Avec Hollande, "l'esprit de Résistance" entre au Panthéon

Le chef de l'État préside mercredi la panthéonisation de quatre résistants : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay.

Source AFP

Le président honorera ces quatre figures mercredi, à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance, décrétée en 2013.
Le président honorera ces quatre figures mercredi, à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance, décrétée en 2013. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Deux femmes et deux hommes : François Hollande préside l'entrée au Panthéon de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, l'occasion de célébrer "l'esprit de Résistance". Le chef de l'État honorera ces quatre figures mercredi, à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance, décrétée en 2013. Il en profitera probablement pour appeler à l'unité et exalter l'esprit de Résistance, quatre mois après les attentats de Paris.

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À l'exception de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, tous les prédécesseurs de François Hollande de la Ve République ont usé de cette prérogative présidentielle : choisir et accompagner de grandes figures républicaines sous la coupole de la rue Soufflot (5e arrondissement de Paris). Si le discours tonitruant d'André Malraux ("Entre ici, Jean Moulin...") en 1964 fait encore figure de référence, c'est François Mitterrand qui a le plus "panthéonisé" après avoir - déjà - fêté sa victoire de 1981 sous la coupole de cette monumentale église du Quartier latin à peine achevée quand éclata la Révolution, plusieurs fois rendue au culte mais définitivement investie par la République avec le transfert de Victor Hugo en 1885.

Parité symbolique

Après Nicolas Sarkozy, qui a célébré la mémoire d'Aimé Césaire en 2011 mais n'a pu obtenir d'y honorer Albert Camus, François Hollande a innové en respectant une parité symbolique : deux hommes et surtout deux femmes, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion qui - bien que leurs dépouilles resteront dans leurs cimetières d'origine - rejoindront Marie Curie, l'unique femme jusqu'ici admise dans la crypte très masculine du Panthéon avec l'épouse du scientifique Marcellin Berthelot.

La nièce du général de Gaulle (1920-2002), qui dirigea ensuite le mouvement ATD Quart-Monde, et l'ethnologue spécialiste de l'Algérie ont partagé l'épreuve de la déportation dans le camp de Ravensbrück (Allemagne). Elles furent auparavant des pionnières du réseau de Résistance du musée de l'Homme. Germaine Tillon, "c'est l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les cultures, entre les peuples", avait déclaré le chef de l'État en annonçant son choix, le 21 février, au Mont-Valérien.

Loi contre l'exclusion

Geneviève de Gaulle-Anthonioz, "c'est la fraternité". Celle "qui consacra toute sa vie pour aller vers les plus pauvres, les oubliés, les exclus, les relégués", selon François Hollande, qui rappela la loi contre l'exclusion adoptée "à son appel" par le gouvernement Jospin en 1997. Journaliste du Front populaire, grand résistant à Londres et en France occupée, Pierre Brossolette (1903-1944), qui se suicida après deux jours de torture, "c'est la liberté". François Hollande fut donc sensible à l'action du comité de soutien présidé par l'historienne Mona Ozouf pour son transfert au Panthéon, contesté par d'autres voix tant l'inimitié entre Brossolette et Jean Moulin était notoire.

Enfin, Jean Zay (1904-1944), pour le président, "c'est la laïcité", "c'est la République". Ce militant laïque, ministre réformateur de l'Éducation nationale du Front populaire, fut un des initiateurs de la démocratisation de l'enseignement et de la culture. Protestant de père juif mais cible de choix de l'antisémitisme, il fut arrêté et condamné pour "désertion" par le régime de Vichy, emprisonné puis assassiné par la milice en 1944.

Exposition

Cent quarante-quatre personnes composeront le cortège, dont des membres des familles des quatre "panthéonisés", des figures de la Résistance, des membres d'ATD Quart-Monde, de la Ligue de l'enseignement et de la Ligue des droits de l'homme mais aussi de nombreux jeunes, dont certains scolarisés dans des lycées Jean-Zay et Pierre-Brossolette de région parisienne. Le cortège empruntera le parcours de la Libération de Paris, à commencer par l'avenue du Général-Leclerc.

De nombreuses manifestations accompagneront ce transfert au Panthéon, à commencer par une cérémonie d'hommage suivie d'une veillée républicaine des cercueils mardi à la Sorbonne. Une exposition, Quatre vies en résistance, est par ailleurs organisée au Panthéon jusqu'en janvier 2016. Cette séquence s'inscrit également dans le cadre du rapport remis en 2013 à François Hollande par Philippe Belaval, président du Centre des monuments nationaux, "pour faire entrer le peuple au Panthéon" et rendre plus attractif ce monument républicain, visité majoritairement par des étrangers.

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Commentaires (38)

  • geographe86

    D'extrême-droite bavent sur Jean Zay quoi de plus normal ? C'est leur habitude…

    C'est surtout plus facile en ne replaçant pas son texte (poème écrit à 19 ans et destiné à ne jamais être publié) dans un contexte de "pacifisme" suite à la boucherie de la Grande Guerre.
    Ces jeteurs de crachats peuvent-ils expliquer alors pourquoi il fut exécuté par leurs amis de la Milice ?

    Quand on pense qu'actuellement ces mêmes personnes de la droite la plus extrême récupèrent les idées de de Gaulle ……… 

  • Forban78

    Comme on savait les faire autrefois, du temps de la révolution ! Les Vierges devant en tunique blanche et le chœur derrière qui agite les palmes... Ce cérémonial ridicule et sans âme va parfaitement à Hollande qui aura l'air terriblement attristé et faussement concentré derrière deux cercueils vides !

  • Nostradamus13

    Cela devient préoccupant, Hollande est devenu un président de la IVe, toutes les occasions sont bonnes pour commémorer, se souvenir, bref l'année 2014 et surtout 2015 aura été un bon cru pour lui, de se faire voir sur le PAF...
    Et pendant que Hollande regarde dans le rétroviseur, pour ne pas voir le présent et encore moins l'avenir, quoi de neuf Docteur au chevet de la France ?... Ben pas grand chose, la gouvernance est laissée à Valls, donc nous avons droit aux mêmes petites colères quand l'opposition lui rendre dans le lard, mais pour le reste comme d'habitude, de la parlotte, de la sémantique et pas de résultats !
    Ce gouvernement est trop prévisible à force d'employer les mêmes clichés, faire appel aux mêmes valeurs, la France est partie pour dormir pendant encore deux ans, pendant que l'autre bat la campagne et vante son bilan, quand 76 % des Français en ont marre du personnage !... Elle est pas belle la vie !...