Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Un internaute prétend avoir retrouvé la Nintendo Play Station, le chaînon manquant du jeu vidéo

En 1991, Sony annonçait le développement d’une console à lecteur de CD basée sur la Super Nintendo. Un utilisateur de Reddit prétend avoir découvert un prototype de ce projet charnière, déchaînant Internet.

Par 

Publié le 06 juillet 2015 à 14h36, modifié le 06 juillet 2015 à 17h08

Temps de Lecture 4 min.

Selon un utilisateur de Reddit, ceci serait un prototype rare de la Play Station de Sony et Nintendo.  L'objet divise Internet entre enthousiastes et incrédules.

Vendredi 3 juillet, un internaute du nom de Dan Diebold a partagé sur le forum Reddit ce qui serait les images d’une console jamais commercialisée, et qui a pourtant joué un rôle charnière dans l’histoire de l’industrie, la Play Station. Coproduite par Nintendo et Sony, elle est l’un des chaînons manquants de l’histoire du jeu vidéo : la brouille entre les deux partenaires avait conduit Sony à reconvertir le projet en PlayStation (sans espace), sa fameuse console au succès planétaire.

La demi-dizaine d’images postées par l’intéressé montre une carcasse légèrement jaunie. On distingue un logo Sony PlayStation sur la partie supérieure, tandis que la partie inférieure comporte deux ports pour des manettes, de type Super Nintendo, mais elles aussi labélisées Sony PlayStation.

Le trésor était dans le grenier

Le prototype semble correspondre au descriptif donné par le New York Times en 1991. Le quotidien évoquait à l’époque une « machine basée sur la dernière technologie Nintendo », qui ne « lit pas seulement les cartouches de jeux Nintendo mais aussi les CD », « développée en partenariat avec Nintendo » et prévue pour fin 1991 au Japon et 1992 aux Etats-Unis. Le lendemain, dans un volte-face fameux, Nintendo annonçait un partenariat concurrent avec Philips, obligeant Sony à jouer sa partition en solo.

Comment cette pièce rarissime aurait-elle atterri dans le grenier de Dan Diebold, comme il le prétend ? Par l’entremise d’Olaf Olafsson, ancien président de Sony Corporation puis de la holding bancaire Adventa, où le père de Dan Diebold s’occupait de la maintenance, raconte-t-il à Polygon. C’est à l’occasion de la faillite de cette dernière que Terry Diebold, au moment de l’inventaire final, serait tombé sur cette étrange console qu’il s’est refusé à jeter.

Une authenticité à prouver

Depuis, sur les réseaux sociaux et les forums de jeux vidéo, une seule question, obsédante : s’agit-il bien de la fameuse console disparue, ou d’un fake ? Plusieurs éléments accréditent la thèse d’une authentique découverte. Comme l’ont relevé plusieurs amateurs d’histoire du jeu, son design est très proche du brevet déposé par Sony en Europe à l’époque, ainsi que de certains visuels diffusés dans la presse internationale au début des années 1990.

Et puis, il y a les partisans du doute légitime. La communauté des joueurs ne manque pas de talentueux faussaires, et l’art du poisson d’avril est profondément ancré dans la culture : en 1995, plusieurs médias spécialisés s’étaient concertés pour annoncer une fausse console, l’Enterprise de Sharp, obligeant le constructeur japonais à un démenti. Certains éléments, comme le jaunissement étrange de la façade ou le nombre de broches des ports manettes, appellent à la prudence.

« Ce qui est sûr, c’est que la console existe »

Aujourd’hui, le marché des collectionneurs est tel que concevoir son propre faux peut être financièrement intéressant et techniquement accessible. « Il est tout à fait possible, en ayant les moyens et une imprimante 3D professionnelle ainsi que des outils de façonnage, de réaliser son prototype maison, explique Vadu Amka, une artiste belge spécialiste dans la fabrication de boîtiers de consoles. Et là, je parle d'une simple coque vide.  »

« Il ne s’agit pas d’un faux, elle n’a pas été fabriquée par un Russe », assure maladroitement Dan Diebold dans une vidéo. Mais la machine exposée par Dan Diebold ne s’allume pas, faute de bloc d’alimentation, et celui-ci préfère « éviter de prendre des risques » en cherchant à l’allumer à tout prix. « Ce qui est sûr, nuance Vadu Amka, c'est que la console existe. Qu'elle soit réellement de chez Sony ou faite maison. Donc le terme fake n'est pas approprié. »

Plusieurs générations de prototypes

Et puis, il reste l’autre question. A supposer que le prototype fonctionne bel et bien et ne soit pas un simple moulage 3D réussi, s’agit-il bien d’une Nintendo Play Station, le prototype coproduit par Nintendo et Sony, comme le prétend Dan Diebold ?

Plusieurs éléments historiques clochent. Comme la graphie PlayStation en un seul mot, née de la brouille entre Nintendo et Sony et de l’impossibilité de réutiliser Play Station en deux mots. L’absence du nom de la société de Mario sur le boîtier est également étonnante pour une console conçue en partenariat.

Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner

De même, la cartouche accompagnant le prototype est datée de juin 1992, soit plusieurs mois après l’abandon en juin 1991 d’un périphérique commun aux deux entreprises. Enfin, la console correspond visuellement à un brevet déposé par Sony en Europe, certes, mais en février 1992, après la rupture de son contrat avec Nintendo.

La PlayStation, console 32 bits, a failli être un lecteur de CD pour Super Nintendo. Mais le projet a été avorté en 1992, et aucun prototype officiel n'est connu.

Enfin, l’usage de manettes Super Nintendo ne prouve pas forcément grand-chose : il est fréquent que des consoles en cours de développement utilisent, faute de contrôleurs définitifs, des manettes déjà disponibles dans le commerce. Durant la conception de la Nintendo 64, c’est avec des manettes Sega Saturn que les prototypes fonctionnaient. En somme, s’il est authentifié, il pourrait s’agir d’un prototype de fin 1991 ou début 1992, et donc postérieur à la fameuse collaboration entre les deux géants japonais. 

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.