Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, Anders Breivik et les autres
TERRORISME - Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche d'un côté et Anders Brevik de l'autre, sont des hommes qui mettent en acte une pensée largement représentée parmi les européens de culture judéo-chrétienne d'une part et parmi les Musulmans d'autre part.
Les Musulmans de France sont sommés de condamner les jihadistes de l'Etat Islamique et certains de leurs représentants obtempèrent. Certains s'indignent, d'autres approuvent ces déclarations. En fait, de telles déclarations n'auront que peu de valeur, si à mots couverts, de nombreux Musulmans considèreront que l'Etat islamique et ses jihadistes barbares sont les instruments dociles d'une politique machiavélique, menée en réalité par les puissances occidentales et le Sionisme.
Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche d'un côté et Anders Brevik de l'autre, ne sont pas seulement des symptômes, comme on le dit souvent mais des hommes et des femmes qui mettent en acte une pensée qui est largement représentée parmi les européens de culture judéo-chrétienne d'une part et parmi les Musulmans d'autre part. Une majorité, peut-être, désapprouve et condamne ces crimes mais une partie bien plus importante qu'on ne le croit partage l'idéologie et les ressentiments qui sont à l'origine de tels passages à l'acte.
Une minorité même rêverait de commettre ces crimes. Il y a quelques années, des policiers d'une BAC de la région parisienne me disaient leur envie de passer aux lance-flammes les banlieues et leurs "délinquants". Au même moment, un habitant de ces mêmes banlieues m'expliquait comment l'Occident dominé par les juifs exterminait les populations arabes et à quel point il souhaiter une vengeance rapide et terrible.
Ces discours, je les ai entendus partout et souvent. Bien sûr, ils ne s'expriment pas dans le domaine public, et cela pour deux raisons: d'une part parce que la masse du peuple "de souche" ou musulman n'est pas représentée dans les media habité presque exclusivement par les "talking classes" dont parle Christopher Lasch et d'autre part parce que les sentiments de haine ne s'expriment que face à ceux qui les partagent, donc dans le cercle privé des amis, de la famille, des collègues ou des groupes d'appartenance. Oui, dans la France profonde, et dans les banlieues profondes, c'est là que s'exprime ce que beaucoup pensent: pour les uns, la peur de l'islamisation, le sentiment d'une perte d'identité ; pour les autres, la souffrance de l'humiliation sociale et la rage de la revanche.
En France, les électeurs du Front national ne représentent pas la totalité de ceux qui partagent les idées du Parti. Pour une raison bien simple: la peur du chaos empêche ces français-là de souhaiter que ce parti parvienne au pouvoir, ce qui signifierait pour eux le chaos à coup sûr: grèves gigantesques, manifestations, désordres dans les rues, guerre civile peut-être... Dans "le peuple de gauche" lui-même, d'autres voix s'expriment qui ne sont pas relayées par leurs représentants, conscients que de telles expressions apporterait une incohérence et une contradiction à leur combat politique.
Mohammed Merah a été en quelque sorte le porte-voix de populations qui se sentent marginalisées, écrasées par la toute-puissance fantasmée des puissants et des juifs «qui possèdent tout» . Andres Breivik lui est l'autre porte-voix de populations qui rejettent un multiculturalisme imposé et une immigration ne semblant pas vouloir respecter les normes et les valeurs des pays d'accueil. Ces colères qu'on n'entend pas finissent par engendrer des monstres ici et là. Ces deux hommes, si loin l'un de l'autre qu'ils paraissent, lancent tous deux à nos sociétés un défi: resterons-nous aveugles et sourds à la réalité de ces antagonismes qui annoncent des lendemains encore plus difficiles?
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Les complices de Richard Reid - Le 12 juin 2002, un Pakistanais et deux Français sont arrêtés puis mis en examen pour l'aide apportée en France à Richard Reid, Britannique qui avait tenté de faire sauter fin 2001 un avion Paris-Miami avec des chaussures piégées. Ils sont condamnés à 3 à 5 ans d'emprisonnement le 16 juin 2005.