A Calais, Marine Le Pen dénonce le «fléau» de «l'immigration clandestine»

 

A Calais, Marine Le Pen dénonce le «fléau» de «l'immigration clandestine»

    Marine Le Pen occupe le terrain à Calais. Arrivée ce vendredi matin sous les applaudissements et les huées, la présidente du Front nationale est venue dénoncer le «fléau» qu'est, selon elle, «l'immigration clandestine» pour la ville qui fait face depuis quelques semaines à un afflux de migrants cherchant à traverser la Manche. Cette visite intervient au lendemain de l'annonce par le ministre de l'Intérieur de renforts policiers dans la préfecture du Pas-de-Calais alors que cette semaine des rixes ont éclaté entre migrants exaspérés par leurs difficultés à trouver un moyen de passer en Angleterre.

    La présidente du Front nationale a commencé par déambuler pendant près d'une heure dans une rue commerçante, à la rencontre des habitants et des commerçants. L'ambiance était quelque peu tendue. Une vingtaine de personnes appartenant à des associations pro-migrants ont lancé à la dirigeante du FN des «Marine dégage!» ou «solidarité avec les réfugiés». Une centaine de sympathisants du FN ont alors répliqué par des Marseillaises ou des «Marine présidente».

    «Nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières»

    Depuis plusieurs mois, le nombre de clandestins a quasiment doublé : la sous-préfecture en dénombre «entre 2 200 et 2 300» sur Calais et ses alentours. La patronne du FN, dont le parti a battu des records dans ce département lors des élections européennes de mai, s'est alors adressée à la frange de la population qui se dit inquiète. Profitant de la tension ambiante, elle a dénoncé en même temps l'inertie du gouvernement.

    «On ne prend pas la mesure du désespoir de cette population. On ne veut pas régler le problème de l'immigration clandestine. Alors je viens dire qu'il est possible de le faire», a-t-elle déclaré face à une nuée de micros et de caméras. Fustigeant un manque de «courage» des autorités, elle s'en est prise aux frontières, son leitmotiv. «Nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières», a-t-elle martelé accompagnée notamment par Steeve Briois, le maire FN d'Hénin-Beaumont, ville voisine.

    VIDEO. Calais : Marine Le Pen parle de «désespoir» de la population

    Puis la présidente du FN en a remis une couche lors d'une conférence de presse dans un hôtel du bord de mer de la ville portuaire. «Il n'y a plus de lois qui vaillent à Calais, il n'y a plus que la jungle, la loi du plus fort, la violence, l'inverse de la République», a-t-elle déclaré. «Le gouvernement ne dit mot de ce qui se passe à Calais et ferme les yeux.» «Les habitants, eux, sont à bout» a-t-elle encore dénoncé, en fustigeant au passage la «mollesse» du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et «le silence assourdissant» du Premier ministre Manuel Valls et du président Hollande sur la situation à Calais.

    Cazeneuve s'insurge

    Des accusations qui ont fait bondir le ministre de l'Intérieur. Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve dénonce «les mensonges et les outrances» de la responsable frontiste et l'accuse «d'exploiter cyniquement des drames humains». Le ministre rappelle que 100 hommes supplémentaires ont été déployés à Calais en début de semaine, portant le total police et gendarmerie à 450. Un nombre «exceptionnel» indique-t-il pour une ville de 75 000 habitants. «200 filières de passeurs ont été démantelées sur le territoire national en 2013» et un centre d'accueil de jour pour les migrants va être ouvert «prochainement» a-t-il également souligné.

    Même indignation du côté de la maire UMP de Calais Natacha Bouchart. Cette venue est «malsaine» juge l'élue alors que «des annonces ont été faites en début de semaine dans l'intérêt de la population calaisienne». «Sa présence prouve qu'elle n'a qu'une seule intention : se faire de la publicité. Moi, j'appelle cela de la misère politique.»

    Dans le milieu associatif aussi, cette visite n'est pas bien vue. Pour le président de l'association France Terre d'asile, Pierre Henry, le Front national «essaye de surfer sur une situation dramatique». «Une fois de plus, cette personne exploite sans vergogne des difficultés et ne fait de bien ni aux Calaisiens, ni aux Français» déplore-t-il.

    VIDEO. A Calais, les migrants sont toujours plus nombreux