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Le cataclysme fait couler de l'encre

Déluges, ouragans, sécheresses... Le changement climatique inspire les écrivains américains. Un nouveau genre, le cli-fi, sensibilise les lecteurs aux questions environnementales.

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Publié le 23 novembre 2014 à 04h30, modifié le 23 novembre 2014 à 04h30

Temps de Lecture 2 min.

Le cinéma décline le cli-fi, climate fiction : ci-dessus,

Aux Etats-Unis, la fiction apocalyptique fait depuis longtemps recette. Guerre nucléaire, jugement dernier, épidémie tueuse, astéroïde destructeur, Armageddon, attaque de zombies ou invasion extraterrestre... La fin du monde est un créneau littéraire porteur qui se décline à l'infini, le plus souvent en version roman de gare.

Aujourd'hui, la palette s'étoffe pour accueillir un nouveau sous-genre de la science-fiction qui fait fureur : le cli-fi, comprenez « climate fiction », les romans d'apocalypse climatique. Les Américains figurent pourtant parmi les plus ardents climato-sceptiques de la planète. Mais ce mouvement est en perte de vitesse. La ville de Miami, en Floride, est menacée par l'élévation du niveau des océans, les incendies ravagent chaque année davantage la Californie, les sécheresses s'abattent sur le Texas, l'ouragan Sandy a dévasté la Côte est du pays il y a deux ans... La météo finit par faire évoluer les mentalités. Et dope la production de ces œuvres mettant en scène le désastre écologique dans un avenir très proche.

DÉLUGE DE TITRES

Un clic sur le site Amazon débouche sur un déluge de titres catalogués « climate fiction ». Le site britannique Clifibooks.com, récemment rebaptisé Eco-fiction.com, recense la plupart des romans du genre, soit près de 250. Premiers de ces ouvrages écolo-catastrophistes, Les Quatre Apocalypses, du Britannique J. G. Ballard, remontent aux années 1960. Chaque volet de cette série est consacrée à un désastre différent, à l'origine de la destruction de la civilisation humaine : l'inondation dans Le Monde englouti ; les tempêtes dans Le Vent de nulle part ; la canicule dans Sécheresse ; la fossilisation dans La Forêt de cristal.

Dans les années 2000, Kim Stanley Robinson, star de la science-fiction, a remis l'apocalypse climatique au goût du jour avec sa nouvelle trilogie Les 40 Signes de la pluie, 50o au-dessous de zéro et 60 Jours et après. Depuis, c'est la déferlante. Entre autres plumes du genre : Paolo Bacigalupi, avec La Fille automate (Au Diable Vauvert, 2012) et The Water Knife (non traduit, 2014) ; Saci Lloyd avec Carbon Diaries 2015 (Pocket Jeunesse, 2012) et Carbon Diaries 2017, journaux de bord d'une jeune fille de 16 ans qui vit à une époque où le Royaume-Uni a imposé des quotas sur la production de CO2 ; et la célèbre Margaret Atwood avec Le Temps du déluge (Robert Laffont, 2012). Même des auteurs à succès investissent le créneau, tels Barbara Kingsolver avec Dans la lumière (Rivages, 2013) ou Ian McEwan avec Solaire (Gallimard, 2011), sorte de farce sur fond de fonte des glaces, de fin du pétrole et d'énergies vertes.

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SENSIBILISER LES ÉTUDIANTS

Certaines universités américaines, dont celles de l'Oregon et du Wisconsin (Milwaukee), se sont également emparées du phénomène, utilisant l'étude de ces romans pour sensibiliser les étudiants aux questions environnementales. Car c'est bien ce qu'espèrent ces auteurs et les militants, alors que les scientifiques et leurs rapports n'ont pas réussi à remuer les foules : toucher la conscience des lecteurs... ainsi que des spectateurs, le cinéma emboîtant le pas à la littérature. Dix ans après le blockbuster hollywoodien Le Jour d'après, le grand écran enchaîne désormais les superproductions catastrophiques, comme Noé (2014) ou Interstellar (sorti le 5 novembre), dont le personnage principal, interprété par Matthew McConaughey, est un astronaute chargé d'explorer d'autres systèmes solaires pour sauver une humanité à deux doigts de l'extinction.

Pas sûr, cependant, que le phénomène garde longtemps son nom de « cli-fi ». Ce qui passait il y a quelques années encore pour de la science-fiction se rapproche désormais de la réalité. Au point que certains osent même parler de « réalisme social » au sujet de ces scénarios de catastrophe écologique.

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