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La valse des palaces

Le Ritz et le Crillon fermés pour travaux, le Meurice et le Plaza-Athénée frappés de boycott… Depuis quelques temps, la clientèle des grands hôtels parisiens est contrainte à d'étonnantes migrations.

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Publié le 24 octobre 2014 à 11h41, modifié le 25 octobre 2014 à 22h30

Temps de Lecture 12 min.

La valse des palaces.

Salon du Bristol, 6 octobre 2014, 19 heures. Alexandre Djouhri, incontournable intermédiaire en armement de l'ère Sarkozy, est en grande conversation avec une dizaine de Qataris en qamis. Quelques tables plus loin, le socialiste Julien Dray, ami intime de François Hollande, l'a à peine remarqué. Lui aussi a « un rendez-vous de travail » avec des hommes de Doha.

Les mains se serrent, on esquisse un salut de loin, mais tout le monde, ici, se gardera bien de demander au vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, chargé de la culture, à quel « travail » il fait allusion... D'autant que Dray n'est pas le seul homme de gauche à fouler les épaisses moquettes du palace de la rue Saint-Honoré ce soir-là. L'ancien ministre Arnaud Montebourg, qui se lance dans les affaires, honore lui aussi un dernier rendez-vous dans les salons de l'hôtel qui jouxte l'Elysée.

LUXUEUX CARREFOURS

La scène révèle une amusante tranche de vie parisienne : elle dit surtout combien de rencontres imprévues et d'altérités involontaires se créent dans les huit mythiques établissements classés 5-étoiles de la capitale. Malgré la crise économique, les grands hôtels restent ces luxueux carrefours où les élus de la République croisent des barbouzes de tout poil, où de riches touristes étrangers petit-déjeunent à côté des patrons du CAC 40. Des lieux hors du temps et des contingences où virevoltent footballeurs de ligue 1 et top-modèles de classe internationale.

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L'économie des hôtels de luxe est d'ailleurs toujours aussi florissante. Fin août, le taux d'occupation des huit établissements parisiens labellisés « palaces » était de 77,4 %, équivalent à celui de 2013. « Comme Paris manque de chambres de standing, l'ouverture, ces dernières années, du Mandarin Oriental, du Shangri-La et du Peninsula n'a pas eu d'impact sur les résultats des hôtels plus anciens », observe Georges Panayotis, président de MKG Group, cabinet de conseil expert en hôtellerie.

GROS TRAVAUX

L'ouverture prochaine du Cheval Blanc dans l'ancienne Samaritaine, au cœur de la capitale, pourrait tout de même rebattre les cartes. D'autant que les habitués des 5-étoiles ont déjà été contraints, ces derniers mois, de changer leur petite routine. Les quatre années de fermeture pour travaux du Ritz, qui rouvrira en 2016, ont poussé sa clientèle à migrer vers son voisin de la rue de la Paix, le Park Hyatt Vendôme. Celle du Crillon, qui ne rouvrira qu'à la fin de l'année, a largement pris ses quartiers au Bristol.

Quant aux enseignes du groupe Dorchester à Paris, le Plaza Athénée et le Meurice, propriétés du sultan de Brunei, elles ont été boycottées par de nombreuses personnalités depuis que la charia a été instaurée dans son micro-Etat de l'île de Bornéo. Mais les très médiatiques défections de l'été sont déjà loin, assure Georges Panayotis : « Depuis sa réouverture en août, le Plaza est plein, tout comme le Meurice. »

LIEUX D'INFLUENCE

Depuis quelques mois, les observateurs les plus fins de la vie des palaces s'amusent à décortiquer une nouvelle géopolitique. Car les chassés-croisés des tribus qui hantent les salons d'hôtels - politiques, capitaines d'industrie, milieu de la mode et du show-biz, sportifs et même agents des services du renseignement - ne doivent en général rien au hasard.

« On vient dans les palaces avec le sentiment d'y être anonyme. Or, on s'y retrouve entre gens connus », note le consultant Alain Bauer, qui écume avec curiosité ces lieux d'influence. C'est, en résumé, tout le drame des politiques qui s'affichent dans des 5-étoiles en période d'austérité. Si Nicolas Sarkozy, qui venait sans complexe au Bristol pour déguster des pâtes aux truffes quand il était président, se fait plus discret, ce n'est pas le cas de son épouse. « Je croise très souvent Carla Bruni-Sarkozy à l'Epicure », rapporte un banquier, qui note que Cécilia et Richard Attias descendent aussi au Bristol lorsqu'ils sont à Paris.

