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Mort de Margerie: un pilote témoigne

Le Falcon-50 de Christophe de Margerie s'est écrasé dès le décollage lundi soir.

Le Falcon-50 de Christophe de Margerie s'est écrasé dès le décollage lundi soir. - BFMTV

Trois experts français sont arrivés mardi soir à Moscou pour épauler les enquêteurs russes. Ces derniers pointent la responsabilité de l'aéroport Vnoukovo.

Que s'est-il passé lundi soir à l'aéroport Vnoukovo de Moscou, pour que l'avion privé de Christophe de Margerie, le patron de Total, s'écrase au décollage? BFMTV.com fait le point sur les derniers éléments de l'enquête.

> Des pilotes témoignent 

Après avoir accusé le conducteur de la déneigeuse qui a percuté l'avion d'avoir été ivre au moment des faits - accusation démentie par son avocat - les enquêteurs russes ont ensuite ciblé la direction de l'aéroport, évoquant une "négligence criminelle". Une piste étayée par le témoignage d'un pilote, recueilli par Le Parisien. Selon lui, le personnel de l'aéroport a un niveau d'anglais "pas exceptionnel (...) On a souvent du mal à les comprendre."

Un autre précise les conditions matérielles sur place: "les pistes de Vnoukovo sont mal éclairées et elles ne sont même pas planes, on ne voit qu'un tiers de la piste", explique-t-il: le pilote du Falcon aurait donc aperçu la déneigeuse trop tard pour l'éviter.

Mais surtout, selon le pilote interrogé par Le Parisien, il ne neigeait pas ce soir-là à Moscou. Alors que faisait donc une déneigeuse sur la piste? "Lundi soir, les pistes étaient mouillées mais pas enneigées. Il y a eu sans aucun doute une erreur humaine au niveau du contrôle au sol qui a fait que l'engin traversait les pistes", raconte-t-il.

> Une possible négligence de l'aéroport?

Selon Viktor Sorotchenko, le vice-président du Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe (MAK), équivalent du BAE français, de telles collisions sont extrêmement rares et ne peuvent survenir qu'en raison d'un manque de coordination entre les différents services de l'aéroport. "Pourquoi un véhicule se trouvait sur la piste de décollage? Les aiguilleurs dans la tour de contrôle sont censés veiller à ce que cela ne se produise pas, c'est leur travail", a rappelé à l'antenne de la radio russe Business FM le directeur de l'association d'aviation civile "Aéroport" Viktor Gorbatchev.

"Chaque véhicule aéroportuaire est équipé d'un talkie-walkie et lorsqu'il se retrouve sur la piste de décollage pour nettoyer, c'est suite à un ordre. Les contrôleurs ne doivent alors ni faire décoller ni faire atterrir d'avions tant que le véhicule est sur la piste", a-t-il expliqué. Selon lui, le pilote de l'avion aurait pu ne pas avoir vu le véhicule, bien qu'il soit dans la plupart des cas équipé de dispositifs lumineux. D'autant plus que les conditions météorologiques étaient alors mauvaises avec couverture nuageuse, du brouillard et des précipitations.

> Trois Français sur place

Les trois experts français du Bureau d'enquête et d'analyses sont arrivés lundi soir à Moscou, pour aider leurs homologues russes à éclaircir les conditions de l'accident. Leur rôle sera d'apporter une expertise purement technique sur les circonstances de l'accident, et non pas de déterminer les responsabilités pénales.

"Avant d'émettre des hypothèses sur ce qui s'est passé, il faut répondre à un certain nombre de questions", explique Rémi Jouty, directeur du BEA, sur BFMTV. "Pourquoi cet engin était là, comment a été donnée l'autorisation de décollage, comment l'équipage a compris les instructions qui lui ont été données, etc".

Des gendarmes français du transport aérien devraient rejoindre les experts du BEA dans les prochains jours.

A. K.