Attentat en Tunisie : Seifeddine Rezgui, un « terroriste énigmatique »

Qui était vraiment l'étudiant tunisien qui a perpétré l'attaque sur la plage tunisienne de Sousse, vendredi ? Totalement inconnu des services de police, Seifeddine Rezgui est décrit, par ses proches comme par le ministère de l'Intérieur tunisien, c

Attentat en Tunisie : Seifeddine Rezgui, un « terroriste énigmatique »

    C'est le choc dans la ville du jeune homme. Originaire de Gaafour, une petite ville du gouvernorat de Siliana (nord-ouest), Seifeddine Rezgui était en master professionnel à l'Institut supérieur des études technologiques (Iset) de Kairouan, dans le centre du pays, selon le ministère de l'Intérieur. L'auteur de l'attaque de Sousse qui a fait 38 mort était « inconnu des services » tunisiens, explique le porte-parole du ministère.

    Interrogés par des médias tunisiens, plusieurs de ses voisins à Kairouan disent n'avoir rien remarqué d'«anormal» chez lui. D'où la stupéfaction de ses proches lorsqu'ils ont appris le massacre qu'il avait perpétré avant de finir dans une flaque de sang, abattu par la police. Un « terroriste énigmatique » affirme pour sa part la chaine de télévision privée El Hiwar Ettounsi.

    «En 23 ans, il n'a rien fait d'illégal»

    Dans son village d'origine, Gaafour, personne ne comprend. «  En 23 ans, il n'a rien fait d'illégal. Il finissait les cours, il riait, il disait bonjour et il passait son chemin », explique l'oncle du tireur abattu par la police. L'un de ses cousins, Nizar, 32 ans, assure que Seifeddine Rezgui se trouvait à Gaafour jeudi, le jour précédant l'attentat. Il y travaillait occasionnellement comme serveur pour financer ses études. «  Il était normal. Il est venu ici, il a travaillé dans le café, il est rentré chez lui, il est allé prier et il s'est assis avec les gars dans le caf?, détaille-t-il.

    Tout le village, à commencer par le père de Seifeddine Rezgui, ouvrier qui complète son salaire en faisant le maçon à l'occasion, cherche désormais à comprendre. « Comment s'est-il entraîné ? Où s'est-il entraîné ? Seul Dieu le sait. C'est ça qui nous tourmente maintenant », se désole l'oncle de l'étudiant. Tous le dépeignent à l'opposé du « soldat du califat » Yahya al-Qayrawani, tel que l'a appelé le groupe Etat islamique dans le communiqué qui a revendiqué l'attentat.

    Un jeune de la ville affirme ainsi l'avoir côtoyé au club de danse de la maison de jeunes. «C'était un très bon danseur de breakdance», confie le jeune homme à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, disant craindre d'être soupçonné de liens avec l'assaillant présumé et d'être arrêté.

    Dernièrement, «il s'isolait quand il allait sur internet»

    Il y a un an, Seifeddine Rezgui a perdu son frère, tué par la foudre, rappelle les habitants de Gaafour. Un deuil qui a peut-être amené le jeune homme à s'isoler. « Dernièrement, ses camarades ont remarqué une espèce de rigorisme, il penchait vers la solitude. Il était plongé dans internet et même à ses amis, il ne voulait pas montrer sur quoi il surfait. Il s'isolait quand il allait sur Internet », explique le porte-parole du ministère de l'Intérieur tunisien.

    Si le Premier ministre Habib Essid a indiqué que le passeport de Seifeddine Rezgui ne portait pas de trace de voyages à l'étranger, il n'est pas exclu, selon une source de sécurité, que le jeune homme se soit rendu en Libye de façon clandestine.