Tunisie : démocratie, acte II

Après s'être dotés d'un Parlement, les Tunisiens élisent leur président. Un deuxième tour devrait opposer le sortant, Moncef Marzouki, au favori, Béji Caïd Essebsi.

De notre envoyé spécial à Tunis,

Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi devraient sortir en tête de ce premier tour et s'affronter pour le second tour le 28 décembre.
Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi devraient sortir en tête de ce premier tour et s'affronter pour le second tour le 28 décembre. © Fethi Belaid/AFP

Temps de lecture : 2 min

Colonne vertébrale de Tunis, l'avenue Habib-Bourguiba est également l'épicentre de la vie politique nationale. C'est ici que les Tunisiens se sont rassemblés pour célébrer la chute de Ben Ali, il y a près de quatre ans, ici également que s'est focalisée la campagne pour la présidentielle dont le premier tour a lieu ce dimanche. Et le terre-plein central de la prestigieuse artère n'était ni trop long ni trop large pour contenir les stands des principaux candidats rivalisant de décibels : pour cette première élection d'un chef de l'État au suffrage universel, pas moins de 27 prétendants ont été autorisés à concourir. Ils étaient initialement 70...

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Une surabondance telle que, pour aider les électeurs à s'y retrouver, la commission électorale a attribué un numéro à chacun. L'éparpillement des suffrages rendant peu probable la victoire d'un candidat dès le premier tour, celle-ci devrait se jouer au second, le 28 décembre, entre le candidat n° 7 et le n° 24. Soit respectivement Béji Caïd Essebsi, chef du parti Nidaa Tounes, grand vainqueur des législatives du 26 octobre, et Moncef Marzouki, le président sortant qui avait été élu en 2011 par l'Assemblée constituante.

Le premier nommé tiendrait la corde, mais ce pronostic relève plus de la pifométrie que de la science politique dans un pays qui en est encore à découvrir les joies de la démocratie et où la fiabilité des sondages est donc très aléatoire. Tout dépendra de la capacité de chaque duelliste à fédérer, au-delà de son électorat captif. C'est particulièrement vrai de Marzouki, le plus à même de récupérer les soutiens d'Ennahda, parti islamiste qui a renoncé à présenter un candidat.

Bizutage

Que cette formation qui a tenu le haut du pavé pendant la période de transition consécutive à l'éviction de Ben Ali fasse l'impasse sur le scrutin peut paraître surprenant. Mais son sens aigu du rapport de force l'incite à privilégier "le coup d'après". Elle est moins intéressée par la fonction suprême et ses pouvoirs limités que par les négociations qui s'ouvriront en janvier et devront accoucher d'un gouvernement de coalition.

Deux logiques s'affronteront alors : l'une arithmétique, l'autre politique. La première imposerait la formation d'une coalition rassemblant les deux blocs qui, ensemble, jouissent d'une solide majorité à l'Assemblée : Nidaa Tounes et Ennahda. La logique politique laisse, en revanche, dubitatif sur la viabilité d'un attelage qui unirait, d'un coté, une formation moderniste et largement laïque, de l'autre, des émules des Frères musulmans égyptiens, qui couvrent un large spectre, de l'islamisme modéré aux confins du salafisme.

Ce bizutage démocratique impose aux différentes parties un devoir d'exemplarité. Car c'est en Tunisie qu'est né le Printemps arabe ; c'est aussi en Tunisie qu'il promet encore un été. Tous les autres pays touchés (Égypte, Libye, Syrie) sont passés directement en automne, voire en hiver.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (6)

  • Massi06

    Pourquoi la France se mêle t'elle autant des affaires tunisiennes ? Je ne suis pas contre une couverture à titre informatif mais à nous pondre des articles toutes les 2 secondes sur la Tunisie me semble suspecte !
    N'avons pas assez de problèmes en France ?

  • shaï

    Soyons sérieux. Pourquoi pas égalité femmes / hommes ?

  • MissPic

    Je pensais que pour une fois un parti islamiste renonçait à imposer la religion dans un débat démocratique. Que vous disais-je : illusion