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Victoire historique de la gauche radicale en Grèce

Syriza affiche une avance de plus de six points face à la droite (35,4 %- 29 %) après le dépouillement d'un quart des bulletins de vote. La majorité absolue n'est pas encore assurée.

Par  (Athènes, correspondance) et  (Athènes, envoyé spécial)

Publié le 25 janvier 2015 à 15h48, modifié le 19 août 2019 à 13h40

Temps de Lecture 3 min.

Syriza, le parti de gauche radicale anti-austérité, devance de plus de huit points le parti de droite au pouvoir, selon un sondage sorti des urnes.

La victoire de Syriza est assurée, seule la question de la majorité absolue au Parlement est encore en jeu. Après le dépouillement d'un quart des bulletins de vote, Syriza affiche, dimanche 25 janvier, une avance de plus de six points face à la droite (35,4 %- 29 %). Les projections en siège donnent au parti d’Alexis Tsipras, qui deviendra le plus jeune premier ministre grec en 150 ans, entre 149 et 151 sièges. S’il n’obtient pas de majorité absolue, Syriza devra mettre en place des alliances ou une coalition pour gouverner le pays.

A son arrivée, en voiture, vers 10 h 40, au bureau de vote du quartier populaire de Kypséli, non loin de son domicile personnel, deux gardes du corps se sont précipités pour tenter de lui ouvrir un passage dans une cohue de plusieurs centaines de journalistes et caméras du monde entier, la plupart arrivées dès 6 h 30 du matin. Après avoir glissé son bulletin dans l’urne sous les flashs des photographes, le président du parti de la gauche radicale a dû monter sur une table dans le hall principal de l’école pour arriver à se faire entendre.

900 journalistes internationaux

Entre d’un côté la bataille des journalistes pour avoir le meilleur plan ou la meilleure photo et de l’autre une dizaine de militants criant à plein poumons le slogan « Le temps de la gauche est arrivé ! », Alexis Tsipras a donné, en grec, puis en anglais, un dernier message aux électeurs grecs :

« Le choix est plus clair que jamais. Soit la troïka revient et poursuit le travail de Samaras et la catastrophique politique d’austérité, soit on va vers une renégociation dure et difficile avec nos partenaires pour reconquérir une vie digne. »

Le mot de « dignité » est d’ailleurs revenu à quatre reprises dans son discours, qu’il a complété en anglais en disant que « le temps de la démocratie, de la solidarité et de la coopération » était arrivé. M. Tsipras arborait un sourire, franc, épanoui : « Notre avenir commun en Europe n’est pas celui de l’austérité, c’est celui de la démocratie, de la solidarité et de la coopération. »

Même dans un bureau de vote du quartier touristique de Plaka au centre d’Athènes, il y a presque davantage de journalistes que de votants. De la télévision russe à des journalistes japonais, les caméras se pressent pour sonder le cœur des électeurs grecs. Le monde entier a de nouveau les yeux tournés vers la Grèce. Quelque 900 journalistes internationaux sont accrédités pour ces élections, alors qu’il n’y en avait que 700 lors des législatives de 2012.

« On veut retrouver notre honneur »

Une électrice, Areti, ne veut pas dire pour qui elle vote, mais fait clairement comprendre qu’elle ne choisira le parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie. « Les choses doivent changer. Il faut que l’on puisse retrouver un peu d’espoir. Pendant ces années de crise, les Grecs ont été déshonorés devant le monde entier. On veut retrouver notre honneur. »

Katarina clame haut et fort qu’elle a voté Syriza « car c’est le seul moyen de retrouver notre dignité » et espère que le parti « aura une majorité absolue ». Pour Vassilis Sklias, un ancien fonctionnaire européen, cette majorité est nécessaire pour faire passer les réformes : « Il faut assainir la fonction publique pour mettre fin au système clientéliste créé par le Pasok et Nouvelle démocratie, avec leurs cortèges d’employés du parti. » Il espère que l’Europe va tenir compte du message venu de Grèce. « Que va-t-il se passer si on attaque cette gauche pro-européenne ? Cela profitera à l’extrême droite anti-européenne. On est prêts à discuter. Nous voulons rester dans le cadre institutionnel européen. Nous ne voulons pas devenir Cuba. »

Alex, un ingénieur venu avec ses deux enfants, claironne qu’il a voté Nouvelle Démocratie « même s’ils ont fait de mauvaises choses ». Il n’est pas effrayé par une victoire de Syriza, qui ne lui fait pas perdre son sourire : « Ils ont promis tellement de choses que tout le monde sait qu’ils ne pourront pas les appliquer, et heureusement, car elles sont dangereuses. Dès lundi, ils reviendront à la raison et suivront les règles. »

« Les lendemains seront difficiles »

Sur la place Syntagma, le stand de Nouvelle Démocratie est presque désert. Une poignée de militants discutent. Antonis Birbilis s’occupe de ce stand depuis plusieurs élections. Il espère encore que les indécis peuvent encore changer les événements, mais il n’y croit guère. Et il a peur : « Tsipras va rapidement décevoir ses électeurs. Il donne de l’espoir à tout le monde, mais les lendemains seront difficiles. »

Lire aussi : Concrètement, que peut changer l'arrivée de la Syriza à la tête de la Grèce ?

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Loin d’Athènes et des caméras de télévision étrangères, le premier ministre, Antonis Samaras, a voté dans son fief de Pylos, dans le Péloponnèse. « Aujourd’hui, nous décidons si nous avançons ou si nous nous lançons dans l’inconnu » – M. Samaras, qui parle bien français, doit connaître Baudelaire. Les Grecs aujourd’hui sont bien tentés de « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. »

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