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A Calais, le business des migrants

La zone de frêt Transmarck, près de Calais, sert de plaque-tournante au trafic de clandestins candidats à l’exil en Angleterre. Egyptiens, Kurdes, Erythréens, Albanais se disputent le contrôle du territoire et le partage d’un juteux « marché ».

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Publié le 14 octobre 2014 à 09h38, modifié le 19 août 2019 à 14h35

Temps de Lecture 9 min.

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Dans les rayons du magasin, on vend de la bière, du whisky, des liqueurs et des gâteaux pour l’apéritif. Dehors sur le parking, à quelques mètres de là, on se livre au commerce des hommes. Bienvenue dans la zone de frêt Transmarck, en lisière de Calais, à deux heures de Londres et de Bruxelles ! Des Africains, des Afghans et des Syriens, transformés en marchandise, y déboursent plusieurs milliers d’euros pour se rendre en Angleterre.

L’endroit est devenu, en un peu plus de dix ans, l’une des places fortes du trafic de migrants dans le Calaisis. Tout se passe sur le parking, à peine plus grand qu’un terrain de tennis, où stationnent les camions en route pour le Royaume-Uni. Presque à la vue de tous. La police y passe plusieurs fois par jour pour casser le rythme du trafic et dissuader les passeurs. Mais arrête-t-on l’eau de couler ?

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Transmarck ressemble à première vue à une zone industrielle triste et fonctionnelle comme on les imagine toutes : deux rues, un rond-point, des entrepôts métalliques et des camions immatriculés un peu partout en Europe, garés en épis, serrés les uns contre les autres sur les aires de stationnement sécurisées des entreprises de la région. Seul le supermarché n’est pas clôturé par des grillages.

Cet après-midi de septembre, sous le ciel bas du Pas-de-Calais, les bosquets bruissent de mouvements inquiets. Ce sont des Afghans qui occupent la place. Une quinzaine d’hommes, à croupetons dans l’herbe et les cailloux, sac sur le dos, guettent les camions immobiles devant le magasin, juste de l’autre côté de la route. Dès qu’un poids-lourd coupe son moteur, les jeunes gens bondissent, traversent la rue et tentent de se faufiler à l’intérieur. Chaque tentative est un échec. Les routiers veillent. A les observer ainsi, on pourrait croire les assauts spontanés. Des « montées sauvages » comme disent les policiers.

Ahmad, 26 ans, un étudiant venu de Kaboul, fait trois pas à l’écart des autres pour ne pas les perturber. Il roule une feuille de papier à cigarette entre ses doigts, qu’il colle d’un coup de langue. « Nous avons jusqu’à 18 heures pour monter dans les camions, après il faudra qu’on laisse la place aux Africains. Passé cette heure-là, on ne nous laisse plus grimper. On ne peut recommencer que le lendemain matin à partir de 6 heures. A ce moment-là, il y a encore un peu de nuit, c’est notre meilleure chance. »

5 000 euros pour un « passage assuré »

Voilà une chose bien surprenante. Il y aurait des horaires pour risquer sa vie afin de passer en Angleterre ? Ahmad semble soudain confus. Il n’est arrivé que depuis quatre jours à Calais, dit-il, et il se contente de faire ce que font les autres Afghans. Et eux n’ont pas le droit d’être présents sur la zone de stationnement de nuit à ce qu’on lui a dit. Pourquoi ? Il ne sait pas. A-t-il payé pour avoir le droit d’être là ? Il ne répond pas.

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