Dakar : ouverture du XVe sommet de la Francophonie

 

Dakar : ouverture du XVe sommet de la Francophonie

    Le XVe sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s'est ouvert samedi à Dakar (Sénégal) en présence de 35 chefs d'Etat et de gouvernement, qui devront trouver un successeur au Sénégalais Abdou Diouf.

    La cérémonie d'ouverture a été marquée par un spectacle musical et théâtral, avec la participation notamment de la chanteuse belge Axelle Red, de l'acteur français Charles Berling et de la chanteuse canadienne Diane Dufresne, issus des trois premiers pays contributeurs de la Francophonie. L'Algérien Khaled, la Française d'origine indonésienne Anggun, la Béninoise Angélique Kidjo et la Sénégalaise Coumba Gawlo Seck, ainsi que son compatriote et star internationale Youssou Ndour ont également chanté durant la cérémonie.

    L'ouverture du sommet, consacré aux femmes et aux jeunes, devait être marquée par la passation de relais entre Macky Sall et le président de la République du Congo Joseph Kabila, hôte du précédent sommet en 2012. Une quinzaine d'orateurs en tout devaient s'exprimer, dont François Hollande. Les chefs d'Etat et de gouvernement devaient se réunir ensuite à huis clos pour évoquer la situation politique internationale et la situation économique mondiale.

    Bras de fer sur le choix du successeur de Diouf

    Les pays membres l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) vont surtout devoir trancher d'ici dimanche entre cinq candidats en lice et aucune tête d'affiche, même si le président français François Hollande a loué avant son départ les qualités de la seule candidate non africaine et seule femme, la Canadienne d'origine haïtienne, Michaëlle Jean.

    La voix de la France, qui se défend de jouer les faiseurs de rois et veut privilégier le consensus pour désigner le prochain secrétaire général à un moment charnière de l'OIF, pèse malgré tout au sein de l'organisation en sa qualité, notamment, de premier bailleur. La Francophonie (57 Etats membres, 20 pays observateurs) représente 274 millions de locuteurs dans le monde.

    Dirigé pendant douze ans par l'ex-président sénégalais, l'OIF, jusqu'alors connue pour ses missions de coopération dans le développement et de soutien à la langue française, a gagné en poids politique, grâce à la diplomatie d'influence dans les crises africaines pratiquée par Abdou Diouf auprès de ses anciens pairs.

    La candidature de Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale du Canada, est très critiquée par certains pays africains représentant l'écrasante majorité des Etats membres et de la population de l'OIF. Une règle non écrite veut que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud - certains estimant même qu'il doit rester une chasse gardée africaine - et que l'administrateur vienne du Nord.

    Pourraient alors avoir leurs chances l'ex-président burundais Pierre Buyoya, l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de Lestrac, ou l'écrivain congolais Henri Lopes. L'Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu, a, lui, peu convaincu. Une candidature de dernière minute est même possible : aucune date limite n'a été fixée, alimentant toutes les spéculations. Les discussions se dérouleront dimanche à huis clos, sans vote.

    Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale du Canada, est candidate à la succession d'Abdou Diouf. (AFP/Cole Burston.)

    Ebola en toile de fond

    Outre un contexte international «perturbé par les menaces récurrentes sur la paix, une crise économique aiguë», ce sommet devrait être marqué par le «péril d'Ebola qui annihile les efforts de développement» des Etats touchés, comme l'a résumé mercredi le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye.

    Après avoir été accueillie en grande pompe par le président sénégalais Macky Sall, les participants au sommet ont été priés de prendre leur température à l'entrée du centre pour vérifier l'absence de fièvre, l'un des symptômes d'Ebola. Une vingtaine d'artistes d'Afrique de l'Ouest, dont les chanteurs maliens Amadou et Mariam et le rappeur burkinabé Smockey, ont récemment exhorté les chefs d'Etat francophones à apporter une réponse politique à l'épidémie.

    Selon plusieurs responsables gouvernementaux et d'organisations internationales réunis cette semaine à Dakar, la Francophonie devait investir «plus et mieux» dans la santé. L'Afrique de l'Ouest est en proie à la pire épidémie d'Ebola depuis 38 ans, avec près de 5.700 morts en presque un an, essentiellement dans trois Etats : Liberia, Sierra Leone et Guinée.

    La destitution de Compaoré, une «leçon» selon Hollande

    En coulisses, la chute de Blaise Compaoré, au pouvoir au Burkina Faso depuis 1987, épisode inédit qui a donné matière à réflexion à plus d'un chef d'Etat africain, devrait être de toutes les discussions. François Hollande a donné le ton avant son arrivée à Dakar en exhortant les dirigeants à ne pas s'accrocher au pouvoir comme Blaise Compaoré, qui avait annoncé un projet de révision constitutionnelle pour lui permettre de briguer un nouveau mandat.

    Le président français a estimé lors d'un entretien radio-télévisé vendredi que la destitution du président burkinabé sous la pression populaire pouvait «servir de leçon à beaucoup de chefs d'Etat, et pas seulement en Afrique». S'agit-il pour autant des prémices d'un «printemps africain» ? Abdou Diouf, qui se retire ce week-end de la vie publique à 79 ans avec la réputation d'un vieux sage, a dit ne pas «du tout» y croire.

    Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa, qui conduit la délégation de son pays, berceau des révolutions arabes, a déclaré pour sa part que cette expérience «ne servirait pas de modèle», compte tenu des spécificités de chaque Etat, «mais d'espoir» pour tous les peuples aspirant à la liberté ou la démocratie.