Marseille 2012, Saint-Denis 2013, Pierrefitte 2014 : de la ratonnade au meurtre évité de justesse, ces trois lieux disent l'aggravation continue des violences contre les Roms ces dernières années en France.
Ces manifestations populaires de haine anti-Roms ont été symboliquement autorisées par des discours stigmatisant perclus de stéréotypes tenus par des figures d'autorités, parfois les plus hautes autorités de l'Etat.
Elles sont accompagnées depuis plusieurs années de la mise en acte de politiques toujours plus violentes à l'encontre des quelque vingt mille membres de cette petite communauté. Par exemple, jamais la France n'a expulsé autant de Roms qu'aujourd'hui, faisant parfois de certains individus de véritables réfugiés intérieurs sur le territoire national.
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Pour ce faire, il a fallu fouler aux pieds une certaine idée de la justice ainsi que le réalisme économique, car ces expulsions à répétition sont une aberration financière. Il a fallu également pour le gouvernement ne pas respecter certains de ses propres textes, comme sa circulaire du 26 août 2012 stipulant que les expulsions ne doivent être mises en acte qu'à la condition expresse que des solutions de relogement soient trouvées, afin de ne pas contraindre les expulsés au vagabondage. Il a fallu enfin brutalement révoquer un préfet républicain et humaniste qui s'obstinait, malgré les pressions, à se battre pour le respect de la loi.
Les conséquences de ces politiques sont désastreuses, notamment pour les jeunes générations. La moitié des enfants roms n'ont ainsi pas accès à l'instruction primaire, dans la majorité des cas à cause du refus d'inscription des maires, alors même que celle-ci est légalement obligatoire jusqu'à 16 ans. Les expulsions, répétées parfois plusieurs fois par an, parfois les veilles de rentrées scolaires, obstruent pour les enfants toute perspective d'éducation, donc d'insertion dans la société. C'est criminel pour la jeunesse et absurde pour le pays dont on ne règle pas les problèmes.
Similairement, les déclarations stigmatisant les Tsiganes, Gitans, Manouches, Sintis, Yéniches, gens du voyage, tous citoyens français, sont devenues rituelles. Elles sont également accompagnées du non-respect de lois par certains dépositaires de l'autorité publique. Par exemple, quatorze ans après la loi Louis Besson, un tiers des aires d'accueil devant être construites par les mairies manquent, et seuls 18 des 96 départements métropolitains atteignent les objectifs fixés dans leurs « schémas départementaux d'accueil des gens du voyage ».
Surtout, il perdure depuis plus d'un siècle (1912) une loi discriminatoire à l'encontre des gens du voyage, dite « loi de 1969 », année de sa « mise à jour ».
Partiellement censurée par le Conseil Constitutionnel en 2012, elle leur impose des papiers d'identité spécifiques, les « titres de circulation », véritables passeports intérieurs qu'ils doivent posséder et faire viser régulièrement par les forces de l'ordre. Elle impose également un « quota de population », leur interdisant de représenter plus de 3% de la population d'une commune...
A l'encontre de ces funestes dynamiques, de nombreuses institutions - communes, conseils régionaux - sont engagées avec efficacité, souvent dans la discrétion, pour construire des solutions aux problèmes posés. Loin de toutes essentialisation des populations concernées, elles mènent des projets d'insertion, utilisant notamment les fonds européens qui leur sont dédiés, et qui ne sont que très partiellement utilisés par les institutions nationales et locales.
De même, la société civile s'engage : simultanément avec quinze pays européens, nous nous rassemblerons, de manière festive et fraternelle, le dimanche 5 octobre prochain à 14h place de la République, pour la « Roma Pride - marche pour la dignité des Roms et des gens du voyage ».
Ensemble, nous contribuerons à restaurer le respect de la dignité et la fierté de ceux qui sont discriminés voire persécutés en France comme ailleurs sur le continent, en donnant corps à une Europe de la solidarité.
Venus de différents horizons, d'origines et de croyances variées, nous réclamerons :
En particulier, la moindre des choses serait que le gouvernement respecte les lois et circulaires de la République, en particulier celle du 26 août 2012.
Le 5 octobre prochain, faisons vivre les valeurs de la solidarité et de l'égalité avec la Roma Pride !
La Roma Pride aura lieu ce dimanche 5 octobre, de 14h à 18h place de la République. Plus d'infos sur www.romapride.eu et sur l'événement Facebook