La Nouvelle-Calédonie mise sur sa biodiversité
La collectivité encourage les activités fondées sur ses ressources biologiques pour prendre la suite du nickel.
Par Anne Pitoiset
Le nickel, et après ? La montée en puissance des usines métallurgiques du Nord et du Sud n'est pas encore achevée que déjà la Nouvelle-Calédonie réfléchit à l'après-nickel. Ressource non renouvelable, le minerai apportera richesse et revenus pendant environ un siècle. C'est finalement assez peu. Le tourisme faisant du surplace malgré les importants moyens déployés, l'agriculture régressant lentement mais sûrement, les responsables misent désormais sur l'exploitation de l'exceptionnelle biodiversité du pays et de la très vaste zone maritime, qui couvre environ 1,5 million de kilomètres carrés.
Après avoir beaucoup investi sur le développement de l'élevage de crevettes, le gouvernement calédonien, les provinces et l'Etat misent désormais sur la diversification de nouvelles filières, telles que la pisciculture, les biotechnologies marines, la gestion des zones côtières et des lagons ou, pour le plus long terme, l'exploration des milieux marins semi-profonds à la recherche de ressources minérales et énergétiques. La présence à Nouméa de huit organismes de recherche, dont six nationaux (IRD, CNRS, BRGM, Ifremer, Institut Pasteur, université de la Nouvelle-Calédonie) a incité les provinces Nord, Sud et les îles Loyauté, le gouvernement local et l'Etat à créer, en 2012, une technopole unique dans le Pacifique Sud insulaire. Sa gestion en a été confiée à l'Agence de développement économique de Nouvelle-Calédonie (Adecal).
La technopole Adecal s'organise autour de deux pôles d'excellence, « écosystèmes marins » et « écosystèmes terrestres », et d'un pôle transversal de « soutien à l'innovation » appelés à être complétés par des pôles sur les énergies renouvelables, les matériaux pour l'écobâtiment, les technologies de l'information et de la communication (TIC) et le multimédia. « La Technopole est membre des réseaux public-privé comme le pôle de compétitivité métropolitain Trimatec afin de développer des partenariats techniques avec des acteurs extérieurs », précise Adrien Rivaton, le coordonnateur de la Technopole et le directeur de son pôle marin.
L'or vert de demain
Parmi ses projets prometteurs figure la culture des microalgues, de petites plantes aquatiques invisibles à l'oeil nu, qui utilisent la lumière pour fixer le carbone et fabriquer de la biomasse. Prélevés en milieu naturel et cultivés en bassin, ces micro-organismes, riches en oméga 3, offrent des champs d'application vastes : cosmétique, alimentation animale, pharmacologie, chimie et biocarburant de 3e génération. Ces microalgues intéressent aussi la multinationale Glencore, qui finance aussi une partie des recherches sur la centrale thermique à charbon de l'usine métallurgique du Koniambo.
Financé par un crédit de 1,8 million du Comité interministériel de l'outre-mer, le programme Amical pour Aquaculture de microalgue en Nouvelle-Calédonie est copiloté par l'Ifremer et l'Adecal.
Correspondante à Nouméa Anne Pitoiset