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Pourquoi on ne s'y retrouve jamais avec le changement d'heure

Deux fois par an, c'est la même chose : impossible de savoir si l'on gagne une heure de sommeil ou si on la perd. Explications avec leJDD.fr. 

Alix Hardy , Mis à jour le

Parce qu'on utilise l'espace pour penser le temps

Le champ lexical utilisé pour parler du temps donne souvent lieu à de multiples confusions sur ce que l'on souhaite exprimer, tout simplement parce qu'il n'est pas adapté à la notion de temps, qui est intangible. "Le temps n'est pas physique, il n'a pas de limites. Il est difficile à appréhender", explique au JDD.fr le professeur Yvan Touitou, chronobiologiste. Les termes utilisés pour exprimer le changement d'heure sont des notions reliées à l'espace. "'Avancer' d'une heure est une abstraction. Autant on peut visualiser cela sur une montre, autant cela devient plus difficile lorsqu'on parle d'avancer dans une journée."

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Parce que l'heure n'est qu'une convention

La notion d'heure est loin d'être innée. Nous disposons d'une horloge biologique rythmée dès son plus jeune âge. Notre corps perçoit donc le temps à travers une suite de pics et de creux d'hormones diverses qui se sont plus ou moins sentir au fur et à mesure d'un cycle de 24 heures. Mais la représentation du temps en intervalles délimités s'apprend, elle, dès le plus jeune âge. "On demande aux enfants de quitter la maternelle en étant capable de distinguer les notions d''avant', 'après', 'jamais' et 'toujours'", explique Claire Leconte, chercheuse en chronobiologie. La perception du temps est inculquée, et cela varie d'ailleurs selon les cultures. "J'ai fait des observations sur des élèves africains, qui n'ont pas la même relation au temps : ils ne le quantifient jamais. Il n'y avait d'ailleurs pas de mot pour désigner le temps dans leur langue, ils se servaient uniquement de périphrases". 

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Et elle s'apprend d'ailleurs plus ou moins bien : les enfants n'ont pas tous la même perception de la durée. "Ce qui différencie les enfants s'appelle le 'tempo spontané' : c'est la capacité à reproduire un rythme. Certains ont une aisance à le faire et donc à percevoir les différents intervalles de durée, d'autres, moins", explique Claire Leconte. Adultes, certains continuent à se tromper en changeant d'heure, quand le raisonnement parait logique à d'autres. 

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Parce qu'on n'a plus de repères

Notre mode de vie aurait également un impact sur la perception du temps. "Le temps est devenu plus virtuel, explique Claire Leconte. Il y a quelques dizaines d'années, nos rythmes étaient plus calés sur le temps et ses matérialisations, comme la luminosité. Le soleil se couchait, on allait se coucher, pour schématiser. Désormais, on peut presque parler d'inversion du temps : il est tout à fait possible d'acheter ses billets de train ou de faire ses courses en pleine nuit. On a perdu la représentation du temps car on n'y est beaucoup moins lié : le temps n'est plus naturel, il est virtuel." Une tendance qui se traduirait également dans nos objets : "les montres analogiques montrent l'heure en chiffres : on ne voit plus d'aiguille qui tourne et qui donne une représentation du temps qui passe".

Parce qu'une heure, c'est trop peu

Changer d'heure implique de rajouter ou enlever 60 petites minutes de sa journée. Trop pour ne pas oublier, mais pas assez pour perturber réellement notre rythme. "Chez l'adulte, les désynchronisations internes ne se produisent véritablement qu'à partir de trois heures de décalage", indique Claire Leconte. Ceux qui vont à Londres tous les jours ne perçoivent plus le changement d'heure avec Paris". A force de ne pas sentir la différence, difficile de graver le raisonnement dans sa mémoire. Les smartphones, qui se mettent à l'heure automatiquement, permettent de ne pas devoir y penser, et empêchent de véritablement intégrer la logique du changement d'heure.

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Même le Journal du Dimanche s'y perd : en bouclage samedi soir, nous sommes obligés d'annoncer le changement d'heure avant qu'il ait lieu. 

Source: leJDD.fr

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