Attentats : l'Egypte décrète l'état d'urgence sur une partie du Sinaï

Attentats : l'Egypte décrète l'état d'urgence sur une partie du Sinaï

    Après un attentat contre des soldats particulièrement meurtrier, l'Egypte a décrété vendredi l'Etat d'urgence de trois mois sur une partie du nord et du centre de la péninsule du Sinaï, bastion des jihadistes. Cet état d'urgence débutera samedi à 5 heures, «pour une durée de trois mois» et s'accompagne d'un couvre-feu, selon le communiqué de la présidence.

    Un kamikaze a tué vendredi au 28 soldats en précipitant sa voiture bourrée d'explosifs contre un barrage de l'armée dans le nord Sinaï. Il y aurait une trentaine de blessés. C'est l'attentat le plus meurtrier visant les forces de l'ordre égyptiennes depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

    Le président Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée et architecte de l'éviction de Mohamed Morsi élu démocratiquement après la chute de Moubarak, a annoncé trois jours de deuil national et convoqué une réunion du Conseil de défense nationale «afin de suivre les développements dans le Sinaï». L'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné l'attaque, Washington affirmant que les autorités américaines «souten(aient) les efforts du gouvernement égyptien pour contrer la menace terroriste dans le pays».

    Les attaques se multiplient

    Dans un incident séparé vendredi, des hommes armés ont tué un officier et blessé un soldat à un barrage au sud d'Al-Arich. D'abord cantonnées au nord du Sinaï, région montagneuse et désertique jouxtant Israël et la bande de Gaza palestinienne, les attaques jihadistes ont gagné le delta du Nil et la capitale. Mercredi, au moins six policiers et trois passants ont ainsi été blessés par l'explosion d'une bombe devant l'entrée de l'université du Caire. Cet attentat a été revendiqué par le groupe jihadiste Ajnad Misr. Dimanche, sept soldats ont été tués dans l'explosion d'une bombe au passage de leur véhicule au sud d'Al-Arich, dans le nord du Sinaï.

    Un autre groupe jihadiste basé dans le nord du Sinaï, Ansar Beït al-Maqdess (Les Partisans de Jérusalem), a revendiqué la plupart des attentats visant les forces de sécurité depuis l'été 2013. Ce groupe, s'inspirant d'al-Qaïda, a récemment exprimé son «soutien» à l'organisation Etat Islamique (EI), qui s'est emparé de larges territoires en Irak et en Syrie où il sème la terreur.

    Abdel Fattah al-Sissi, confortablement élu à la présidence en mai après avoir éliminé toute opposition islamiste comme libérale, est accusé d'instaurer un régime encore plus répressif que celui de Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire en 2011. Il s'est «débarrassé» de Morsi et arrêté la plupart des dirigeants de la confrérie des Frères musulmans.

    L'armée est accusée d'avoir tué plus 1 400 militants islamistes notamment lors de la répression de manifestations. Des centaines de pro-Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'histoire récente» du monde. Le nouveau rais égyptien a mis «hors du jeu politique» la confrérie islamiste qu'il a qualifiée de «terroriste». Il est accusé aussi d'avoir museler toute opposition des démocrates.