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Valls en Chine : comme un chef d’Etat…

Le premier ministre se rend en République populaire de Chine pour une visite officielle de trois jours, du 29 au 31 janvier.

Publié le 27 janvier 2015 à 17h39, modifié le 19 août 2019 à 13h39 Temps de Lecture 4 min.

Francois Hollande et Manuel Valls, à L'Elysée le 28 janvier.

La vie continue aussi pour Manuel Valls. Le premier ministre, exclusivement concentré ces derniers jours sur la gestion française de la crise provoquée par les attentats des 7, 8 et 9 janvier, va changer d’air et de climat politique cette semaine. M. Valls doit se rendre en République populaire de Chine pour une visite officielle de trois jours, du 29 au 31 janvier. Un voyage programmé de longue date pour le chef du gouvernement, moins de deux ans après celui effectué par François Hollande en avril 2013.

Les tribulations en Chine du premier ministre, à dominantes très économiques, interviennent alors que M. Valls sort largement renforcé de la séquence de ces deux dernières semaines. Pour la première fois depuis de longs mois, le chef du gouvernement a de nouveau crevé des plafonds de popularité dans les sondages, avec 63 % de « bonnes opinions » selon une enquête d’Odoxa publiée dimanche 25 janvier par Le Parisien. Si le chef de l’Etat connaît lui aussi un regain de popularité, son premier ministre se détache néanmoins, au point qu’il ferait même un « meilleur » président de la République que François Hollande pour 72 % des sondés.

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Des résultats qui tombent à point nommé pour donner à son déplacement asiatique une tonalité toute présidentielle et ajouter ainsi au profil politique de M. Valls une dimension qui lui manque encore. S’ils n’utilisent pas clairement la comparaison, ses proches laissent entendre que le chef du gouvernement français est attendu comme un véritable chef d’Etat par le régime chinois. « Il va être très bien reçu, les dirigeants de la Chine sont très intéressés par lui car il incarne une certaine modernité française », explique son entourage, faisant référence aux trois entretiens en tête à tête prévus avec le président Xi Jinping, son premier ministre Li Keqiang et le président de l’Assemblée populaire nationale Zhang Dejiang.

Le premier ministre, qui a préparé son voyage en recevant lundi 26 janvier à Matignon plusieurs universitaires français spécialistes du monde chinois, a de son côté l’intention d’« établir une relation personnelle avec les hauts dirigeants » de la République populaire, précise Matignon.

Un discours « pro-business »

S’il doit – actualité oblige – évoquer avec eux la lutte contre le terrorisme, comme la question environnementale avant la conférence mondiale pour le climat programmée à Paris à la fin de l’année, Manuel Valls a décidé d’axer principalement son déplacement sur les sujets économiques. Accompagné par une cinquantaine de dirigeants de grands groupes industriels français (Areva, EDF, GDF-Suez, Thales, LVMH, Sanofi-Pasteur…) et de PME
dans les secteurs de l’agroalimentaire ou des assurances, il doit visiter l’usine d’assemblage franco-chinoise d’Airbus dans la ville de Tianjin, le centre de recherche et développement de Michelin à Shanghaï, et signer à Pékin plusieurs accords commerciaux ou, tout du moins, des « lettres d’intention » dans les domaines des transports, de la santé ou de l’aéronautique.

Surtout, le premier ministre qui « aime les entreprises » entend tenir dans l’empire du milieu un discours très « pro-business », comme il l’a fait à chaque fois ces derniers mois au cours de sa tournée dans les capitales européennes. « Il veut assurer à la Chine que la France est
ouverte à ses entreprises et à ses investisseurs. Il va dire aux Chinois : “Vous êtes les bienvenus en France : nous voulons plus de vos investissements, plus de partenariats économiques avec vous, plus de vos touristes en France” »,
annonce son entourage. Une ode à la première puissance économique mondiale dictée par le niveau insuffisant des échanges
économiques entre les deux pays alors que la part de marché de la France en Chine n’a atteint que 1,18 % en 2013 contre près de 4,8 % pour l’Allemagne, selon les données du Quai d’Orsay en novembre 2014.

Cette nouvelle dimension de chef d’Etat pour M. Valls, combinée à de très bons sondages de popularité, peuvent-ils à terme tendre ses relations avec François Hollande ? Sans surprise, le premier ministre répond qu’il n’en est rien. Il explique au contraire que le duo exécutif sort plus renforcé que jamais par sa gestion conjointe des événements terroristes et va même
jusqu’à se placer en retrait de M. Hollande qui « a été en phase absolue avec le pays » depuis le 7 janvier, confie-t-il en privé.

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Mais dans le même temps, le premier ministre considère que le retournement spectaculaire de l’image du président de la République auprès des Français ne peut pas être interprété à long terme. « C’est encore trop tôt pour dire que François Hollande a tué le match à gauche pour la présidentielle. 2017, c’est trop loin pour être catégorique et le nouvel équilibre actuel reste fragile », explique un proche de M. Valls qui ajoute, cruel, qu’« il ne faut jamais oublier que Churchill a été écarté par les Britanniques juste après la seconde guerre mondiale ».

Lors de ses vœux à la presse, le 20 janvier, le chef du gouvernement a évoqué lui-même ses propres ambitions élyséennes, dans des termes qui peuvent toujours laisser planer un doute sur ses véritables intentions.

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