Syrie : les combats se poursuivent rue par rue à Kobané

 

Syrie : les combats se poursuivent rue par rue à Kobané

    Rue par rue, quartier par quartier, les combattants kurdes continuent d'affronter les jihadistes de Daech ce dimanche dans la ville syrienne de Kobané, après plus d'un mois de bataille. Pour appuyer les troupes kurdes au sol, la coalition internationale menée par les Etats-Unis a frappé à trois reprises dans la nuit de samedi à dimanche, faisant 15 morts parmi les jihadistes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

    Les deux camps se livrent à une véritable guerre de position. Les jihadistes de Daech (ou groupe Etat Islamique) sont parvenus à progresser dans le centre de la ville dans la nuit de samedi à dimanche, tandis que les troupes kurdes poussaient vers l'Est, selon l'ONG.

    Le groupe sunnite ultra-fondamentaliste a subi de lourdes pertes ces derniers jours, selon l'OSDH, au moins 70 corps de jihadistes ayant été rapatriés dans un hôpital sous son contrôle dans la province syrienne d'Alep. Les derniers combats, samedi et dimanche, ont fait 31 morts dans les troupes jihadistes, sept parmi les milices kurdes.

    VIDEO Nouvelles explosions à Kobané

    Daech, qui contrôle environ 50% de Kobané, troisième ville kurde de Syrie, n'est pas disposé à céder du terrain. L'organisation a décidé samedi d'envoyer des renforts sur le champ de bataille et tente depuis plusieurs jours de couper l'accès au poste-frontière avec la Turquie, au nord, unique route d'approvisionnement pour les combattants kurdes et seule voie de sortie pour les civils.

    Depuis le 16 septembre, la «bataille de Kobané» a poussé à la fuite plus de 300.000 personnes, dont plus de 200.000 en Turquie et des milliers en Irak, mais des centaines sont encore coincés dans la ville, pilonnée par les jihadistes et les frappes de la coalition.

    Les infrastructures pétrolières visées

    Plus d'une centaine de raids ont été menés depuis fin septembre dans et autour de Kobané. La coalition a également visé des infrastructures pétrolières contrôlées par l'EI en Syrie, afin de «dérégler ses sources de financement», selon l'armée américaine. La contrebande de pétrole est l'une des principales sources de financement des jihadistes qui, selon des experts, pourraient amasser d'un à trois millions de dollars par jour grâce à sa revente à des intermédiaires.

    En Irak, les forces aériennes américaines ont frappé des positions jihadistes près de Baïji (200 km au nord de Bagdad), où se trouve la principale raffinerie de pétrole du pays, et cinq autres autour du barrage stratégique de Mossoul (nord) qui ont détruit des véhicules et endommagé un bâtiment occupé par les jihadistes.

    Soldats irakiens et miliciens affrontent l'EI au nord de Bagdad (18/09)

    Les forces irakiennes peinent à reprendre le terrain perdu face aux combattants de l'EI qui ont enregistré ces derniers jours de nouveaux succès dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar  à l'ouest du pays contrôlée à plus de 80% par les jihadistes.

    Le gouvernement irakien au complet

    Depuis leurs premières frappes, le 8 août, les Etats-Unis fournissent un soutien aérien militaire essentiel à l'armée irakienne, incapable pendant des semaines d'enrayer la progression des jihadistes. Aux faiblesses de l'armée s'ajoutaient les blocages politiques qui ont retardé de plusieurs semaines les nominations d'un ministre de la Défense et de l'Intérieur.

    C'est cependant chose faite depuis samedi: répartissant deux portefeuilles-clés dans la lutte contre l'EI le Parlement a approuvé la nomination de Khaled al-Obaidi à la Défense, et de Mohammed al-Ghabbane à l'Intérieur. Washington a exprimé sa grande satisfaction après l'annonce d'un gouvernement au complet. «Il s'agissait de postes cruciaux à attribuer dans le cadre des efforts contre l'EI», s'est félicité le secrétaire d'Etat John Kerry. «Nous sommes très satisfaits».

    Mais la nomination de Mohammed al-Ghabbane, du bloc chiite Badr, place de fait le ministère de l'Intérieur, en charge de la grande majorité des forces de sécurité, sous le contrôle effectif du commandant de la milice liée à cette formation, Hadi al-Ameri. Depuis le lancement de l'offensive de l'EI en Irak, le 9 juin, le gouvernement irakien s'appuie sur des milices chiites, qui combattent souvent sur le terrain aux côtés de l'armée. Amnesty International a récemment accusé ces groupes de commettre des crimes de guerre contre des civils sunnites.

    VIDEO. Syrie : les combats continuent à Kobané

    La bataille de Kobané (17/10)