La police turque a procédé mercredi 1er avril à une série d'arrestations dans tout le pays parmi des proches du groupe clandestin d'extrême gauche à l'origine de la prise d'otage qui s'est soldée la veille par la mort d'un magistrat et des deux militants qui le retenaient. En début de matinée, vingt-deux étudiants soupçonnés d'être proches du Parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), qui a revendiqué la prise d'otage de mardi, ont été arrêtés à Antalya, dans le sud de la Turquie.
Selon l'agence de presse Dogan, la police a lancé son raid après avoir reçu des renseignements laissant penser que le parti préparait d'autres opérations similaires à celle menée au palais de justice d'Istanbul. Interrogé par Dogan, un avocat des étudiants interpellés a démenti ces allégations. Cinq membres présumés du DHKP-C ont également été arrêtés à Izmir (Ouest), où des documents et des munitions ont été saisis, puis cinq autres à Eskisehir (Centre).
Les unités spéciales des forces de l'ordre sont intervenues mardi soir contre deux militants armés proches du groupe marxiste, connu pour de nombreux attentats commis en Turquie depuis les années 1990, qui retenaient depuis plusieurs heures un magistrat et menaçaient de le tuer.
Des robes d'avocat cachaient les armes
Le magistrat, Mehmet Selim Kiraz, était chargé de l'enquête sur la mort de Berkin Elvan, le 11 mars 2014. Le garçon de 15 ans avait passé deux cent soixante-neuf jours dans le coma après avoir été touché par un tir de grenade lacrymogène lors d'une manifestation à Istanbul en 2013.
En mars 2014, l'annonce de la mort de l'adolescent avait fait descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues en Turquie. De nombreux manifestants ont encore commémoré sa disparition le 11 mars. Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs.
Selon la version officielle, les assaillants auraient revêtu des robes d'avocat pour cacher leurs armes et pénétrer au sein du tribunal de Çaglayan mardi soir. Leur entrée aurait été facilitée par le fait que les portiques de détection ne fonctionnaient pas en raison d'une panne monstre d'électricité qui a paralysé, plusieurs heures durant, les transports et la vie quotidienne de plusieurs grandes villes du pays.
En échange de la libération du procureur les preneurs d'otage réclamaient des « confessions publiques » des policiers responsables de la mort de l'adolescent. Ils exigeaient également leur jugement devant un « tribunal populaire » et l'acquittement des personnes poursuivies pour avoir participé aux manifestations de protestation contre la mort de Berkin Elvan.
Heurts à Istanbul
Des affrontements ont eu lieu dans la nuit de mardi 31 mars à mercredi 1er avril entre la police et des manifestants. La mort des militants preneurs d'otage a suscité la colère des habitants du quartier populaire de Gazi, théâtre de fréquentes échauffourées, où le DHKP-C compte des sympathisants. La police y a eu recours aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau pour empêcher les manifestants d'approcher d'un commissariat.
La police a dispersé d'autres manifestants à Okmeydani, quartier d'où était originaire Berkin Elvan, dans le centre d'Istanbul, rapporte le journal Radikal sur son site Internet.
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