En mission aux Philippines pour plaider pour un accord universel sur le climat à Paris à la fin de 2015, François Hollande et son homologue philippin, Benigno Aquino, ont appelé, jeudi 26 février, à un accord « ambitieux, équitable et universel ». L'« appel de Manille », élaboré par les deux pays, a été lancé par l'actrice Marion Cotillard et une sénatrice philippine, Lauren Legarda, le tout sous un balete, impressionnant arbre philippin, symbole de la biodiversité.
Car c'est surtout de symbolique qu'il était question à travers cette initiative censée donner un élan à la préparation de la conférence de Paris sur le climat en décembre 2015. « A Manille aujourd'hui, nous espérons que nous écrirons ensemble l'histoire à Paris en décembre, et que nous ne nous contenterons pas de la regarder se dérouler en simples spectateurs », ont déclamé les deux ambassadrices devant une foule de responsables philippins et de personnalités qui participent à la lutte contre le réchauffement climatique.
Cet appel représente le moment clé d'une visite de quarante-huit heures aux Philippines pour François Hollande, qui avait souhaité, en coopération avec Nicolas Hulot, centrer ce déplacement sur le climat. Mais c'est d'abord devant des chefs d'entreprise que le président s'est exprimé, à son arrivée, jeudi 26 février. « Les dérèglements climatiques peuvent être une souffrance, vous les connaissez », a-t-il expliqué aux ressortissants de ce pays durement frappé par des catastrophes naturelles, comme le typhon Haiyan en 2013, qui a fait plus de 7 000 morts. « Mais vous avez su saisir le drame qui vous a frappés pour en faire une opportunité de croissance. » Le chef de l'Etat a salué « la capacité exceptionnelle de résilience, de résistance, de dynamisme » des Philippines, qui ont absorbé les catastrophes et ont maintenu leur développement accéléré.
Plusieurs accords commerciaux
La délégation française y voit l'occasion de contracter des partenariats économiques autour d'une reconstruction respectueuse du développement durable. Plusieurs accords commerciaux ont été signés par les entreprises françaises présentes dans le domaine des énergies renouvelables, des transports ou des infrastructures. « On veut passer du catastrophisme à la résilience, et on s'adresse aux entreprises qui ont les solutions techniques », explique Ségolène Royal, la ministre de l'environnement, pour expliquer cette inflexion dans le discours. Pour la France, une partie de l'accord lors de la COP21 se joue dans cette implication des grands groupes et des établissements bancaires, qui sont appelés à investir dans le Fonds vert pour le climat pour atteindre le chiffre – aujourd'hui inenvisageable – de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Ce fond avait été promis par les pays industrialisés lors de la conférence de Copenhague en 2009 afin d'aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique.
Le chef de l'Etat a d'ailleurs évoqué la possibilité de voir émerger, en cas de succès de la COP21, une « alliance de Paris » qui regrouperait les gouvernements, les ONG, les entreprises et les citoyens avec le même objectif de lutte contre les changements climatiques.
François Hollande a rappelé également à plusieurs reprises que les Etats n'avaient pas tous la même responsabilité dans ces dérèglements, et que les pays développés se devaient de faire un effort. « L'appel de Manille, c'est pour que le monde soit plus juste, entre les pays développés et les pays fragiles, entre les pays riches et les pays pauvres », a-t-il expliqué. « L'alliance entre la France et les Philippines peut entraîner le reste du monde », veut croire François Hollande, qui espère que l'engagement d'un pays à la fois émergent et victime du réchauffement climatique poussera d'autres états à faire de même. Pour lui, cet appel « ne vise pas à faire la leçon, mais à entraîner, mobiliser et engager » contre le réchauffement climatique, dont la lutte constitue « un enjeu démocratique et un enjeu de paix ».
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu