Quinze mois après l'accident du train Intercités qui a coûté la vie à sept personnes en gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne), le 12 juillet 2013, un nouveau rapport d'experts estime que la catastrophe résulte, avant tout, d'un dysfonctionnement organisationnel, ont indiqué, samedi 25 octobre, des sources proches du dossier, confirmant une information de la lettre spécialisée Mobilettre.
Un cabinet a remis vendredi ce rapport au CHSCT – le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail – de l'établissement d'infrastructure dont dépend la gare de la banlieue parisienne. Le rapport souligne :
« [L'accident] a brutalement concrétisé des insuffisances en matière de prévention des risques qui résultaient de dérives et de désordres plus anciens dans l'organisation du travail, dans ses modes d'encadrement, de pilotage autant que dans les moyens mis en œuvre (...). Ces dérives et ses désordres se sont amplifiés dans le temps sans que des mesures correctives à la hauteur des enjeux aient été prises. »
« BANALISATION DU TRAVAIL DANS L'URGENCE »
Le rapport montre du doigt, entre autres, une « banalisation du travail dans l'urgence », qui résulte du « retard de maintenance » d'un réseau vieillissant, et de la « réduction de l'effectif compétent », les personnes recrutées ayant besoin d'être formées.
« A Brétigny comme ailleurs, la décennie des années 2000 a vu sur le terrain s'opérer de nombreuses fusions et réorganisations qui se sont accompagnées de drastiques réductions de moyens, matériels et humains », est-il encore écrit, avec, sur ce secteur, une situation aggravée par « des circulations importantes ».
Les experts recommandent de « refonder l'organisation de la maintenance sur des bases fiables », afin de « rompre avec la culture de l'urgence », mais aussi de « remédier au sous-effectif chronique et au déficit de compétences », et « favoriser la mise en place d'une organisation tournée vers la sécurité ».
RÉDUIRE LE TRAVAIL DE NUIT
D'autres recommandations sont émises, comme réduire la pénibilité, et notamment le travail de nuit. Selon les experts, limiter la fréquence des trains sur certaines plages horaires pourrait permettre d'effectuer de jour certaines opérations de contrôle sur les voies.
Certaines pièces de la voie devraient être remplacées avant d'atteindre l'âge de 25 ans, les tournées visuelles de surveillance devraient être renforcées, et les tournées mécanisées, mieux utilisées, préconisent-ils encore. Ce rapport, qui n'est pas un document judiciaire, sera présenté aux membres du CHSCT le 12 novembre.
Contactés par l'AFP, Réseau ferré de France et la SNCF ont confirmé l'existence de ce rapport, mais n'ont pas souhaité le commenter. Début juillet, un rapport d'experts judiciaires avait sévèrement mis en cause les règles de maintenance, et relevé « de très nombreuses lacunes » dans le suivi et la traçabilité des opérations sur ce site.
RFF et la SNCF ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires dans l'enquête ouverte à Evry sur cette catastrophe ferroviaire.
110
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu