Si les élus du Tarn se sont accordés vendredi 6 mars pour choisir le projet qui remplacera le barrage controversé de Sivens, ils ont, en revanche, demandé à l'Etat de prendre ses responsabilités quant à l'occupation du site et de faire procéder « sans délai à l'expulsion des occupants sans droit ni titre ».
C'est chose faite quelques heures plus tard. Vers 16 heures, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, annonce que l'évacuation de la zone est terminée et que « vingt et un individus ont été interpellés ». Selon nos informations, il avait donné l'ordre d'évacuation à la mi-journée et a suivi l'évolution de la situation par vidéo au ministère.
Une quinzaine de gardes à vue
Les trois cents gendarmes postés autour du site occupé y ont pénétré par la zone sud, aidés d'une pelleteuse et de membres de la cellule nationale d'aide à la mobilité — des gendarmes spécialistes des actions délicates, visant à déplacer des militants enchaînés ou perchés qui s'opposeraient à la progression des forces mobiles.
A 14 h 15, les gendarmes ont proposé à la vingtaine de « zadistes » regroupés autour de la tombe symbolique de l'écologiste Rémi Fraisse de quitter les lieux de leur plein gré. Aux cris de ces derniers « On s'en va pas ! », ils les ont séparés puis emmenés un par un. L'opération a pris une vingtaine de minutes. Quant aux quatre derniers occupants de la « ZAD » (zone à défendre), réfugiés dans un mirador, à une dizaine de mètres de haut, ils ont été évacués après une demi-heure assez délicate. Au total, une quinzaine de zadistes ont été placés en garde à vue. Ceux qui ont résisté en portant des coups pourraient être poursuivis.
Une équipe cynophile était présente durant l'évacuation pour s'occuper des chiens qui auraient voulu défendre leurs maîtres. Mais l'opération s'est globalement passée dans le calme. Des gendarmes chargés de sécuriser et de sanctuariser la zone vont toutefois rester sur le site pour empêcher toute éventuelle nouvelle occupation.
A 17 heures, trois camions-bennes et un bulldozer sont entrés dans la « ZAD » pour y achever la destruction des cabanes. Un huissier est venu constater les dégâts occasionnés sur les lieux, et les affaires personnelles des occupants ont été emportées.
Des discussions « très responsables »
Peu avant l'annonce de l'ordre d'évacuation du site, certains occupants l'avaient quitté d'eux-mêmes. La préfecture avait également évoqué des discussions « très responsables » avec le collectif des zadistes.
Jeudi, M. Cazeneuve avait dit vouloir éviter « de nouveaux déferlements de violence, susceptibles de conduire à de nouveaux drames ». Une référence à la mort de Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade offensive des gendarmes lors d'affrontements sur le site, occupé depuis octobre 2013 par des opposants au projet.
« En raison du climat de violence », le ministre avait fait interdire par le préfet les deux manifestations opposées prévues devant le conseil général pendant les débats de l'assemblée départementale. Les deux camps avaient accepté de renoncer à manifester.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu