A la suite de la mort d'une femme à la maternité d'Orthez (Pyrénées-Orientales), une anesthésiste a été placée en détention provisoire, jeudi 2 octobre. Mise en examen pour homicide involontaire aggravé, elle a été présentée à un juge d'instruction dans la journée.
L'accident s'est produit dans la nuit de vendredi à samedi, lors de l'accouchement par césarienne sous anesthésie générale d'une femme de 28 ans. Transférée à l'hôpital de Pau, la patiente est morte mardi soir. Son bébé, également hospitalisé à Pau, est sain et sauf.
« UN PROBLÈME D'ALCOOL »
Employée à la maternité d'Orthez depuis le 12 septembre, l'anesthésiste s'est présentée à la gendarmerie mardi après l'accident avec un taux d'alcool « supérieur à 2 grammes » par litre de sang, et a dit aux enquêteurs avoir « un problème d'alcool pathologique ».
Accusée d'« homicide involontaire aggravé par la violation manifeste et délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité », elle risque cinq ans d'emprisonnement. Selon le procureur, la praticienne « n'était pas dans son état normal au moment de l'intervention ».
« Ma première préoccupation, c'est de faire la lumière sur ce qui s'est passé et d'apporter des explications à la famille de cette jeune maman qui a perdu la vie en accouchant de son bébé », a déclaré jeudi la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine.
L'ÉTABLISSEMENT MENACÉ DE FERMETURE
Les autorités sanitaires avaient annoncé lundi la fermeture temporaire de l'établissement. La procédure de fermeture définitive, déjà en sursis en raison du manque de recrutement de gynécologues obstétriciens, a été accélérée et pourrait être validée dès vendredi. Samedi encore, avant que l'accident soit connu, 800 personnes ont manifesté pour réclamer le maintien de l'établissement.
Mme Touraine a souligné que la procédure engagée « de longue date » concernant la possible fermeture de la maternité et l'enquête des autorités sanitaires concernant le drame étaient « deux procédures différentes ».
Jeudi, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité a toutefois jugé « odieux » de prendre prétexte d'un cas dramatique pour fermer cette maternité, « sans savoir précisément si c'est une faute d'organisation ou si c'est une faute individuelle ».
D'après la Coordination, les deux tiers des maternités ont fermé depuis vingt ans, notamment parmi les petites structures comme celle d'Orthez. Les conditions de sécurité sont souvent mises en avant pour fermer ces petites structures, au motif qu'elles font parfois peu d'actes ou peuvent manquer de personnels. Mais, pour la Coordination, l'absence de maternités de proximité comporte aussi des risques à prendre en compte.
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