Marginaux : le ras-le-bol des riverains
La place Imbert, à Cahors, récent théâtre d'une rixe au couteau puis d'une intervention policière au-devant des marginaux, est au cœur de l'actualité… et d'une vague de colère.
La goutte qui a fait déborder le vase et la colère de Jean Gaillard, gérant du restaurant Carré Noir, place Émilien-Imbert à Cahors, prend sa source au cœur d'un long combat. Il mène cette lutte depuis trois ans pour réclamer civisme et sécurité sur ce secteur de la ville où le supermarché Casino a également pignon sur rue.
«Le lundi 15 décembre, à 18 h 30, il a fallu l'intervention de la police pour accéder à la porte d'entrée du restaurant», déplore-t-il. Le groupe de marginaux, à l'origine du ras-le-bol de Jean Gaillard, mais également du malaise et des craintes des habitants de la résidence Fénelon, a conduit le restaurateur à adresser une lettre de protestation à la mairie.
«Nous protestons contre l'acceptation de ce confinement derrière le théâtre et le laisser-aller général de l'urbanisme de cette place. La solution passe par des aménagements urbains. On a l'impression que ce lieu est abandonné aux SDF», estime-t-il. «Ce vivier abrite aussi des trafiquants de drogue et des personnes malades. Ce n'est pas logique de laisser des personnes affectées par une maladie dans la rue.
Il faut les soigner. On aperçoit aussi de plus en plus de mineurs parmi ces groupes», poursuit Jean Gaillard.
Une caméra souhaitée
Son discours veut être constructif : «Pour intégrer les marginaux dans la société, il faut les aider à voir et à vivre autre chose que l'alcool et la bagarre. Il faut empêcher les regroupements et la consommation d'alcool dans la rue», suggère-t-il. La répression n'a pas eu d'effet jusqu'à présent. «Je pense que l'installation d'une caméra ne serait pas superflue», propose Jean Gaillard qui se dit «optimiste sur l'action des élus locaux dans ce domaine».
Pierre Batty, président du conseil syndical de la résidence Fénelon, exprime à son tour sa colère : «Notre résidence est occupée en majorité par des personnes âgées. La dernière rixe au couteau qui s'est produite au bas de nos escaliers ne peut qu'aggraver l'inquiétude des résidents.» Il en a fait part à la mairie et attend bien plus qu'une réponse écrite.
«Il faudrait juste un local pour nous et nos chiens»
Des actes forts sont souhaités par les habitants de la résidence Fénelon, les commerçants et les marginaux eux-mêmes qu'il ne faut pas écarter du débat puisqu'ils sont en première ligne comme ceux qui s'en plaignent. Marek le Polonais regrette «qu'aucune solution adaptée ne soit trouvée. On nous renvoie toujours au bord du Lot dès que nous sommes trop nombreux sur cette place», déclare-t-il. «Nous ne sommes pas des déchets tout de même», ajoute un autre homme. Donas, qui se définit comme «un ancien SDF», calme le jeu. «Je me souviens de l'Indien (Jean-Claude Van Thuong, décédé en 2013). Il était très utile pour notre communauté. Il nous aidait. Je viens du Havre. Là-bas, la ville a trouvé des solutions et s'occupe des SDF dans un endroit bien à eux», explique-t-il. Cyril, quant à lui, vit dans la rue et réfute toute forme d'agressivité : «Nous ne sommes pas agressifs avec les gens. Parfois le ton monte entre nous, mais pas contre les passants. Moi je ne demande qu'un logement. J'ai le RSA (Revenu de solidarité active). En attendant de trouver un toit, il faudrait juste un local pour nous et nos chiens», demande-t-il. Les marginaux ne veulent pas être un problème à Cahors.
Mais le problème, c'est qu'aucune solution ne se dégage pour eux, les résidents et les commerçants.
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