Rachida Dati a adopté le Mandarin Oriental, Valérie Trierweiler préfère le Park Hyatt Vendôme.

 Valérie Trierweiler, elle, préfère le Park Hyatt Vendôme. Rachida Dati, qui fréquentait le Ritz en voisine quand elle était garde des sceaux, est l'une des rares personnalités à avoir adopté le Mandarin Oriental, rue Saint-Honoré. C'est d'ailleurs dans cet hôtel à la décoration contemporaine, niché entre des boutiques de mode et de joaillerie du 1er arrondissement, qu'elle prenait une collation le 7 octobre lorsqu'elle a appris que la justice lui donnait raison, désignant Dominique Desseigne, le PDG du groupe hôtelier Lucien Barrière, comme le père de sa fille Zohra.

Voici quelques mois en revanche qu'on ne voit plus Jean-François Copé dans les salons du Park Hyatt Vendôme. Il avait coutume d'y retrouver tous les soirs, à 18 h 30, son ami Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, aujourd'hui mis en examen dans l'affaire de fausses factures de l'UMP. « A l'heure de la crise et de la récession, tout le monde fait gaffe à ne pas donner l'impression de se vautrer dans le luxe », sourit un député.

Tout le monde ? Non. Il y a peu encore, Emmanuel Macron résistait au politiquement correct. Le 16 juillet dernier, on pouvait le croiser sortant d'un déjeuner au Jardin français, le rendez-vous chic du Bristol. Mais à l'époque, il n'était pas encore ministre de l'économie, il venait de quitter l'Elysée où il conseillait François Hollande sur les questions économiques.

BRIOCHE ET THÉ FUMÉ

A l'heure du déjeuner, le V, le restaurant gastronomique du George-V, est un véritable théâtre : nul n'ignore que Dominique de Villepin, l'homme d'affaires Alexandre Djouhri et l'ex-patron de la Direction centrale du renseignement intérieur Bernard Squarcini s'y retrouvent régulièrement « autour de la grande table, immédiatement à droite en entrant », raconte un employé.

Mais qui a remarqué un autre habitué des lieux, le député de Seine-Saint-Denis Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, qui y organise ses déjeuners d'affaires ? A l'instar de Julien Dray et Arnaud Montebourg, ils sont quelques socialistes à fréquenter ces temples du luxe parisien.

Propriété de la chaîne américaine Four Seasons, le George-V est aussi très prisé du monde des affaires. Vers 7 h 45, le matin, on y croise souvent Gérard Mestrallet ou le patron d'EDF sortant, Henri Proglio, en compagnie de son directeur financier. Pourtant, Catherine Hodoul-Baudry, la directrice commerciale et marketing du Bristol, l'affirme sans ambages : « Avec le Plaza, nous sommes le palace le plus ancré dans la vie parisienne. »

Idéalement placés, les deux hôtels sont nichés au cœur du quartier des affaires et des ministères. Ce qui s'y trame autour d'une brioche et d'un thé fumé est parfois décisif. « Des patrons y dénouent leurs conflits "clochemerlesques" en vingt-sept secondes, alors qu'ils bloquaient toute initiative de leurs collaborateurs pour régler l'affaire, s'amuse Alain Bauer, qui a assisté lors d'un déjeuner à la réconciliation entre deux très grands industriels. Ça se termine en fusion, en rachat ou en projets communs... »

ENTRE-SOI DES ÉLITES

C'est d'ailleurs au Bristol, le 9 février dernier, qu'eut lieu la première rencontre entre Patrick Kron, le PDG d'Alstom, et Jeff Immelt, patron de l'américain General Electric, pour discuter de la vente de la branche énergie de l'enseigne française. « C'est surtout là qu'on peut croiser tous ceux qu'on n'a pas réussi à voir pendant la semaine », explique une communicante.

Le conseiller des patrons Alain Minc ou le lobbyiste Jean-Louis Guigou, l'époux de l'ancienne garde des sceaux et directeur de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen, y ont leur table. De fait, le Jardin français est fréquenté par une clientèle locale à 80 %. Pour garder les habitués qui font chaque jour tourner son restaurant étoilé, chaque palace possède sa propre stratégie.

