Collioure: alerte à la pénurie d’anchois !

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  • "Nous dépendons de l’importation à 70 % et notre principal fournisseur, l’Argentine, n’a récolté que 800 tonnes au lieu des 13 000 cumulées depuis le début de l’année" explique-t-on à la maison Roque
    "Nous dépendons de l’importation à 70 % et notre principal fournisseur, l’Argentine, n’a récolté que 800 tonnes au lieu des 13 000 cumulées depuis le début de l’année" explique-t-on à la maison Roque CORINE SABOURAUD
  • Le célèbre poisson se fait de plus en plus rare dans l’assiette et de plus en plus cher à l’achat Le célèbre poisson se fait de plus en plus rare dans l’assiette et de plus en plus cher à l’achat
    Le célèbre poisson se fait de plus en plus rare dans l’assiette et de plus en plus cher à l’achat DENIS DUPONT
  • L’anchois souffrirait d’un manque nutritionnel en raison d’une acidification des eaux
    L’anchois souffrirait d’un manque nutritionnel en raison d’une acidification des eaux VINCENT COUTURE
  • "Nos entreprises souffrent car elles sont en monoculture. Il va falloir travailler d’autres types de produits et trouver de la place", explique le maire Jacques Manya
    "Nos entreprises souffrent car elles sont en monoculture. Il va falloir travailler d’autres types de produits et trouver de la place", explique le maire Jacques Manya CORINE SABOURAUD
Publié le , mis à jour
Vincent Couture

L’anchois se fait rare dans l’assiette, les prix flambent et les saleurs de Collioure trinquent. La communauté scientifique s’interroge face à la raréfaction du célèbre poisson.

« Quand on parle d’anchois, on pense à Collioure. » Le maire Jacques Manya a de quoi se faire du mauvais sang. Car l’anchois déchante et les saleurs trinquent, eux qui dès le Moyen-Âge ont apporté à la ville ses lettres de noblesse.

Victime d’une pénurie à grande échelle, le célèbre poisson se fait de plus en plus rare dans l’assiette et de plus en plus cher à l’achat. Implacable loi d’un marché qui traverse depuis deux ans une crise sans précédent en plus d’un siècle. Les “Anchois Desclaux” constatent ainsi une « une baisse constante depuis vingt ans », qui rappelle la période sèche des années 1900.

Dans la maison d’en face, les “Anchois Roque” tirent carrément la sonnette d’alarme : « Nous dépendons de l’importation à 70 % et notre principal fournisseur, l’Argentine, n’a récolté que 800 tonnes au lieu des 13 000 cumulées depuis le début de l’année. Si la situation perdure, ça va devenir plus que compliqué. »

Pourquoi les anchois baissent-ils partout en nombre et en calibre ? La question vire à l’existentiel chez tous les professionnels du secteur, notamment chez les deux derniers résistants de Collioure. Les Maisons Roque et Desclaux - 80 emplois à elles deux - ont effectivement quelques soucis à se faire.

Les campagnes de Méditerranée et du Golfe de Gascogne s’étant terminées sur une note décevante, elles dépendent maintenant de la production argentine, réduite à la portion congrue. En attendant, l’ardoise devient salée, avec des prix passant de 2,50 francs le kilo à 7 euros le kilo en une vingtaine d’années.

  • Dérèglement de l’écosystème ?

Jacques Manya ne peut que constater son impuissance face à l’ampleur et à la complexité du problème. « La raréfaction des anchois est préoccupante car elle est structurelle. Il y a de quoi être inquiet pour la réalité du marché économique et écologique. » Face à cette inconnue, de nombreux axes de recherche ont été lancés, notamment à l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer.

En attendant leurs conclusions, aucune hypothèse n’est écartée, pas même la pire faisant état d’un dérèglement de l’écosystème. L’Europe aurait beau jeu de stigmatiser la surproduction dans l’Atlantique Sud (la pêche n’est pas encadrée), la pénurie est malheureusement visible partout. Ainsi, le Golfe de Gascogne s’est vu imposer un moratoire de 2005 à 2010 mais, si la biomasse de l’anchois s’est régénérée, ce dernier n’a pas atteint son niveau d’origine.

Une piste semble se dégager : l’anchois souffrirait d’un manque nutritionnel en raison d’une acidification des eaux. Quoi qu’il en soit, sauvegarde de la biodiversité et bonne santé économique vont de pair sur la côte Vermeille où, autrefois, le ravissant port était spécialisé dans les salaisons de poisson : thons, sardines et anchois. La diversité.

Ce n’est plus désormais une question de choix mais de nécessité, selon Jacques Manya. « Nos entreprises souffrent car elles sont en monoculture. Il va falloir travailler d’autres types de produits et trouver de la place. Ma responsabilité de maire est de les aider. Plus que jamais nous avons besoin d’agrandir le parc d’activité de Collioure. » D’ici là, il faudra peut-être aller chercher l’anchois en Chine.
 

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Les commentaires (15)
campanar Il y a 9 années Le 26/10/2014 à 20:09

Chester,

tout le monde sait que l'anchois de Collioure n'est plus de méditerranée et encore moins de Collioure depuis bien longtemps sauf en de rares occasions d'opportunité... d'ailleurs il n'y a plus de pêcheurs à Collioure sinon un petit métier ...

Il a l'appellation Collioure parce qu'il est transformé à Collioure .

La logique commerciale a voulu qu'ils achètent moins cher donc pas en méditerranée ... on peut le déplorer mais c'est un fait économique général à tous les secteurs !!!

Si vous dîtes qu'il y a de l'anchois chez nous, une autre logique voudra qu'ils reviennent vers vous s'ils n'en trouvent pas ailleurs ... c'est tout con !!!

jaime pau Il y a 9 années Le 26/10/2014 à 20:05

chester66 belle mise au point, merci.

paillotte Il y a 9 années Le 26/10/2014 à 19:54

@Chester66: ça c'est du commentaire vrai !!! bravo à vous !!