Vladimir Poutine est sorti de son silence, jeudi 18 décembre, lors de sa conférence de presse annuelle pour répondre aux inquiétudes des Russes frappés de plein fouet par une grave crise monétaire au terme d'une année marquée par le conflit ukrainien et la confrontation avec les Occidentaux.
- La crise économique en Russie
Le président russe a estimé que la Russie, qui traverse sa plus sévère crise monétaire depuis 1998, renouerait avec la croissance dans le pire des cas dans deux ans. Une sortie de crise est « inévitable », parce que l'économie mondiale continue de croître. « Nous allons utiliser les mesures que nous avons employées avec succès en 2008 », a-t-il expliqué, se montrant cependant flou sur sa vision de l'évolution de la situation, jugeant possible aussi bien un rebond durable du rouble qu'un nouveau recul et soulignant les « nombreux facteurs d'incertitude ».
Il a assuré que les programmes sociaux étaient maintenus, mais que le gouvernement serait peut-être contraint de réduire certaines dépenses sociales en fonction de l'évolution de la situation.
Reconnaissant que la chute du rouble, qui a perdu près de la moitié de sa valeur depuis début de l'année, constituait une préoccupation nationale, il a admis que « les choses auraient pu être faites plus efficacement pour soutenir la stabilité du marché » et que des mesures auraient pu être prises « plus rapidement ». Il a promis que le gouvernement et la banque centrale avaient pris les mesures appproriées, les problèmes rencontrés par l'économie russe étant liés à des « facteurs extérieurs ».
- La situation en Ukraine
Concernant la crise en l'Ukraine, M. Poutine a dénoncé « l'opération punitive » lancée, selon lui, par Kiev contre les rebelles. « Après le coup d'Etat mené à Kiev par la force armée », les nouvelles autorités ukrainiennes n'ont pas souhaité entamer un dialogue avec l'Est prorusse mais « ont envoyé la police, puis l'armée quand cela n'a pas suffi, et maintenant ont instauré un blocus économique ».
Interrogé par un journaliste ukrainien sur le nombre de militaires russes qui combattent aux côtés des séparatistes et sur ceux qui sont morts en Ukraine, il a éludé la question. Il s'est contenté d'évoquer ceux qui « suivant l'appel de leur conscience, accomplissent leur devoir ou qui en tant que volontaires combattent dans l'Est de l'Ukraine ». Moscou a toujours démenti avoir envoyé des soldats et du matériel militaire pour soutenir les rebelles prorusses, alors que les Occidentaux ont estimé avoir de nombreuses preuves en ce sens.
Répondant à une question sur l'avenir des régions prorusses de l'Est de l'Ukraine, M. Poutine a rappelé « les principes du droit international qui prévoit le droit des gens à décider eux-mêmes de leur destin ». Une trêve a été signée pour suspendre les combats entre les forces ukrainiennes et les rebelles mais les négociations qui doivent mener à un accord de paix après huit mois de conflit n'ont restent pas moins suspendues.
- Relations avec l'Occident
M. Poutine a accusé les Occidentaux de se comporter comme un « empire » qui veut « faire marcher au pas ses vassaux » et de créer un nouveau « mur » en Europe. « Il s'agit d'un mur virtuel, mais il commence déjà à être construit », a déclaré le chef de l'Etat russe interrogé sur le climat de confrontation entre Russes et Occidentaux. « Le bouclier antimissiles près de nos frontières, ce n'est pas un mur ? Nos partenaires ont décidé qu'ils étaient les vainqueurs, qu'ils étaient désormais un empire et que les autres étaient des vassaux qu'il faut faire marcher au pas », a-t-il martelé.
Ce discours n'est pas nouveau. Déjà, lors de son allocution annuelle le 4 décembre dernier, M. Poutine avait été virulent à l'égard des pays occidentaux, les accusant de vouloir « freiner les possibilités croissantes de la Russie ». Reprochant à Moscou d'exacerber les tensions en Ukraine, les Etats-Unis et l'Europe ont pris une série de mesures économiques pour sanctionner la Russie. En retour, un embargo russe sanctionne de nombreux produits alimentaires occidentaux.
Contestant en outre l'annexion de la presqu'île de Crimée par la Russie en mars, qui faisait partie de l'Ukraine depuis les années 1950, l'Union européenne a adopté jeudi de nouvelles sanctions « concernant les investissements, les services et les échanges avec la Crimée et Sébastopol ».
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