Repaire des capitaines du CAC 40 et de leurs conseillers, le Bristol se positionne comme « la référence de l'art de vivre à la française ». Les propriétaires d'origine allemande, la famille Oetker, font leur possible pour se démarquer des palaces à la clientèle asiatique ou moyen-orientale, courtisant sans relâche les Old Money du monde entier (de vieilles fortunes comme la famille des ketchup Heinz ou le clan Kaufman, du groupe de promoteurs immobiliers Kaufman & Broad).

De fait, les élites économiques françaises apprécient plus que tout l'entre-soi, et vivent mal le voisinage de la clientèle étrangère. Ainsi, au restaurant du Bristol, en janvier dernier, alors qu'un client chinois parlait très fort au téléphone, le banquier d'affaires Philippe Villin s'est levé, entonnant a cappella un retentissant Ave Maria... Pour éviter ces frictions, certains établissements multiplient les accords avec des banques comme Goldman Sachs, mais aussi avec le secteur du luxe, manière de s'assurer de la fidélité des membres de leurs conseils d'administration lorsqu'ils font escale à Paris.

SALONS STAR TREK

Dans la guerre que se livrent les palaces pour attirer une clientèle d'affaires, les nouveaux établissements « ont déjà perdu la bataille, assure un avocat. Le Shangri-La est excentré [avenue d'Iena, dans le 16e arrondissement, Ndlr]. Au Peninsula, il faut envoyer un e-mail pour réserver une table ! Au Mandarin, Thierry Marx et sa cuisine moléculaire ne font pas l'unanimité... Surtout dans les salons dont l'ambiance évoque "Star Trek" ».

Beaucoup de femmes d'affaires profitent de l'heure du déjeuner pour passer du temps au spa.

Les habitudes des vieux capitaines du CAC 40 sont tenaces et leurs goûts définitivement classiques. D'où la nécessité, selon Philippe Leboeuf, qui dirige le Mandarin Oriental depuis son ouverture il y a trois ans, de séduire plutôt les jeunes entrepreneurs : le restaurant Sur Mesure leur concocte un déjeuner à 80 euros servi en quarante-cinq minutes, et propose un corner « gluten free ». Nathalie Colin, la jeune directrice artistique de Swarovski, compte parmi les habitués. « Beaucoup de femmes d'affaires profitent de l'heure du déjeuner pour passer du temps au spa et avaler une salade au bar », note Philippe Lebœuf, le directeur général.

OBJET DE DÉSIR

Si certaines clientèles sont sédentaires, d'autres en revanche semblent très volatiles. Ainsi, le milieu de la mode, qui avait élu le Plaza Athénée et le Meurice comme ses QG depuis des années, a-t-il commencé à prendre ses marques ailleurs depuis quelques mois. Les travaux au Plaza, terminés en août, avaient déjà poussé quelques-uns de ses habitués vers d'autres établissements. Mais la campagne appelant au boycott des établissements appartenant au sultan de Brunei, dont Anna Wintour, rédactrice en chef du Vogue américain, a pris la tête en juin dernier a accéléré la migration du Fash Pack - ces personnalités du milieu de la mode.

Inconditionnelle du Meurice, la papesse de la mode a pris, dès juillet, ses quartiers au Bristol, où Jonathan Newhouse, le PDG de Condé Nast (éditeur de Vogue), a déjà ses habitudes. L'y ont suivi quelques photographes de renommée internationale, tel Mario Testino...

« La mode est un milieu assez grégaire, et quand un palace devient un objet de désir, tout le monde succombe au même moment », sourit le consultant Jean-Jacques Picart qui, lui, continue de fréquenter le bar du Meurice. Il se désole de la baisse de fréquentation de son lieu favori, « parce que 300 emplois sont en jeu », mais juge que « ça ne va pas durer ».

Sans doute parce que la qualité du service de ces vieilles maisons est inégalée. Les chefs de rang savent qu'on ne place pas les gens de la maison Chanel à côté de ceux de chez Dior. Qu'on n'installe pas les rédacteurs du Vogue trop près de ceux du Harper's Bazaar, ni Azzedine Alaïa dans le champ de vision de Karl Lagerfeld... Ni bien sûr Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Vuitton, près de François-Henri Pinault, PDG de Kering (ex-PPR).

ENTRÉE VIP ANTI-PAPARAZZI

L'affaire du boycott a été l'occasion de découvrir de nouveaux palaces. « Cette saison, tout le monde a voulu tester le nouveau restaurant gastronomique chinois du Peninsula, mais ça ne prend pas trop : le quartier n'est pas assez "mode" », observe une attachée de presse découvrant l'avenue Kléber.

