Colère à New York, sous le choc après l'assassinat de deux policiers

Le geste meurtrier d'Ismaaiyl Brinsley, qui révolte la police new-yorkaise, intervient dans un contexte de grande tension raciale aux États-Unis.

Source AFP

Sur les lieux du crime à Brooklyn.
Sur les lieux du crime à Brooklyn. © SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Temps de lecture : 3 min

New York était sous le choc dimanche, sa police furieuse, après l'assassinat de deux agents exécutés par un homme qui voulait apparemment venger deux Noirs, dont la mort a suscité de nombreuses manifestations aux États-Unis ces dernières semaines. Les deux policiers de 32 et 40 ans, Wenjian Liu et Rafael Ramos, dont l'un était jeune marié et l'autre père d'un fils de 13 ans, ont été tués de sang-froid, atteints en pleine tête dans leur voiture stationnée devant une cité HLM de Brooklyn samedi après-midi.

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Leur agresseur, un homme noir de 28 ans, membre présumé du gang "Black Guerilla Family", connu des services de police, s'est ensuite suicidé sur un quai de métro. "Ils n'ont pas eu la possibilité de sortir leur arme et n'ont peut-être même jamais vu leur agresseur" a déclaré, bouleversé, le chef de la police de New York, Bill Bratton.

"#Tuons la police"

Le meurtrier, identifié comme Ismaaiyl Brinsley, était venu de Baltimore, à 300 km au sud de New York, et avait annoncé ses intentions sur Instagram. "Je mets des ailes aujourd'hui aux cochons. Ils prennent un des nôtres... Prenons deux des leurs", avait-il écrit. "#Tuons la police, #RIPErivGardner #RIPMikeBrown", avait-il ajouté, en référence à Eric Garner, père de famille noir mort lors d'une interpellation musclée en juillet à New York, et Mike Brown, adolescent tué par un policier à Ferguson (Missouri) en août. La colère a été d'autant plus forte que les policiers responsables de la mort d'Eric Garner et Mike Brown ne seront pas poursuivis.

Extrêmement graves, le maire Bill de Blasio et Bill Bratton ont assisté ensemble dimanche à une messe en la cathédrale Saint-Patrick dite par le cardinal Tim Dolan, alors que des mains inconnues venaient déposer bougies et fleurs sur le lieu du drame.

La colère de la police

Ce double assassinat, dans une ville où les meurtres sont au plus bas depuis vingt ans, est arrivé au pire moment pour le maire démocrate de gauche. Ses relations sont déjà très tendues avec sa police qui l'accuse de ne pas assez la soutenir et d'être trop bienveillant envers les manifestants alors que New York a été le théâtre de nombreuses protestations ces dernières semaines pour dénoncer les affaires Garner et Brown. Certains policiers venus rendre hommage à leurs collègues lui ont ostensiblement tourné le dos samedi soir à l'hôpital.

"Maire de Blasio, vous avez clairement sur les mains le sang de ces deux policiers", a accusé Edward Mullins, président de l'association "Sergeants Benevolent Association" (SBA), qui affirme regrouper 11 000 policiers actifs ou retraités new-yorkais. "Il y a du sang sur de nombreuses mains ce soir. (...) Ce sang commence à la mairie, dans le bureau du maire", a accusé également Pat Lynch, président de la Patrolmen's Benevolent Association (PBA), qui revendique des dizaines de milliers de membres.

"Des actes de barbarie"

Mi-décembre, une pétition en ligne avait même circulé dans laquelle des policiers demandaient au maire de ne pas assister à leurs funérailles s'ils devaient mourir dans l'exercice de leurs fonctions. L'ancien gouverneur républicain de New York George Pataki a également dénoncé "des actes de barbarie", selon lui "résultat prévisible de la rhétorique anti-police d'#ericholder et #mairedeblasio". Eric Holder est le ministre américain de la Justice.

Bill de Blasio a répondu dimanche en regrettant "une rhétorique enflammée qui divise et met en colère". Et plusieurs voix se sont dressées pour appeler au calme et à l'unité, derrière le président Obama qui avait dénoncé samedi soir "de manière inconditionnelle" le double assassinat, appelant les Américains à "rejeter la violence et les mots qui font mal".

"Du sang sur les mains"

Les familles Garner et Brown ont également rejeté "toute forme de violence dirigée contre la police. C'est intolérable", ont-elles écrit dans un communiqué. "Nous devons travailler ensemble pour apporter la paix dans nos communautés." "Le maire n'a pas de sang sur les mains. C'est la personne malade qui a tué les deux policiers innocents qui a du sang sur les mains", a également déclaré le président du quartier de Brooklyn, Eric Adams.

La police de Baltimore avait tenté samedi d'avertir celle de New York des intentions de Brinsley, qu'elle avait localisé à Brooklyn, mais il était trop tard.

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Commentaires (18)

  • tigbott

    La police étasunienne a un comportement clairement raciste, elle est protégée contre toute justice par la Justice. Il était prévisible qu'un esprit un peu faible et beaucoup violent fasse une idiotie de ce genre et au lieu de se remettre en cause, la police accuse... Le maire de New York ! Combien de millier d'années encore avant que l'Homme ne comprenne quelque chose ?

  • Raiger

    Dans un pays ou même une grand mère sur son fauteuil roulant a un calibre dans son sac il vaut mieux ne pas laisser une minorité avec un fort sentiment d'injustice présent dans toutes les têtes sinon on arrive à ce triste et terrifiant résultat...

  • Solestella

    En période faste, l'euphorie, la gaieté masquent tous les problèmes.
    En période difficile, "le naturel revient au galop", en effet, chassant toute bonhomie indulgente, comme le dit "Verdun".
    Les années 60 sont encore présentes dans beaucoup de mémoire soit parce que les gens les ont vécues, soit parce que leurs parents, leurs grands-parents les ont vécues donc les idées de l'époque sont toujours "dans l'air", prêtes à resurgir en cas de difficultés...
    Il faut un siècle pour que le Peuple oublie. Ce n'est pas par hasard si les rancœurs de 1914/18 s'effacent des mémoires.