Centenaire 14-18 : «Ma grand-mère a voulu «témoigner pour les morts»

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    . Photo DDM. X. de Fenoyl
Publié le
S.R.

L'exposition «14-18. Fragments de guerre» fait revivre un patrimoine précieux, prêté par des familles de Poilus. Marie-Jeanne Jarry a retrouvé le journal intime de sa grand-mère, dont le mari était au front.

Marie-Jeanne Jarry, Toulousaine d'adoption, fait partie des contributeurs qui ont participé à la grande collecte 14-18. Le «Carnet de guerre pour Maurice» de sa grand-mère, Germaine de Sainte-Marie, est présenté à la bibliothèque d'étude et du patrimoine.

Comment avez-vous découvert ce carnet ?

En 1984, il a fallu vider la maison de mes parents, à Sceaux, près de Paris. J'habitais Venerque et j'avais une grande maison. Avec mes frères et sœurs on a donc décidé que je me chargerais de la montagne de paperasses entreposée dans une pièce. Cela représentait 60 cartons ! J'ai retrouvé ce carnet dans tout ce foutoir. Je n'en connaissais pas l'existence. Ma grand-mère est morte quand j'avais 12 ans. Elle ne m'a jamais parlé de la guerre.

Que raconte-t-elle dans ce gros cahier ?

Ma grand-mère avait une trentaine d'années en 1914. Elle appartenait à une famille bourgeoise de Reims, qui avait une fabrique de capsules de champagne. En 1914 son mari, mon grand-père, Maurice, a été mobilisé comme brancardier et elle a dû s'occuper de l'usine, qui a été assez transformée en hôpital de campagne. Comme beaucoup de femmes, elle s'est improvisée infirmière et a soigné les soldats blessés sur le front de la Marne en août-septembre 1914. Dans ce journal intime, elle les appelle «mes gosses», alors qu'elle a environ 25 ans. Elle raconte aussi le bombardement de l'usine par les Allemands en septembre 1914. Elle écrit qu'elle veut «témoigner pour les morts». Elle parle aussi beaucoup de ses conversations avec un major. Il y a un peu de confession dans ce journal et tout n'est pas forcément dit. Le carnet est dédié à mon grand-père, mais je ne suis pas sûre qu'il l'ait lu ! Il est mort en 1921 et ma grand-mère, jeune veuve, est restée seule avec sa fille.

Pourquoi avez-vous voulu faire connaître ce journal intime ?

Parce que c'est un témoignage de femme de l'époque. Ils ne sont pas si nombreux. Je trouve intéressant de montrer comment cette période a été vécue par les proches.

Ce carnet a-t-il été numérisé ?

Oui, on peut en lire des extraits sur le site Europeana. Moi-même j'ai recopié ce carnet, ainsi que des lettres sur mon ordinateur. J'ai composé un texte dont j'ai déjà fait deux lectures. J'aimerais aller plus loin. Ecrire un livre peut-être.

Exposition «14-18. Fragments de vie», jusqu'au 20 décembre à la Bibliothèque d'Etude et du Patrimoine, 1 rue du Périgord. Entrée libre du mardi au samedi.


14-18 : la guerre vue du front et depuis Toulouse

Le fonds «Europeana 14-18», que l'on peut consulter sur internet, regroupe des archives venues du monde entier. Des Toulousains, descendants de Poilus, ont participé à cette grande collecte du centenaire en confiant leurs archives familiales à la bibliothèque d'étude et du patrimoine, qui a effectué un colossal travail de numérisation et d'archivage. Avant que ces

centaines de lettres, photographies, carnets, objets personnels, quotidiens de l'époque, journaux de tranchées ne repartent chez leurs propriétaires, la bibliothèque de la rue du Périgord en présente une sélection dans l'exposition, «14-18. Fragments de vie». La plupart de ces objets n'avaient jamais été exposés et dormaient dans des armoires ou des cartons, depuis près d'un siècle. Lointains souvenirs d'un père, d'un grand-père, d'un oncle, qui avait fait la guerre de 14. Certains ont laissé d'extraordinaires manuscrits, tracés d'une écriture serrée et régulière, enrichis de photographies, de cartes postales, de dessins. C'est le cas de l'instituteur Damien Garrigues, originaire de Martres-Tolosane, mobilisé d'abord à Toulouse, puis sur le front. «Il s'était engagé à écrire tous les jours à sa femme et il a tenu à peu près sa promesse de 1914 à 1919», raconte son petit-fils Bertrand Garrigues qui a hérité de 12 volumes parfaitement conservés. D'autres Poilus ont fabriqué des petits objets, témoignages émouvants de leur affection pour une épouse ou des enfants. Comme cette bague ciselée par un Poilu pour l'anniversaire de sa fille avec un bout de ferraille, peut-être au cours d'un moment de répit où le soldat tentait de s'extraire de l'horreur de la guerre. L'exposition «14-18. Fragments de vie» ressuscite aussi le Toulouse de l'époque. Pendant que leurs hommes sont au front et tombent au champ d'honneur, 12 000 femmes sont mobilisées pour fabriquer des armes à la Cartoucherie, à l'Arsenal et à la Poudrerie. A Toulouse la vie continue, comme en témoigne ce catalogue du magasin de vêtements Thiery, 32 rue Alsace, ces billets d'un franc édités par la chambre de commerce, ou cette édition du journal «Le Rugby» datée du 27 janvier 1917, qui raconte dans le détail les matchs du week-end.


2000 documents collectés

Du 9 au 16 novembre 2013, dans le cadre du centenaire, la Bibliothèque d'Étude et du Patrimoine de Toulouse a reçu dans ses locaux de la rue du Périgord plus de 250 descendants de Poilus, qui sont venus proposer leurs archives personnelles pour enrichir le fonds «Europeana 14-18».

Infos Pratiques

Date : 25 oct. au 20 déc.
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