Durant des décennies, le Parti socialiste a ignoré la famille. C’était une valeur de droite. En 1997, le gouvernement de Lionel Jospin avait levé le tabou et ouvert le débat. Le 1er octobre, encore, le PS réaffirmait son « attachement à une politique familiale plus égalitaire, basée sur le principe d’universalité, qui soutienttoutes les familles,particulièrement les plus vulnérables ». Candidat, François Hollande défendait cette universalité, « un moyen d’élargir la reconnaissance nationale à toute la diversité des formes familiales ». Et, récemment, le président avait écarté l’idée que les allocations soient soumises à conditions de ressources.
Mais c’était avant… Avant que, le 16 octobre, M. Hollande, dans une volte-face inattendue, cède aux députés socialistes, qui vont examiner le projet de loi de financement de la Sécurité sociale à partir de mardi 21 octobre et accepte de moduler les allocations familiales en fonction des revenus.
Cette décision donne l’image d’un gouvernement cherchant dans la précipitation, et sans concertation avec les associations familiales et les syndicats, des économies pour boucler son budget. Alors que le Haut Conseil de la famille est en train de se pencher sur le coût de l’enfant, cette annonce n’a été accompagnée d’aucune pédagogie sur la finalité d’une politique familiale conçue à la Libération avec une visée clairement nataliste. Sans en être la seule cause, cette orientation a permis à la France d’afficher une robuste démographie.
on n’introduit pas une modulation en improvisant, comme par effraction
En elle-même, une modulation des allocations familiales en fonction des revenus peut se concevoir. Grâce à un quotient familial très avantageux et à un empilement d’allocations, la politique familiale a longtemps profité surtout aux hauts revenus. Et le principe d’universalité a déjà été mis à mal avec toute une série de prestations déjà sous conditions de ressources. Mais on n’introduit pas une modulation en improvisant, comme par effraction. On inscrit (éventuellement) une telle mesure dans une politique repensée et on lance un débat sur ses finalités.
Conformément à ses promesses, le président de la République avait baissé, dès 2012, le plafond du quotient familial. En y ajoutant aujourd’hui la modulation, ce sont les mêmes familles – une partie des classes moyennes qui ont déjà subi des hausses d’impôts – qui vont être ciblées. Certaines familles, appartenant à des catégories en haut de l’échelle des revenus, pourraient perdre, en trois ans, entre un demi-mois et un mois de revenus.
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