuté le chasse-neige à 248 km/h alors qu'il avait déjà décollé, d'après l'expert russe. « Après la collision, [l'avion] a commencé à basculer du côté droit », puis s'est écrasé.
Vladimir Martynenko, le conducteur de l'engin de déneigement, a été placé en détention préventive – et ce jusqu'au 21 décembre – comme le demandaient les enquêteurs. Il avait 0,6 gramme d'alcool par litre de sang au moment de l'accident. Son avocat avait auparavant démenti son ébriété, invoquant des problèmes cardiaques, mais avait reconnu que son client avait pu consommer « quelques gouttes » d'alcool.
Dans les premières images de son interrogatoire montrées par les télévisions publiques russes, Vladimir Martynenko dit avoir « perdu [ses] repères ». « Je ne me suis pas rendu compte que j'entrais sur la piste de décollage », déclarait-il. Son avocat, qui a mis en cause les contrôleurs aériens, a ajouté qu'il n'était pas seul à travailler et qu'il faisait partie d'une « colonne de déneigeuses ».
ARRESTATIONS ET DÉMISSIONS
L'enquête en cours a également conduit à l'interpellation de quatre employés de l'aéroport suspectés de « ne pas avoir respecté les normes de sécurité ». Il s'agit du chef des nettoyeurs de piste, du responsable du contrôle des vols, d'une aiguilleuse du ciel « stagiaire » qui contrôlait le décollage de l'avion, et du supérieur qui la supervisait. Le directeur général de l'aéroport, Andreï Diakov, et son adjoint, Sergueï Solntsev, ont quant à eux remis leur démission.
Les enquêteurs russes, qui ont commencé l'analyse des « boîtes noires » du vol avec leurs homologues français du Bureau d'enquêtes et analyses (BEA), avaient fustigé la « négligence criminelle » de la direction de l'aéroport et n'ont pas exclu une responsabilité des contrôleurs aériens.
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