L'EI entre pour la première fois à Damas et y prend un camp palestinien

Lors d'un assaut éclair, les djihadistes de l'EI se sont emparés de la majorité du camp Yarmouk, un quartier du sud de la capitale syrienne.

Source AFP

File d'attente pour une distribution de vivres dans le camp de Yarmouk, le 31 janvier 2014 (photo d'illustration).
File d'attente pour une distribution de vivres dans le camp de Yarmouk, le 31 janvier 2014 (photo d'illustration). © AP/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Le groupe djihadiste État islamique (EI) a pénétré mercredi pour la première fois à Damas, un fief du régime syrien, en s'emparant d'une grande partie du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. Ailleurs dans le pays en guerre depuis plus de quatre ans, des insurgés tentaient de prendre le dernier point de passage frontalier avec la Jordanie, dans le Sud syrien. Lors d'un assaut éclair, les djihadistes de l'EI se sont emparés de la majorité du camp Yarmouk, un quartier du sud de la capitale syrienne, a affirmé le directeur des affaires politiques de l'OLP en Syrie, Anouar Abdel Hadi, en faisant état de la poursuite de combats dans certains secteurs entre djihadistes et groupes palestiniens. C'est la première fois que l'organisation djihadiste, qui contrôle depuis 2013 de vastes régions du Nord syrien, pénètre dans la capitale syrienne.

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Le camp, situé à environ sept kilomètres du centre de Damas, comptait 160 000 habitants syriens et palestiniens avant le début du conflit en mars 2011, contre 18 000 actuellement. En février 2014, des groupes rebelles syriens s'en étaient retirés à l'issue d'un accord avec les groupes armés palestiniens anti-régime. Depuis l'armée l'assiégeait et les habitants souffraient de pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments. "Les combattants de l'EI se sont emparés de la plus grande partie du camp et sont arrivés à l'hôpital Palestine et la rue 15, au centre", a dit le responsable de l'OLP.

Appel à protéger les civils

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a expliqué que les djihadistes s'y étaient infiltrés à partir de la localité rebelle Hajar al-Aswad, contiguë au camp, et fait état d'au moins deux morts dans les combats. Selon cette ONG, l'armée a bombardé ensuite avec l'artillerie et l'aviation le camp et Hajar al-Aswad. L'émergence de l'EI dans le conflit syrien a compliqué la donne, car si le groupe extrémiste considère le régime de Damas comme son ennemi, il combat également les autres groupes rebelles, dans sa quête d'hégémonie territoriale. D'après un militant du camp, l'EI a lancé l'assaut après l'arrestation de deux de ses membres dans le camp soupçonnés d'implication dans le meurtre d'un responsable du Hamas palestinien, imputé à l'EI. Selon le militant et l'OSDH, le groupe qui tente de résister à l'EI dans le camp est celui des "Phalanges Aknaf Beit al-Maqdess", proche du Hamas, qui a réussi à reprendre du terrain sur l'EI.

Les intentions de l'EI, un mouvement responsable d'atrocités et accusé de crimes contre l'humanité, n'étaient pas claires dans l'immédiat. Dans un communiqué, l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a demandé "fermement à toutes les parties (en conflit) d'assurer la protection des civils à Yarmouk, de mettre fin aux combats, et de revenir à une situation permettant à ses équipes d'aider les habitants".

Combats près de la Jordanie

Une semaine après la prise par les rebelles de l'antique Bosra al-Cham dans le sud du pays, des combats opposaient mercredi dans un secteur proche des groupes rebelles à l'armée aux abords du dernier poste-frontière avec la Jordanie encore aux mains du régime, selon l'OSDH. Les insurgés ont pu encercler le poste Nassib et s'ils "parviennent à le prendre, cela mettra fin à la présence du régime à la frontière jordanienne", a dit l'OSDH. L'armée tente de les repousser avec des raids de son aviation larguant des barils d'explosifs, principal atout du régime dans sa guerre contre les insurgés. C'est par ce poste-frontière que passent les marchandises du secteur gouvernemental à destination de la Jordanie puis du Golfe.

En revanche, l'armée, aidée du Hezbollah libanais, a conquis des hauteurs dominant Zabadani, ville rebelle à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Damas et frontalière du Liban. Selon une source de sécurité, le but est de fermer dans la province de Qalamoun, où se trouve Zabadani, tous les points de passage d'armes et de rebelles avec le Liban.

Le conflit en Syrie, déclenché par la répression par le régime d'un mouvement de contestation populaire, a fait plus de 215 000 morts et poussé à la fuite des millions de Syriens.

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Commentaires (2)

  • rondelette

    Tous les peuples du monde pou défendre tous les lieux pris par ces malades !

  • enolane

    ... Et il va falloir se décider une bonne fois pour toutes ! Que ces djihadistes aient pu aller jusque à pénétrer dans Damas est bien évidemment mauvais signe, et si on ne se dépêche pas, le scénario catastrophique où l'EI prendrait le contrôle d'un pays tout entier pourrait être plus qu'une éventualité.

    Et pourtant on continue de refuser de collaborer avec Bachar, qui est le seul rempart contre les islamistes et les djihadistes dans cette région du monde avec Israël, quoi qu'il ait pu faire à côté. On continue de laisser en liberté des gens qui viennent sans cesse grossir les rangs de l'EI alors que les troupes syriennes, elles, ne vont pas se renouveler comme par magie. On continue de ne rien dire contre la Turquie qui laisse complaisamment passer les djihadistes de la Terre entière vers la Syrie comme si c'était un gigantesque hall de gare. On continue d'appeler au padamalgame alors que tous ces " cas isolés " sont suffisamment nombreux pour tenir tête à un pays tout entier ainsi qu'aux frappes aériennes occidentales, mais on ne dit pas un mot ou presque sur les persécutions et les atrocités qu'ils commettent tous les jours. Quand va-t-on enfin ouvrir les yeux ? Ou au moins comprendre que la grippe vaut mieux que le choléra ?