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La justice russe enquĂŞte sur la lĂ©galitĂ© de l’indĂ©pendance des pays baltes

Voisines de la Russie et anciennes républiques soviétiques, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie s’inquiètent de la politique agressive de Moscou en Ukraine.

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Publié le 01 juillet 2015 à 13h08, modifié le 01 juillet 2015 à 17h09

Temps de Lecture 3 min.

Moscou souffle le chaud et le froid avec ses voisins baltes. Le 25 mai, le prĂ©sident du Parlement russe, SergueĂŻ Narychkine, assurait dans un entretien Ă  la tĂ©lĂ©vision lettone vouloir des « relations normales avec les Etats baltes Â». PrĂ©cision importante, tant l’annexion de la CrimĂ©e par la Russie et sa politique agressive envers l’Ukraine ont inquiĂ©tĂ© son voisinage, M. Narychkine indiquait qu’il considĂ©rait les trois pays baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – comme « des pays indĂ©pendants et souverains Â».

Un mois plus tard, c’est un signal bien diffĂ©rent qui est envoyĂ© par Moscou. Mardi 30 juin, le parquet gĂ©nĂ©ral russe a indiquĂ© avoir ouvert une enquĂŞte visant Ă  vĂ©rifier la lĂ©galitĂ© de la dĂ©cision des autoritĂ©s soviĂ©tiques de reconnaĂ®tre, en 1991, l’indĂ©pendance des trois pays baltes qui faisaient auparavant partie de l’URSS.

Deux dĂ©putĂ©s du parti au pouvoir Russie unie avaient annoncĂ© mi-juin avoir adressĂ© une demande en ce sens au procureur gĂ©nĂ©ral de Russie, Iouri TchaĂŻka. Selon Evgueni Fiodorov et Anton Romanov, le Conseil d’Etat de l’URSS a reconnu, le 6 septembre 1991, l’indĂ©pendance proclamĂ©e par la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie un an auparavant, sans toutefois apporter Ă  la Constitution de l’Union soviĂ©tique les amendements nĂ©cessaires. Les deux Ă©lus font en outre valoir que ce Conseil d’Etat de l’URSS, formĂ© notamment par le prĂ©sident de l’Union soviĂ©tique et les prĂ©sidents de toutes les RĂ©publiques de l’Union, Ă©tait lui-mĂŞme un organe inconstitutionnel.

Le rattachement de la Crimée à l’Ukraine jugé illégal

L’affaire sonne d’autant moins comme une blague que ce mĂŞme parquet gĂ©nĂ©ral avait jugĂ© illĂ©gal, la semaine passĂ©e, le rattachement administratif de la CrimĂ©e Ă  l’Ukraine en 1954. Le parquet, qui estimait pour arriver Ă  cette conclusion qu’« en vertu de la Constitution de l’URSS, le Conseil suprĂŞme de l’Union soviĂ©tique n’avait pas le pouvoir de modifier le territoire des RĂ©publiques soviĂ©tiques Â», prĂ©cisait toutefois qu’il n’était pas en mesure de saisir la justice pour rĂ©clamer la validation juridique de cette constatation, car il se serait agi de « contester une loi de l’URSS Â», un pays qui n’existe plus.

L’annonce du parquet russe a d’ores et dĂ©jĂ  provoquĂ© des rĂ©actions courroucĂ©es de la Lituanie, qui l’a qualifiĂ©e de « provocation Â». « Notre indĂ©pendance a Ă©tĂ© obtenue par le sang et avec les sacrifices du peuple lituanien. Personne n’a le droit de la menacer Â», a soulignĂ© la prĂ©sidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, dans un communiquĂ©. Sur un ton plus lĂ©ger, le père de l’indĂ©pendance du pays, Vytautas Landsbergis, a estimĂ© que Vilnius disposait d’élĂ©ments questionnant la lĂ©galitĂ© de l’Etat russe. « Qu’est-ce que c’est que cet Etat qui a dĂ©trĂ´nĂ© son tsar et l’a tuĂ©, ainsi que ses enfants ? Â» a ironisĂ© M. Landsbergis.

Incidents frontaliers

Le chef de la diplomatie russe, SergueĂŻ Lavrov, a pour sa part indiquĂ© ne pas ĂŞtre au courant de cette nouvelle procĂ©dure. « Je n’ai pas entendu parler d’une telle demande, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  des journalistes Ă  Vienne. Je ne sais qu’une chose, c’est que nous avons des relations diplomatiques avec les pays baltes. Â»

Depuis plusieurs mois, et malgré de fréquents incidents frontaliers, Moscou semble soucieux de rassurer ses voisins baltes sur ses intentions. Il n’est pas à exclure que la démarche initiée par les députés Fiodorov et Romanov l’ait été sans validation du Kremlin. Même si elle est devenue, sous la présidence de Vladimir Poutine, une simple chambre d’enregistrement, la Douma est souvent utilisée pour présenter toutes sortes de propositions, reflétant souvent la ligne la plus dure du régime russe.

Mais l’initiative met surtout en Ă©vidence la vague rĂ©visionniste qui s’est abattue sur la Russie. En novembre 2014, Vladimir Poutine s’interrogeait Ă  haute voix sur « ce qu’on peut bien reprocher Â» au pacte Molotov-Ribbentrop, cet accord signĂ© en 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie et dont un protocole secret ouvrait la voie Ă  l’invasion par Staline d’une partie de l’Europe orientale, pays baltes y compris.

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