Flambée des violences antisémites en France en 2014

Le Service de protection de la communauté juive a publié mardi son rapport 2014 sur l'antisémitisme, réalisé avec le soutien du Mémorial de la Shoah.

Source AFP

Photo d'illustration.
Photo d'illustration. © AFP PHOTO/ Jaime REINA

Temps de lecture : 3 min

Le nombre d'actes antisémites a doublé en France en 2014 par rapport à 2013, avec une hausse des violences plus marquée encore que celle des injures : les instances juives s'en alarment et attendent des "mesures puissantes et fortes". Le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), organisme communautaire travaillant en lien avec le ministère de l'Intérieur, a publié mardi son rapport 2014 sur l'antisémitisme, réalisé avec le soutien du Mémorial de la Shoah, 70 ans après la libération du camp nazi d'Auschwitz.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Selon le SPCJ, 851 actes antisémites (actions et menaces) ont été recensés l'an dernier, contre 423 en 2013, soit une hausse de 101 %, atteignant un plus haut depuis 2004 (974 actes). Fait notable, les actions (violences, incendies, dégradations, vandalisme...), en progression de 130 % avec 241 faits contre 105 en 2013, se sont intensifiées par rapport aux menaces (propos, gestes, tracts, inscriptions, courriers injurieux, + 92 %). Ces chiffres n'intègrent pas la prise d'otage de l'Hyper Cacher, qui a fait quatre morts le 9 janvier. Le rapport est dédié à leur mémoire ainsi qu'à celle des 13 autres victimes des attentats djihadistes parisiens.

"Le point critique a été largement dépassé", commente le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Selon le SPCJ, "51 % des actes racistes commis en France en 2014 sont dirigés contre des Juifs", alors même que la première communauté juive d'Europe représente moins de 1 % de la population française, soit entre 500 000 et 600 000 personnes. L'organisme relève que la progression de 30 % des actes racistes recensée en France l'an dernier "est constituée exclusivement par la hausse des actes antisémites". Les actes anti-musulmans (133 dont 55 actions violentes) ont eux connu une baisse de 41,1 % en 2014, même si l'Observatoire national contre l'islamophobie juge que ces chiffres "ne reflètent pas la réalité" et anticipe une nette hausse cette année, dans la foulée d'un mois de janvier très agité contre les mosquées.

"Il est urgent d'agir"

Si "le fait antisémite est prépondérant quasiment sans discontinuer" sur 2014, le SPCJ relève plusieurs pics de menaces et violences. En janvier, lors de l'affaire Dieudonné et de la manifestation "Jour de colère", où des cris "Mort aux Juifs" ont été proférés. En juillet (208 actes recensés, presque un quart du total), lors d'incidents visant des synagogues et commerces casher en marge de manifestations pro-Hamas. Enfin en décembre avec la séquestration à Créteil d'un couple visé pour la judéité du jeune homme, sur fond de préjugés sur les Juifs et l'argent : une affaire qui "n'est pas sans rappeler le rapt, la torture et le meurtre d'Ilan Halimi" en 2006, estime le SPCJ. Créteil, d'ailleurs, avec 13 faits recensés, a été l'une des neuf villes les plus touchées en 2014, selon le SPCJ. Les huit autres, où vivent aussi d'importantes communautés juives, sont Paris (154 actes), Marseille (36), Lyon (30), Toulouse (27), Sarcelles (19), Villeurbanne et Nice (17), Strasbourg (14).

En écho à la dénonciation d'un "nouvel antisémitisme" issu des banlieues et quartiers populaires, le président du SPCJ, Éric de Rothschild, invite à combattre "cette approche fanatique d'un islam barbare et rétrograde dont nous souffrons tous, que nous soyons musulman, chrétien, juif ou athée". Le président du Crif, Roger Cukierman, a lui espéré "que des mesures puissantes et fortes seront prises dans les domaines de la prévention, la protection et l'éducation", quelques heures avant l'annonce par François Hollande qu'un "plan global de lutte contre le racisme et l'antisémitisme" serait présenté d'ici fin février.

"Pendant trop longtemps, la communauté juive de France s'est sentie isolée dans son combat contre l'antisémitisme. Si les pouvoirs publics ont toujours été à nos côtés, l'indifférence de la société nous a profondément affectés", a réagi à l'AFP le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui espère que la "mobilisation historique du 11 janvier" contre le terrorisme perdure et "ouvre la voie à des actions de grande ampleur". "Il est désormais urgent d'agir."


À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (30)

  • Beewatch

    11 millions ? D'où tenez vous ce chiffre ? Le chiffre le plus communément admis est 6 millions. Je pense qu'il est suffisamment abominable pour qu'on ait pas besoin de le doubler.

  • keroman

    Le nombre d'actes antifrançais a été multiplié par combien dans le monde ?

  • Céd33

    Et l'observatoire national de l'islamophobie tu connais pas ? C'est une honte d'utiliser le terme national par un tel organisme
    qui est juge et partie et qui victimise à tout va les musulmans en dehors de toute raison. Ils attisent le feu au lieu de le calmer.