L'Union européenne autorise 19 OGM et... fâche tout le monde

En autorisant la commercialisation de 19 organismes génétiquement modifiés supplémentaires, la Commission européenne a déclenché la colère des opposants. Sans satisfaire les pro-OGM qui craignent que la possibilité soit donnée aux Etats de les

L'Union européenne autorise 19 OGM et... fâche tout le monde

    L'Union européenne a autorisé vendredi l'importation et la commercialisation de 19 OGM. Ces autorisations «étaient en suspens», en attendant que les Etats membres parviennent à constituer une majorité pour ou contre leur commercialisation. L'autorisation donnée est immédiate et vaut pour dix ans.

    Toutefois, deux jours plus tôt, la Commission a proposé aux Etats membres une réforme leur permettant d'interdire l'utilisation d'OGM. Si les gouvernements européens approuvent cette réforme, chacun pourra ensuite interdire l'utilisation des OGM sur son territoire. Dans le cas contraire, l'autorisation donnée par la Commission européenne sera pleine et entière dans l'ensemble de l'UE, solution réclamée par les grands groupes.

    Parmi ces derniers, l'américain Monsanto, bien sûr, qui voit onze de ses produits, plusieurs variétés de soja, maïs, colza et coton, décrocher une autorisation. L'autre firme américaine Dupont et les groupes allemands Bayer et BASF obtiennent les huit autres agréments. Dix-sept de ces OGM sont destinés à l'alimentation animale et humaine, deux sont des fleurs coupées.

    La France a pris ses distances avec cette décision validée «sans attendre un accord du Conseil et du Parlement européen sur sa proposition de réforme. C'est une fausse option», a jugé, sans s'engager sur le fond, l'ambassadeur adjoint de la représentation française à Bruxelles, Alexis Dutertre.

    Mécontentement beaucoup plus marqué du côté des Etats-Unis. Si Dan Mullaney, représentant pour le commerce américain, se réjouit «que la Commission agisse sur des demandes qui lui avaient été soumises il y a longtemps», il déplore que la possibilité puisse être bientôt donnée aux Etats d'interdire ces OGM sur leur territoire.

    Du côté des opposants aux OGM, la colère est plus vive encore. Dénonçant «l'hypocrisie de la Commission Juncker», Europe Ecologie Les Verts (EELV) juge que «la possibilité laissée aux Etats d'interdire ensuite ces OGM sur leur territoire est un leurre». «Les porcs et les jambons produits avec des aliments transgéniques en Pologne ou en Espagne se retrouveront sans aucune difficulté dans les rayons des grandes surfaces des autres pays. Il n'y aura en effet aucune possibilité de mettre en place des contrôles efficaces», expliquent, dans un communiqué, les deux porte-paroles d'EELV, Julien Bayou et Sandrine Rousseaux.

    «Scandalisé» par cette décision», l'eurodéputé écologiste français José Bové estime que «Jean-Claude Juncker se couche devant le lobby des entreprises transgéniques. Il se moque des consommateurs européens qui depuis le début sont opposés aux plantes transgéniques», accuse-t-il. Et Bové d'appeler, comme EELV, le Premier ministre français, Manuel Valls, à «se montrer très ferme en interdisant ces OGM en France».

    Même colère chez Greenpeace, qui accuse le président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, «de ne pas avoir l'intention de rapprocher l'Europe des citoyens, comme il l'a promis, et d'agir en faveur des intérêts des Etats-Unis et de Monsanto».

    «Les éleveurs européens utilisent beaucoup les produits des cultures génétiquement modifiées pour l'alimentation de leur bétail et il est important de leur accorder la liberté du choix», se défend de son côté l'association européenne EuropaBio, soulignant que «plus de 40 demandes d'OGM supplémentaires pour l'importation» sont encore en suspens.

    La décision porte à 75 le nombre des OGM pour l'alimentation animale et humaine autorisés à l'importation pour la commercialisation dans l'UE. Un seul OGM est actuellement autorisé pour la culture, le maïs MON810 de Monsanto.