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Roms : l'État face au casse-tête du relogement

Les familles roms ont été expulsées mardi du camp des Coquetiers à Bobigny (93). Julien JAULIN/reservoirphoto.com

À Montpellier et à Bobigny, les préfectures doivent trouver des solutions dans l'urgence.

C'est un problème récurrent en préfecture… Comment reloger les Roms expulsés de leurs campements illégaux? À Montpellier, les Roms, dont le bidonville a été détruit par les inondations de début octobre, ont d'abord été hébergés d'urgence par la Ville avant de se retrouver à la rue. Les 17 et 22 octobre, le tribunal administratif a ordonné au préfet de reloger une vingtaine de personnes. Depuis mercredi, ces ménages sont donc logés dans des hôtels de Montpellier, au frais de l'État «sans limite de temps», précise-t-on en préfecture.

Toujours cette semaine, mais cette fois à Bobigny (Seine-Saint-Denis), ce n'est pas le débordement d'un cours d'eau, mais un arrêté municipal qui a réglé le sort du campement dit des «coquetiers». Ce dernier, l'un des plus anciens du département, accueillait entre 200 et 300 habitants, dont de nombreux enfants scolarisés. Il a été évacué mardi sur décision du maire de la ville, Stéphane De Paoli (UDI), lequel invoquait l'insalubrité des lieux.

Selon la préfecture, 24 ménages ont bénéficié d'offres de logement dans des foyers Adoma, situés hors de l'Ile-de-France. Six autres, disposant de revenus stables, pourront bénéficier d'un logement social dans le département. Et neuf ménages, en situation de précarité, ont été pris en charge à l'hôtel. Issues de ce campement évacué, 59 personnes ont par ailleurs été accueillies dans un gymnase par la Ville de Paris. Jeudi, le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, avait évoqué l'«extrême difficulté à trouver des solutions adaptées aux besoins de ces populations migrantes» et écarté de nouveaux accueils en raison de la situation «extrêmement tendue» dans le département, avec «84.000 demandes de logement social en attente» et «11.000 personnes» dormant chaque nuit «dans des chambres d'hôtel réquisitionnées par l'État»… Des «réponses individuelles» seront finalement proposées aux Roms s'inscrivant «dans un parcours durable d'insertion».

«On fait de notre mieux»

Le casse-tête auquel se trouvent aujourd'hui confrontées les préfectures d'Ile-de-France et de l'Hérault n'est pas nouveau. Et à chaque fois les pouvoirs publics se renvoient la balle en termes de responsabilité. «On fait de notre mieux, confie un préfet marqué à gauche sous le couvert de l'anonymat. Mais, franchement, une part de ces populations n'est pas adaptée à la vie en société telle que nous la connaissons. Je me souviens, lors d'une de mes précédentes affectations, d'anciens logements publics que nous avions réquisitionnés pour y loger provisoirement des familles… C'est difficilement avouable, mais il faut voir l'état dans lequel nous les avons récupérés.» À cette remarque, les associations bondissent: «Nous sommes tous différents, et n'avons pas la même manière de vivre, défend Gilberte Renard, représentante de Classe, un collectif lyonnais d'aide à l'insertion scolaire. Certaines personnes n'ont jamais connu autre chose que des cabanes de fortune. Il faut le prendre en compte et l'avoir à l'esprit.»

À Lyon, la préfecture de région a entamé voilà trois ans un programme d'insertion de ces populations. Baptisé Andatu («pour toi» en langue romani), il prendra fin au terme de l'année 2015. 400 personnes ont été - ou sont en cours - d'accompagnement par l'association Forum Réfugiés, mandatée par la préfecture afin d'aider ces personnes. Les principes: faire accéder les enfants à l'école ; donner un apprentissage de la lecture et du français aux adultes hommes et femmes ; et les aider dans la quête d'un emploi tout en les faisant bénéficier d'un logement social, le tout pour un coût évalué à 10 euros par jour et par personne par la collectivité. Au 31 août, sur les 188 adultes suivis, 36 % avaient eu au moins une fois accès à l'emploi. «Sept sont actuellement en CDI», précise Forum Réfugiés, dont le directeur convient toutefois que cette expérience pilote ne serait pas reproductible en l'état, du fait de l'adoucissement, depuis le 1er janvier, de la législation à l'égard de la libre circulation des personnes de nationalité roumaine et bulgare. Environ 20.000 Roms vivraient à ce jour en France.

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