Dilma Rousseff présidente du Brésil serre la main de son adversaire du centre droit Aecio Neves, avant le débat télévisé, le 24 octobre 2014 à Rio de Janeiro

Dilma Rousseff présidente du Brésil serre la main de son adversaire du centre droit Aecio Neves, avant le débat télévisé, le 24 octobre 2014 à Rio de Janeiro

afp.com/Christophe Simon

Des dizaines de millions de téléspectateurs ont assisté sur TV Globo au dernier round de la campagne électorale présidentielle la plus disputée et virulente depuis 30 ans dans le géant émergent en pleine mutation d'Amérique latine.

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Aecio Neves, nettement distancé ces derniers jours dans les sondages par sa rivale de gauche, Dilma Rousseff, a accusé bille en tête la présidente d'avoir mené "la campagne la plus sordide" de l'histoire du Brésil.

Il s'est aussitôt emparé de la grenade lancée quelques heures plus tôt par l'hebdomadaire Veja, selon qui Dilma Rousseff et son prédécesseur Lula, étaient au courant du vaste système de corruption politique au sein de Petrobras. "Ils savaient tout" a titré Veja en Une, citant des présumées confessions à la police d'Alberto Yousseff, l'un des suspect clés de ce dossier.

"Pures calomnies" selon Dilma Rousseff

"Etiez-vous au courant comme le dit la revue Veja?" a demandé Aecio Neves à la présidente. "Ce sont de pures calomnies, de la diffamation" a riposté Mme Rousseff, dénonçant un "coup électoral" et une tentative de "manipulation" des électeurs. "J'irai en justice pour me défendre et j'ai la certitude que le peuple brésilien montrera dimanche son indignation en rejetant votre programme qui représente un retour en arrière du Brésil".

Les affaires de corruption ont terni l'image du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff au pouvoir depuis 12 ans, détournant de nombreux électeurs de gauche. Et Aecio Neves en a fait dès le départ un des axes principaux de sa campagne.

Dilma Rousseff s'est défendue d'avoir toujours été fermement intransigeante envers la corruption. Elle a souligné que si les enquêtes sortaient aujourd'hui, c'est parce qu'elle avait donné pleine autonomie à la police fédérale. Alors que lorsque le Parti social démocrate brésilien (PSDB) était au pouvoir, entre 1995 et 2002, "elles étaient systématiquement enterrées".

Une électrice invitée au débat a demandé aux deux candidats ce qu'ils comptaient faire pour en finir avec ces affaires "qui couvrent de honte le Brésil". La présidente sortante a notamment prôné des peines plus dures pour corrupteurs et corrompus et l'interdiction du financement des campagnes électorales par les entreprises. "Il existe une façon d'en finir avec la corruption. C'est de retirer le PT (Parti des travailleurs) du pouvoir" a lancé Aecio Neves.

La bataille se joue au sein de la classe moyenne

Ces échanges acides ont éclipsé les enjeux de cette élection qui divise les Brésiliens. Les plus démunis et les régions les plus pauvres du Nord-Est sont reconnaissants à la gauche pour ses programmes sociaux, qui bénéficient à plus de 50 millions d'entre eux. Les plus aisés veulent en finir avec le règne d'un PT qu'ils jugent responsable du ralentissement économique du pays, entré en récession au premier semestre.

La bataille se joue au sein de la classe moyenne devenue majoritaire au cours des dernières années, et dont les conditions de vie ont cessé de s'améliorer avec le net ralentissement économique qui a marqué le mandat de Mme Rousseff.

Ce malaise avait explosé lors de la fronde sociale historique de juin 2013 contre la corruption et l'indigence des services publics. La classe moyenne est partagée entre fidélité aux conquêtes des années Lula (2003-2010) et un sentiment d'insatisfaction grandissant envers l'actuel gouvernement. M. Neves promet un coup de barre libéral pour redresser l'économie et de lutter contre l'inflation

C'est au sein de ce secteur de la population que Mme Rousseff a récupéré le plus de points ces derniers jours, en particulier dans le sud-est industrialisé. Deux ultimes sondages seront divulgués samedi, veille du verdict des 142,8 millions d'électeurs brésiliens.




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