Orange pourrait profiter des grandes manoeuvres dans les télécoms pour sortir de Grande-Bretagne
L’opérateur historique français cherche à céder sa participation dans EE, sa filiale commune avec Deutsche Telekom.
Par Fabienne Schmitt
Et Orange dans tout cela ? L’opérateur historique français pourrait avoir une carte à jouer dans les grandes manoeuvres qui se profilent outre-Manche. Il s’interroge depuis plusieurs mois sur l’avenir de sa participation dans EE (anciennement Everything Everywhere), sa filiale commune à 50-50 avec l’allemand Deutsche Telekom en Grande-Bretagne.
EE est le plus grand opérateur mobile du Royaume-Uni, devant Vodafone, O2 et Hutchinson. Il est issu de la fusion des filiales de téléphonie mobile britanniques d’Orange et de T-Mobile (Deutsche Telekom) en 2010. Jusqu’ici, Deutsche Telekom et Orange privilégiaient l’option d’une introduction en Bourse de EE. Désormais, la piste d’un éventuel rachat par BT est sur la table. Mais l’affaire n’est pas gagnée puisque BT, qui veut se développer dans le mobile, a le choix entre deux rachats : EE, ou bien l’opérateur britannique O2 de l’espagnol Telefónica.
EE ou O2 ?
Pour BT, se mettre d’accord avec les deux copropriétaires de EE peut apparaître plus compliqué, sur le papier, que de s’entendre avec le seul et unique actionnaire de O2. D’autant que, si Orange est clair dans sa volonté de se défaire de sa part dans EE (« la situation à 50-50 n’est pas un schéma à long terme », répétait encore récemment Stéphane Richard, le PDG d’Orange, lors d’une conférence organisée par Morgan Stanley à Barcelone), Deutsche Telekom n’a jamais fait savoir officiellement quelles étaient ses intentions, ni son calendrier.
Quoiqu’il en soit, rien n’est joué à ce stade et toutes les options restent ouvertes. A supposer que BT finisse par racheter O2, EE n’aurait pas forcément tout perdu. « Pour EE, il vaut mieux que BT rachète O2 plutôt qu’il entre sur le marché mobile avec sa propre offre en cassant les prix. Si BT fait un chèque, il va chercher un retour sur investissement et ne pourra donc pas trop baisser les tarifs de O2 », décrypte Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James. C’est toujours cela de gagné pour Orange.
EE menacé de décote ?
Ce qui est sûr, c’est que l’entrée de BT sur le marché du mobile va jouer sur la valorisation de EE. Aujourd’hui, le consensus des analystes estime que l’actif vaut 10 milliards d’euros. Mais le « risque BT » sur le marché mobile peut générer une décote. Le temps ne joue donc pas forcément en faveur d’Orange.
La cession de la part d’Orange dans EE signerait la sortie de l’opérateur de Grande-Bretagne. Aujourd’hui, Orange a clairement fait le choix de l’Espagne, son deuxième marché après la France. Il est en train de racheter Jazztel, le quatrième opérateur espagnol, pour 3,4 milliards d’euros. Soit sa plus grosse acquisition depuis une dizaine d’années.Celle-ci s’inscrit pleinement dans sa stratégie d’être convergent partout (fixe-mobile), alors qu’en Grande-Bretagne, avec EE, il n’est présent que sur le mobile.
Fabienne Schmitt