PORTRAITGérard Filoche, la grande gueule du Parti socialiste

Gérard Filoche, la grande gueule du Parti socialiste

PORTRAITRetour sur le parcours de cette figure de l’aile gauche du PS, qui risque d’être exclu du parti après ses propos polémiques sur le décès du patron de Total...
Gérard Filoche, le 27 septembre 2012 à Toulouse
Gérard Filoche, le 27 septembre 2012 à Toulouse - ERIC CABANIS / AFP
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

C’est l’un des membres du bureau national du parti socialiste, mais peut-être plus pour longtemps. Pour son tweet douteux sur le décès de Christophe de Margerie, le dirigeant de Total, Gérard Filoche risque d’être exclu des rangs du PS. 20 Minutes dresse le portrait du socialiste qui n’a pas la langue dans sa poche.

De l’extrême gauche à la gauche de la gauche

Son engagement politique, c’est à la gauche de la gauche que Gérard Filoche le mène. Issu d’un milieu modeste, son père était menuisier à la SNCF et sa mère aide-soignante, il s’engage dès ses années étudiantes au parti communiste, avant de cofonder la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), devenue NPA en 2009, le parti dont il siégera au bureau politique durant vingt-cinq ans. Fervent défenseur de la gauche unitaire, il prône dès les années 1970 un «gouvernement PS-PC», avant de rejoindre les rangs du parti socialiste en 1994, où il milite très tôt pour la mise en place des 35 heures sans perte de salaire.

Une «grande gueule»

Si les chats ont neuf vies, Gérard Filoche en a encore plus. Tour à tour moniteur de colonie, coursier, conducteur de train, manutentionnaire, chauffeur-livreur, facteur, maître-auxiliaire, enseignant de philosophie, ouvrier du livre ou journaliste, c’est finalement au sein de l’administration qu’il fait l’essentiel de sa carrière, en tant que contrôleur puis inspecteur du travail, où son côté «grande gueule» a marqué quelques employeurs auxquels il a eu affaire.

Mais cette année, c’est son parti d’adoption qui fait les frais de sa verve. Interrogé en avril sur la mise en examen de Jérôme Cahuzac après son passage aux aveux, il avait vivement critiqué l’ex-ministre du Budget. «C’est la misère dans le pays, il y a cinq millions de chômeurs, dix millions de personnes qui sont pauvres, qui ont moins de 900 euros par mois, et dont on ne parle pas. Et on a un chef du Budget qui fraude lui-même!» s’était-il insurgé sur un plateau télé, au bord des larmes.

Lui qui plaidait depuis longtemps pour une union de toute la gauche, Gérard Filoche ne s’est pas non plus privé ces derniers mois pour flinguer la politique sociale du gouvernement, se demandant publiquement si l’exécutif menait vraiment une politique digne d’un gouvernement de gauche.

La sortie de trop?

On aurait pu croire que depuis, Gérard Filoche aurait appris à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ou de twitter, mais il n’en est rien. Sitôt l’annonce du décès de Christophe de Margerie tombée, le socialiste a publié un tweet d’un goût douteux.

Sans doute la sortie de trop. «Ceux qui ont des mots qu'on ne peut pas prononcer face à un mort, ne méritent pas d'être dans une grande formation politique qui est la mienne», a déclaré mardi Manuel Valls à l’Assemblée nationale, sous les applaudissements de nombreux députés qui réclament la tête de Filoche. Il sera convoqué par la Haute autorité du PS, chargée des questions d'éthique. S’il était exclu, Gérard Filoche pourrait toujours rejoindre un parti où son bagou sera apprécié: Jean-Luc Mélenchon lui propose déjà «l'asile politique».

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