Syrie: des peshmergas se rendent à Kobané pour discuter de leur entrée dans la ville

Des hommes regardent la fumée au-dessus de la ville syrienne de Kobané, le 26 octobre 2014 depuis le village de Mursitpinar, à la frontière syro-turque
Des hommes regardent la fumée au-dessus de la ville syrienne de Kobané, le 26 octobre 2014 depuis le village de Mursitpinar, à la frontière syro-turque © AFP - Bulent Kilic

Temps de lecture : 4 min

Des dizaines de combattants kurdes irakiens patientaient vendredi du côté turc de la frontière à quelques kilomètres de Kobané où une délégation de peshmergas s'est rendue la veille pour discuter de leur entrée dans cette ville kurde syrienne, assiégée par les jihadistes.

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Lourdement armés, ces peshmergas sont rassemblés à Suruç, à une dizaine de km de la frontière syrienne et sous l'étroite surveillance des forces turques, selon un photographe de l'AFP.

La presse turque estime qu'ils seraient environ 150 venus aider la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qui défend la ville depuis six semaines face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Une partie de ces combattants sont arrivés par la route jeudi avant l'aube à Suruç, où ils ont rejoint une première vague arrivée mercredi par avion.

Dix d'entre eux ont passé quelques heures à Kobané pour discuter avec les YPG des modalités de l'entrée des hommes et des armes dans la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et l'agence prokurde Firat.

Les jihadistes, qui tentent de s'emparer des quartiers nord de la ville afin de l'isoler en bloquant l'axe qui la relie à la Turquie, ont violemment bombardé ce secteur jeudi.

Le président de la région autonome du Kurdistan irakien Massoud Barzani a expliqué jeudi que les Kurdes de Kobané lui ont dit "ne pas avoir besoin de troupes de combat" mais plutôt "de forces de soutien".

Mais, "quand les conditions sur le terrain le requièrent et quand ils (les YPG) réclament plus de renfort, il y aura moyen de leur envoyer plus de peshmergas", a-t-il toutefois ajouté.

- 'Violation flagrante' -

Des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), émanation de l'opposition modérée au régime du président syrien Bachar al-Assad, sont eux déjà entrés dans Kobané, mais les sources divergent sur leur nombre. Depuis Istanbul, le chef d'une unité de l'ASL a parlé de "près de 400" hommes. D'autres sources font état de 50 à 150 rebelles syriens la ville, devenue le symbole de la résistance à l'EI.

Autorisé par la Turquie sous la pression des Etats-Unis, le passage de ces renforts suscite la colère de Damas, qui a dénoncé "une violation flagrante de la souveraineté syrienne", après avoir longtemps accusé Ankara de soutenir les rebelles et les jihadistes qui veulent le renverser.

Le secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel (g) et le chef des armées, le général Martin Dempsey, lors d'une conférence de presse au Pentagone, le 30 octobre 2014 à Arlington © Chip Somodevilla Getty/AFP
Le secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel (g) et le chef des armées, le général Martin Dempsey, lors d'une conférence de presse au Pentagone, le 30 octobre 2014 à Arlington © Chip Somodevilla Getty/AFP

Le conflit syrien, commencé en mars 2011 par des manifestations pacifistes violemment réprimées par le régime, est devenu de plus en plus complexe avec les années.

L'apparition de l'EI en 2013 a encore compliqué la situation, les jihadistes combattant tout à la fois le régime et les rebelles "modérés".

Illustration de ces intrications, le secrétaire d'Etat américain à la Défense a reconnu que la campagne internationale de frappes aériennes anti-jihadistes en Syrie, notamment sur Kobané, pourrait profiter au régime d'Assad.

Pour autant, les Etats-Unis continueront à appeler au départ de Bachar al-Assad de la présidence de son pays, a assuré Chuck Hagel, dont les remarques peuvent être lues comme une critique voilée de la stratégie syrienne du président Barack Obama.

- Des Américains à Anbar -

Dans la province d'Homs (centre), l'EI s'est emparé d'un champ gazier après trois jours de violents combats avec les forces du régime selon l'OSDH.

L'EI est, selon Washington, "l'organisation terroriste la mieux financée" au monde, notamment grâce aux puits de pétrole et de gaz dont il s'est emparé.

Par ailleurs, l'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan De Mistura a proposé d'instaurer des zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire dans ce pays déchiré par plus de trois années de guerre civile.

Le secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel (g) et le chef des armées, le général Martin Dempsey, lors d'une conférence de presse au Pentagone, le 30 octobre 2014 à Arlington © Chip Somodevilla Getty/AFP
Le secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel (g) et le chef des armées, le général Martin Dempsey, lors d'une conférence de presse au Pentagone, le 30 octobre 2014 à Arlington © Chip Somodevilla Getty/AFP

En Irak voisin, des centaines de soldats et de combattants pro-gouvernementaux se préparaient pour lancer un assaut contre la ville stratégique de Baïji, tenue par l'EI, selon des officiers.

L'objectif est de sécuriser la principale raffinerie du pays, mais cette offensive s'annonce difficile pour les forces irakiennes, qui ont déjà subi plusieurs revers dans leurs tentatives de regagner du terrain face aux jihadistes, notamment dans la province d'Anbar (ouest), contrôlée quasiment entièrement par l'EI.

Le Pentagone a d'ailleurs estimé jeudi que des conseillers militaires américains étaient "nécessaires" dans cette province.

Plusieurs centaines de conseillers militaires américains ont été envoyés en Irak mais aucun à Anbar, où les jihadistes ont récemment exécuté 46 membres d'une tribu sunnite qui avaient pris les armes contre eux.

La Norvège a de son côté annoncé jeudi l'envoi d'environ 120 soldats pour contribuer à la formation de l'armée irakienne.

Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a mis à profit la guerre civile en Syrie et l'instabilité politique et sécuritaire en Irak pour s'emparer de larges territoires, où il fait régner la terreur.

Aux Etats-Unis, un Américain de 44 ans a plaidé coupable jeudi de tentative de soutien matériel à l'EI et encourt quinze ans de prison et 250.000 dollars d'amende. Donald Ray Morgan avait été arrêté début août à l'aéroport JFK de New York pour possession illégale d'une arme à feu remontant à janvier 2012, alors qu'il "se rendait à l'étranger avec l'intention de rejoindre le groupe terroriste en Syrie.

31/10/2014 07:36:29 - Suruc (Turquie) (AFP) - Par Bulent KILIC avec Rita DAOU à Beyrouth - © 2014 AFP