Les Restaurants du cœur entament leur 30e campagne hivernale, lundi 24 novembre. Comme chaque hiver, les 2 090 centres des Restos ouvriront quotidiennement ou plusieurs fois par semaine jusqu'en mars pour distribuer des denrées aux familles en difficulté, notamment des produits de première nécessité comme du lait, des boîtes de conserve, des pâtes ou des yaourts.
La saison dernière, ils ont distribué 130 millions de repas, un chiffre toujours en hausse. Ils ont surtout atteint pour la première fois le « record assez détestable » d'un million de bénéficiaires, qui devrait encore être atteint cette année, estime son président, Olivier Berthe.
« Personne n'imaginait au démarrage que les Restos du cœur prendraient autant d'importance. En cela, on peut parler de constat dramatique. La société s'est accommodée de cela, mais c'est aussi une prise de conscience : on ne lutte efficacement contre la pauvreté que si tout le monde se mobilise. Ces trente ans d'existence, ce sont des millions de contacts humains, qui ont permis des dizaines de milliers de sorties de crise. »
Alors, comme à chaque début de campagne, « les Restos commencent sur le pari que la générosité sera au rendez-vous », explique-t-il. Car, avec 84 millions d'euros récoltés l'année dernière, les dons et legs représentent près de la moitié des ressources, mais ils « stagnent ». Or « on a besoin de plus, puisqu'on a de plus en plus de personnes à aider », insiste M. Berthe.
« DONS EN NATURE »
Pour faire face aux besoins, les Restos cherchent de nouvelles ressources, notamment du côté des « dons en nature ». L'association a obtenu l'an dernier du gouvernement que la loi Coluche sur les exonérations fiscales soit étendue aux dons des producteurs laitiers. Cela a permis de récolter deux millions de litres de lait pour les associations, dont 850 000 litres pour les Restos. Très loin de satisfaire les besoins, évalué à 20 millions de litres par an.
Le président des Restos prône cette mesure pour tous les dons agricoles, « viande, œufs, légumes, céréales, il faut que toutes les filières puissent bénéficier d'un dispositif fiscal incitatif ». M. Berthe espère que la présence du premier ministre, Manuel Valls, sera l'occasion d'annonces en ce sens : « Si le gouvernement estime que la lutte contre la précarité est une priorité, il doit convaincre l'administration fiscale. »
Il insiste aussi sur le gaspillage alimentaire. Des tonnes de nourriture invendues, proches des dates limites de consommation, « sont perdues chaque jour dans les grandes surfaces ou les entreprises agroalimentaires, qui ne donnent pas faute de garanties fiscales, parce que jeter coûte moins cher que stocker et donner à une association ». Actuellement, ces dons ne font pas l'objet d'exonération, l'Etat estimant que ces produits n'auraient de toute façon pas été vendus. Or, pour inciter les entreprises à renforcer leurs dons, il faut qu'elles y trouvent un avantage, souligne M. Berthe.
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