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Les fractures de Ferguson

La décision du grand jury de ne pas poursuivre le policier responsable de la mort de Michael Brown ne pourra qu'accentuer la fracture raciale dans une ville en pleine transition démographique.

Publié le 25 novembre 2014 à 04h11, modifié le 25 novembre 2014 à 18h49 Temps de Lecture 2 min.

Une jeune femme à proximité du siège de la police de Ferguson, lundi soir.

La décision prise par le grand jury de ne pas traduire en justice le policier Darren Wilson, l'auteur des coups de feu qui avaient tué Michael Brown le 9 août à Ferguson, dans la banlieue de Saint-Louis (Missouri), était attendue. Mi-octobre, des « fuites » parues dans la presse américaine avaient évoqué l'absence d'éléments probants pour poursuivre le policier qui affirmait avoir agi en état de légitime défense. Auparavant, le mouvement issu de ce drame avait demandé sans l'obtenir le dessaisissement du procureur du comté, Robert McCulloch, qui avait déjà rendu des décisions jugées trop favorables aux policiers.

Marquées par des déploiements de forces de police disproportionnés mais peu efficaces en termes de maintien de l'ordre, les manifestations provoquées par la mort de Michael Brown avaient mis en évidence une fracture raciale dans une ville en pleine transition démographique, où les Noirs sont désormais majoritaires, alors que les institutions municipales, le conseil comme la police, sont restées dominées par les Blancs. Cette fracture ne pourra que s'agrandir avec la décision du grand jury, d'autant que les réponses apportées jusqu'à présent au niveau de la ville n'ont pas convaincu.

Une commission critiquée

L'initiative prise par un ancien maire, plutôt défavorable à la mobilisation, d'installer des panneaux « I love Ferguson » aux devantures des magasins comme sur les pelouses des maisons a matérialisé la coupure de Ferguson entre pro et anti-mouvement de protestation. Le conseil consultatif, dont le conseil municipal a annoncé la création le 8 septembre, a laissé sceptiques ceux qui campaient devant le poste de police pour demander justice.

Au niveau de l'Etat, la création par le gouverneur démocrate Jay Nixon, le 18 octobre, d'une commission chargée de faire un état des lieux et de proposer des initiatives pour restaurer la confiance, a suscité également des interrogations sur sa représentativité. Composée de 16 membres (dont neuf Afro-Américains), elle ne compte dans ses rangs qu'un seul militant, Rasheen Aldridge, qui s'était surtout illustré en juillet dans un mouvement de grève touchant les fast-foods de l'agglomération de Saint-Louis. Selon des sources locales, une seule personne de cette commission résiderait en fait à Ferguson. Le numéro deux de l'Etat, le républicain Peter Kinder, a ouvertement exprimé ses doutes sur l'efficacité de cette initiative.

Défiance envers les démocrates

L'élection prévue en 2015 pour renouveler un siège de conseiller municipal permettra de mesurer si la mobilisation née au cours de l'été finira par produire des résultats politiques à l'échelle de la ville. À l'occasion des élections de mi-mandat, le 4 novembre, le candidat démocrate à la direction du comté de Saint-Louis, Steve Stenger, avait remporté une victoire étriquée dans ce qui est pourtant considéré comme un solide bastion pour son parti. Certains responsables de la communauté afro-américaine tenue traditionnellement pour acquise par les démocrates avaient critiqué ses liens avec le procureur Robert McCulloch. Des manifestants avaient perturbé la réunion publique organisée pour fêter son succès en reprenant le slogan né dans les rues de Ferguson : « Hands up, don't shoot ! ».

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