L'ex-rédactrice en chef du Vogue français, Carine Roitfeld, y a tout de même organisé la soirée de lancement de la cinquième édition de son magazine, CR Fashion Book. Mais c'est le Park Hyatt Vendôme qui a attiré les tops les plus en vue des défilés de prêt-à-porter, Joan Smalls, Karlie Kloss et Natasha Poly, envoyés par leurs agences.

Les stars américaines se ruent au Park Hyatt Vendôme.

Bien que Beyoncé et Jay Z n'y descendent plus (depuis la naissance de sa fille, la chanteuse ne supporte plus le parfum d'ambiance de l'hôtel et a pris ses quartiers au Royal Monceau), les stars américaines se ruent également au Park Hyatt, équipé d'une entrée VIP anti-paparazzi : un volet se ferme et la voiture descend directement au parking, d'où la vedette peut remonter discrètement dans sa chambre. Comme Lady Gaga, pas très fraîche après un long vol, qui s'est refait une beauté avant d'aller lancer des pétales de roses depuis la fenêtre de sa suite. Katy Perry, Rihanna, Madonna et Jennifer Lopez en ont aussi profité. « L'ouverture en 2016 du 5-étoiles de Costes, rue de Castiglione, qui sera un établissement tendance et show-biz, attirera une partie de cette clientèle people... », prédit néanmoins le spécialiste du secteur Georges Panayotis.

LE FOOT AU BRISTOL, LE TENNIS AU HYATT

De même que les palaces passent des accords avec les distributeurs de films, ils multiplient les gestes commerciaux pour « décrocher » des clients célèbres avec un prix moyen de 840 euros la nuit (le tarif de la moindre chambre étant de 1 000 euros). « Je vais souvent au Qatar et nous avons des accords avec le PSG, explique la directrice commerciale du Bristol. David Beckham est resté six mois ici, avant de trouver son appartement. Tout comme Zlatan. » Côté tennis, c'est le Park Hyatt qui a pris la main : pendant Roland-Garros, Roger Federer, Jo-Wilfrid Tsonga et Maria Sharapova habitent l'hôtel en famille. Il arrive qu'Anna Wintour, très amie avec Federer, vienne l'embrasser et prendre un thé.

Finalement, les palaces attirent autant ceux qui cherchent la lumière que ceux qui n'aiment que l'ombre et la discrétion... Ainsi sont-ils aussi « de véritables nids d'espions », comme l'avoue Bernard Squarcini, qui a dirigé le renseignement intérieur jusqu'en 2012. Les agents des services secrets français ou étrangers et les officines privées grouillent dans les lobbys des grands hôtels. « La DGSE, surtout, y déploie une activité intense », confirme l'ex-policier. Ses hommes y observent le manège des intermédiaires en vente d'armes (Pierre Falcone au Peninsula, le vieux Charlie Chaker au Plaza...).

NIDS D'ESPIONS

Au George-V, on croise oligarques russes, ukrainiens ou kazakhs. Grâce au matériel d'écoute moderne, il n'est plus nécessaire de placer des micros dans les chambres pour savoir ce qui s'y dit. Mais les agents tentent toujours de louer les suites adjacentes à l'appartement qu'ils observent pour suivre les allées et venues. « Ici, par respect pour notre clientèle, on a refusé de travailler avec les services du renseignement », assure Philippe Leboeuf, du Mandarin Oriental. D'autres établissements sont plus souples. Longtemps, la DCRI a disposé d'une suite au Bristol, situé à deux pas du ministère de l'intérieur.

Les gens du "rens" aiment les palaces vides.

Les palaces sont aussi des lieux de rendez-vous prisés des espions. « On loue des chambres pour "traiter" discrètement un grand patron qui a un souci d'espionnage industriel, par exemple », confie un policier. Mais le déménagement de la DCRI à Levallois-Perret et la politique de modernisation des grands hôtels ont fait changer les habitudes. De manière générale, « les gens du "rens" aiment les palaces vides, où l'on ne risque pas de croiser des gens qu'on connaît », note Pierre Sellier, du cabinet de conseil en stratégie Salamandre. « C'est dans les salons du Peninsula que mes correspondants du Mossad donnent désormais tous leurs rendez-vous », confirme un spécialiste. La désaffection a du bon.

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