TERRORISMELéa, une ancienne djihadiste incitée à perpétrer un attentat en France, témoigne

Léa, une ancienne djihadiste incitée à perpétrer un attentat en France, témoigne

TERRORISMEDans le «Nouvel Obs» à paraître ce jeudi, Léa revient sur son parcours d'apprentie terroriste...
Une adolescente devant son ordinateur. Illustration.
Une adolescente devant son ordinateur. Illustration.  -  VALINCO/SIPA
Delphine Bancaud

D.B.

Rien ne la prédestinait à devenir terroriste et pourtant... Dans le Nouvel Obs à paraître jeudi, Léa*, 15 ans, revient sur son parcours.

Studieuse, elle est élevée dans une famille favorisée et athée. Un parcours sans heurt jusqu'à ce que l'adolescente ne fasse de mauvaises rencontres sur Internet. Tout commence par un message que Léa poste sur sa page Facebook un soir de déprime, expliquant qu'elle souhaiterait se faire pardonner ses bêtises. Aussitôt, plusieurs personnes la contactent et lui parlent très vite de la Syrie. Elles lui proposent même de devenir infirmière là-bas, le moyen idéal pour se «faire pardonner», selon elles.

Embrigadée en deux mois

Commence ensuite un lavage de cerveau avec des «vidéos sur les enfants gazés par Bachar [al-Assad], sur les mensonges des politiques, sur l'islamophobie... […]», raconte Léa. L'adolescente ne doit plus obéir à ses parents, selon ses «nouveaux amis». La propagande fonctionne puisque l'adolescente s'isole peu à peu. Et lorsqu'elle prend un pseudo musulman sur Facebook, de plus en plus de personnes la contactent «de France, de Belgique, de Syrie». Des intégristes l'encouragent à partir en Syrie «pour accomplir une mission». Elle devra d'abord passer par la Turquie et se marier là-bas.

La jeune fille est prête, mais ses parents devancent ses projets et découvrent ses sombres projets en fouillant dans son ordinateur. Un juge des enfants la place sous mesure éducative, assortie d'une interdiction de quitter le territoire. Ses échanges sur les réseaux sociaux avec les islamistes ne s'arrêtent pas pour autant. Ces derniers lui demandent désormais de s'attaquer à la France et de commettre un attentat antisémite, en lui montrant des enfants palestiniens morts. «J'avais trouvé le lieu, le moyen de me procurer des armes», explique Léa. Mais elle est finalement arrêtée par les policiers de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI, ex-DCRI), qui la surveillaient. L'adolescente est ramenée à la raison grâce à ses séances du Centre de Prévention contre les Dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI).

Les remords et les regrets

Désormais Léa affiche ses remords: «J'ai du mal à assumer que je me suis fait avoir […] Je m'en veux beaucoup pour ça, d'avoir pu moi aussi entraîner d'autres filles sans le faire exprès, même des plus petites que moi... Je voulais tellement partir, on enviait toutes celles qui y arrivaient. Maintenant, certaines vont mourir là-bas, en Syrie ou en Irak, et peut-être à cause de moi...», regrette-t-elle.

* Le prénom a été modifié.

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